Vincent Gallo

Vincent Gallo
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Réalisateur, Scénario, Acteur, Photo, Musique
États-Unis

Nom: Gallo. Prénom: Vincent. Anniversaire: 11 avril 1962. Berceau natal: Buffalo. Père shérif. Mère coiffeuse. Professions: acteur, réalisateur, monteur, producteur, chanteur, compositeur, guitariste, mannequin, peintre, photographe (liste non exhaustive). Titres de gloire: un premier film encensé par la presse, un second en compétition à Cannes. Signe distinctif: une tendance naturelle à vomir sur ses congénères.

BIGMOUTH STRIKES AGAIN

Mégalo. Schizo. Parano. Usées jusqu’à la corde, les mêmes rimes reviennent au galop. De confessions vénéneuses en contre-attaques cinglantes, Vincent Gallo fait claquer sa langue de vipère si tôt qu’on lui tend l’oreille. En toute saison, l’homme vous habille et vous décoiffe pour l’hiver. Fervent républicain, anti-Français, anti-avion, anti-Italien (les vrais viennent de Buffalo), anti-tabac, anti-Tim Roth, anti-anti… Les brebis galeuses changent au gré du vent. "Je fais très attention, j’essaie de ne jamais insulter les gens de la même façon." (Switch, juillet 1999). Vincent Gallo mitraille tout ce qui bouge, à commencer par ses actrices - flattées un jour, bannies pour toujours: Christina Ricci accusée d’obésité pendant le tournage de Buffalo ’66, Chloë Sévigny conspuée à l’époque de sa liaison avec le falot Harmony Korine (lui aussi conspué). Enfantillages? Mythomanie aiguë? La parole glisse, le doute persiste. Gallo le psychotique aux formules acides n’est pas à une contradiction près. S’il n’avait pas signé un premier film d’une alchimie exquise, un album chez Warp d’une délicate sérénité, si Claire Denis ne s’était pas entiché de lui, Gallo aurait mérité son abonnement à Concierge anonyme… Mais il suffit de dérouler patiemment la liste de ses activités passées, présentes et à venir pour jauger les qualités de l’homme-orchestre.

LA BALLADE DE BILLY

Vincent Gallo le sait mieux que quiconque et ne craint surtout pas les chevilles qui enflent: "Les meilleurs articles sur Vincent Gallo ont été écrits par Vincent Gallo, les meilleures performances d’acteur de Vincent Gallo ont été filmées […] par Vincent Gallo, même les meilleures photos de Vincent Gallo ont été prises par Vincent Gallo." (Soma, novembre 2001). Vincent Gallo n’est pas fou. La rumeur le susurre… A tort, puisque l’enquiquineur contrôle tout et ne cache pas souffrir de son extra-lucidité. Derrière chaque cadre, chaque travelling - chaque muffin - de Buffalo ‘66, se révèle un esprit alerte, maniaque et pointilleux. Baby-sitté par "Œil-de-lynx" et "Pense-à-tout", l’amour balbutiant entre Layla et Billy fait pourtant fondre les icebergs. La méthode est réputée rude; le regard est infiniment tendre, infiniment concentré. Ben Gazarra s’improvise crooner sur les notes de Fools Rush In, Christina Ricci s’exerce aux claquettes sur le Moonchild de King Crimson, Vincent Gallo s’avance à pas de velours dans un night-club... Le loup et son petit chaperon blanc, kidnappeur et kidnappé, sillonnent une Amérique éteinte et désolée. Les portés disparus de la toile font même un crochet par Buffalo: Mickey Rourke, Jan Michael Vincent et Rosanna Arquette en amour de CM1.

