Entretien avec Florent Chavouet

Entretien avec Florent Chavouet

L’auteur de romans graphiques Florent Chavouet a réalisé la belle affiche de Au-revoir l’été de Koji Fukada (en salles ce mercredi 17 décembre). Après les formidables Tokyo Sanpo et Manabe Shima, le nouvel ouvrage de Chavouet, Petites Coupures à Shioguni, vient de sortir. Il nous parle entre autres de ce dernier livre et de son rapport au cinéma.

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Comment avez-vous été contacté pour réaliser l'affiche de Au revoir l'été ?

Très simplement. Le responsable du distributeur français (Survivance) m'a écrit un courriel me proposant de réaliser l'affiche d'un film japonais dont le décor et certains aspects lui rappelaient mes livres.

Les affiches dessinées sont devenues assez rares de nos jours. Aviez-vous des modèles d'affiches en tête pour réaliser celle de Au revoir l'été ?

Pas du tout. Comme lorsque je conçois un livre, j'essaie de ne pas trop m'envahir de références de peur d'être trop envahi par les influences.

Étiez-vous familier du cinéma de Koji Fukada ? Ou, à défaut, du cinéma japonais, contemporain ou en général ?

Non, je dois avouer que je ne le connaissais pas du tout. En ce qui concerne le cinéma japonais en général, je n'ai pas des goûts très nouveaux ni inédits. Kurosawa, Ozu, Oshima et Imamura évidemment. En sortant du lycée j'ai découvert Sabu (Postman Blues) et Nakano (Samurai Fiction), mais je ne sais pas vraiment ce qu'ils font maintenant. Plus récemment pour les besoins de ma dernière BD, je me suis replongé dans les films de Seijun Suzuki.

Il y a dans Manabé Shima un côté "maison de poupées" avec des dessins d'habitations vues dans leur ensemble, sans en dessiner le 4e mur. Il y a aussi beaucoup de personnages dessinés de face, comme s'ils s'adressent directement au lecteur, et comme si vous les regardiez droit dans les yeux. Vous sentez-vous proche d'un réalisateur comme Wes Anderson dont le langage filmique est parfois voisin ? Ou d'autres cinéastes qui influenceraient vos BD ?

La différence c'est que chez Wes Anderson tout est fiction alors que je tente de rapporter un échange entre des personnes réelles (certes devenues des personnages) et moi-même (certes devenu lecteur). Je fais un peu du reportage ou du témoignage où j'alterne entre mon rôle de "réalisateur" et "d'acteur". Parfois je dessine mon personnage, parfois je suis absent.

Trouveriez-vous un intérêt à ce qu'une de vos bandes dessinées soit adaptée au cinéma ? Vous a-t-on déjà fait des propositions dans ce sens ?

Non jamais. Dommage parce que ça me ferait plein d'argent je pense. Mais quitte à choisir, je préférerais ne pas faire d'adaptation et imaginer et réaliser un film dans son ensemble. Une histoire de film pour un film.

Comment présenteriez-vous votre nouvelle bande dessinée, Petites Coupures à Shioguni, qui vient de paraître chez Philippe Picquier ?

Justement cette fois-ci j'ai voulu quitter le "reportage" pour basculer dans la fiction, raconter une histoire de toute pièce, inventer les personnages, le décor, les situations, tout en restant plausible et contemporain. J'avais envie de jouer sur différents niveaux de narration, l'enquête, le témoignage et le récit linéaire. Je voulais dessiner la nuit aussi. Les yakuzas, les policiers et les embrouilles sont venus après.

Entretien réalisé le 1er décembre 2014.

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par Nicolas Bardot

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