CŒUR DE LOUP

Le Billy Brown de Buffalo ‘66 a des faux airs de Vincent Gallo. Mais si l’intéressé avoue des allers-retours chez le psy, il interrompt toute étude comparative. Plutôt que de concéder la dimension autobiographique, le cinéaste revendique les parcelles fictives… pour confier l’heure suivante que les parents vachards ressemblent aux siens, et que Billy n’est que l’un de ses nombreux doubles disciplinés. La filiation avec John Fante, l’immigré italien rêvant de strass à Hollywood, n’est pas fortuite. "Je suis venu à New York pour être une légende" (Village Voice, octobre 1996). Gallo le cinéphile possède quinze mille vidéos, Gallo le mélomane dix mille albums, Gallo le lecteur se satisfait lui des dix mêmes bouquins, dont ceux de Fante. Nourrie de la propre vie de l’écrivain, la famille Bandini éclaire un peu plus sur la famille Brown du cinéaste. Arturo Bandini, roi de l’insulte roborative, aime Camilla la serveuse aux sandales trouées, comme Billy Brown le caustique passe ses crises de nerf sur Layla. Obsédé sexuel patenté, en quête d’amitiés sincères, Vincent Gallo alimente la presse de ses désillusions sentimentales. Pas une interview sans que l’homme ne fulmine contre la malheureuse Bethany, félicite son merveilleux chien blanc ou croque avec ironie la vie dorée des fashionatas.

SYSTEME G

Gallo assure que sa vie miteuse d’Américain très moyen n’égale pas la puissance de l’œuvre. Et pourtant… Ses escapades méritent bien trois volumes brochés de cinq cent pages. Au statut d’artiste, il préfère celui de "hustler". C’est en "hustler" que l’adolescent fuit la prison familiale à seize ans, direction Muscle Beach, s’exile un été à Paris et à Rome, monte sur les planches et en redescend aussi sec, puis fonde le groupe Gray avec Jean-Michel Basquiat. En trente ans, plus d’une dizaine de formations verront le jour: The Blue Mood, Zephir, The Good, The Plastics, I’ll Wear You, More (durée de vie: une demi-heure), The Nonsexuals, Trouble Deuce (Gallo est crédité Prince Vince et coiffe Ice T à une freestyle battle), Bohack, et Bunny (avec Lukas Haas, le garçonnet de Witness). Vincent Gallo tente même une incursion hip-hop en s’offrant, dans les années 80, les attributs du parfait petit rapper: vison, gourmette et revolver. Il prend sous son aile les New York City Breakers, écope d’une balle dans la jambe lors d’un règlement de compte. Parallèlement à ses équipées sauvages, Vincent Gallo se fait un nom dans le milieu de l’art new-yorkais. Ses tableaux s’arrachent, mais la diva annonce à la foule atterrée sa retraite anticipée.

VINCENT, CLAIRE ET LES AUTRES

Qui est véritablement Vincent Gallo? Sans doute faut-il encore interroger ses complices de la scène rock (PJ Harvey, Johnny Ramone, John Frusciante), fureter du côté de la mode (une campagne Calvin Klein réalisée par Richard Avedon), parcourir ses hobbys, sa passion idolâtre pour Chris Squire, le bassiste de Yes, sa collection de vieux matériel hi-fi, son mariage de dix semaines, son lapin chéri, ses courses de moto… Ou livrer les clés de sa filmographie: une fidélité sans faille à Claire Denis, des prestations remarquées - en pasticheur chez Kusturica et en macchabée chez Ferrara… L’acteur se souvient d’un nez cassé à l’issue du tournage de Nos Funérailles et de séances intensives de yoga pour tenir immobile dans un cercueil. Alors que sa côte d’amour grimpe irrésistiblement, il tourne le dos à Reservoir Dogs, Boogie Nights et Volte-face. En dépit du succès et des retombées pécuniaires, Gallo n’ambitionne toujours pas de faire carrière. La dernière rupture a lieu à Cannes. Etripé par des canards à court de boucs émissaires, Brown Bunny, le deuxième long métrage que Gallo s'est empressé de présenter à la Croisette, brouille une nouvelle fois les cartes. Flagrant délit d'égotisme? Bud Clay n'a que de l'amour à offrir, là où toutes les plumes assassines prétendent cerner la prétention de Vincent Gallo.

par Danielle Chou

En savoir plus

Réalisateur:

2003 The Brown Bunny

1998 Buffalo ‘66

Acteur :

2003 Avenue A

2003 The Brown Bunny

2003 Inside Job

2002 Get Well Soon

2001 Trouble Every Day

1998 Buffalo ‘66

1997 La Dernière Cavale

1997 Les Amateurs

1996 Nos Funérailles

1996 Nénette et Boni

1995 Palookaville

1993 La Maison aux esprits

1992 Arizona Dream

1990 Les Affranchis

1984 The Way It Is

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