Rob Zombie

Rob Zombie
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Réalisateur, Scénario, Acteur, Musique
États-Unis

Leader charismatique d’un groupe mondialement réputé, Rob Zombie est désormais un réalisateur de films de genre avec qui il faudra compter. N’en déplaise à certaines âmes puritaines, cet artiste complet (musique, illustrations, cinéma) ne lâchera pas le mors et risque même de renverser la diligence. Retour sur l’ensemble de sa carrière et de son univers.

WHITE SPIRIT

Avant de devenir le roi des zombies, le père Rob fut d’abord un humain tout ce qu’il y a de plus normal. Né Robert Cummings le 12 janvier 1966 à Haverhill, Massachusetts, il déménage à New York en 1985 juste après avoir réussi ses études secondaires et y rencontre Sean Yseult, alias Shauna Reynolds, qui devient à la fois sa petite amie mais aussi membre fondateur et bassiste de leur groupe: White Zombie. Mais comme pour la plupart des formations musicales, le succès n’est pas immédiat et ils doivent évidemment gagner leur vie. Rob enchaîne donc les emplois divers et variés comme coursier, directeur artistique d’un magazine porno ou assistant de production pour la légendaire émission de télé pour enfants le Pee-Wee’s Show. Et pendant leur temps libre, le couple passe des heures devant la télé en s’envoyant quantité de films cultes comme Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) ou Faster, Pussycat! Kill! Kill! (Russ Meyer, 1965) - c’est d’ailleurs cette passion pour les films d’horreur classiques qui donnera à la musique du groupe son son et son apparence si particuliers - tout en menant White Zombie vers un succès underground. Leur premier disque Gods on Voodoo Moon sort en 1985 et le groupe joue son "heavy metal diabolique", mélange hybride entre hardcore et punk, dans de nombreux clubs new-yorkais afin de se faire remarquer. Mais avant d’arriver sur le devant de la scène hard rock internationale, le groupe passe par tout les aléas inhérents à ce métier. En 1986, avec un nouveau batteur et un nouveau guitariste, le groupe sort son second essai Pig Heaven. Puis, en 1987, après un contrat signé avec le label Silent Explosion, la formation sort son troisième single Psycho-Head Blowout avec encore un nouveau guitariste, Jay Noel Yuenger, alias J. En 1989 WhiteZombie signe sur un autre label, Caroline Records, qui lui permet de sortir un album Make Them Die Slowly, ainsi qu’un autre simple God Of Thunder.

HOW TO MAKE A MONSTER

1990. Le groupe signe chez la major Geffen Records, déménage à Los Angeles et Rob en profite pour changer son nom de scène. Rob Zombie est né. Profitant d’un contrat à large diffusion avec Geffen, White Zombie et leur fameux album La Sexorcisto: Devil Music Vol.1 se font connaître par un large public en 1992, arrivant à l’avant-plan de la scène hard rock et métal. Cette exécution musicale peu complexe avec des riffs simples et répétitifs sait pourtant se faire efficace et les "meilleurs" critiques de l’époque, que sont Beavis et Butt-Head, ne cessent de vanter les mérites du groupe. La tournée "La Sexorcisto Tour" dure deux ans et demi avec plus de 350 concerts, laisse les membres sur les rotules et voit évidemment les premières tensions naître au sein du groupe. Rob et Sean se séparent pendant la tournée et le batteur Ivan De Prume est jeté du groupe, remplacé par Phil Buerstatte. Leur second album chez Geffen, Astro-Creep: 2000 Songs of Love, Destruction and Other Synthetic Delusions of the Electric Head voit le jour en 1995. John Tempesta a rejoint la formation et désormais White Zombie a assez d’impact et de public pour pouvoir se lancer dans une tournée nationale. L’album reçoit un franc succès (triple disque de platine) et se retrouve dans différents tops 10 pendant deux mois. De plus le single More Human Than Human se retrouve primé d’une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie "best metal performance" en 1995 et du MTV Award du meilleur clip. Enfin le morceau Supercharger Heaven est choisi pour figurer sur la bande originale du film événement Judge Dredd (Danny Cannon, 1995). Le vent souffle alors phénoménalement sur le navire Zombie. Les concerts sold out s’enchaînent et les plus grand monstres du métal, comme Metallica ou Pantera, les invitent même à les accompagner pendant les festivals.

SUPERBEAST

Après ces tournées majeures, le groupe en profite pour sortir en 1996 l’album intitulé Supersexy Swingin’ Sounds, remixant Astro-Creep 2000, qui lui aussi atteint le stade de disque de platine. Mais après six années passées avec White Zombie, Rob entame en 1997 la composition de son premier album solo intitulé Hellbilly Deluxe: 13 Tales of Cadaverous Cavorting Inside The Spookshow International qui, en une semaine, atteint déjà un succès incontestable en vendant plus d’exemplaires que tous les albums de White Zombie. C’est pour cette raison qu’il annonce officiellement en 98 la dissolution du groupe (Rob garde tout de même John Tempesta à la batterie) afin de canaliser son énergie vers sa carrière solo. Solo mais bien épaulé. Car Mr Zombie a fait appel à Danny Lohner (Nine Inch Nails) et Tommy Lee (Mötley Crue) pour l’enregistrement de l’album. Avec ce succès immédiat, Rob est alors de tous les fronts: télé, MTV, presse spécialisée, etc. et devient, avec Marilyn Manson, l’artiste incontournable du début 1999. Il part alors pour une tournée américaine de trois mois avec Fear Factory et Monster Magnet en première partie et c’est ce monstrueux succès qui le propulsera sur l’Ozzfest 2000 aux côtés de Pantera, Ozzy Osbourne et Slayer. Dans la foulée, il sort en 1999 American Made Music To Strip By, son album de remixes de Hellbilly Deluxe, auquel ont participé de grands noms de la scène metal indus comme Charlie Clouser, Rammstein et DJ Lethal. En 2000, il rentre de nouveau en studio et sort en 2001 son nouvel album: The Sinister Urge, avec la participation du maître Ozzy Osbourne, Tommy Lee, Kerry King (guitariste de Slayer), DJ Lethal des Limp Bizkit et bien d’autres encore. Le disque remporte également un fort succès. Puis le groupe part alors pour une nouvelle tournée américaine avec Ozzy Osbourne et Mudvayne. En décembre 2001 et janvier 2002, Rob sillonne donc les routes américaines en tête d’affiche avec son énorme scène et ses magnifiques effets pyrotechniques. Enfin Rob est annoncé pour l’Ozzfest 2002 juste avant System Of A Down et Ozzy Osbourne.

DEMON SPEEDING

Pour l’année 2003, musicalement parlant, Rob prend un peu de repos et ne fait presque que superviser la production de l’album hommage aux Ramones: We're A Happy Family, puis il en profite tout de même pour sortir une compilation dont le titre est Past, Present and Future. Réunissant le meilleur de ce qu’il a pu faire au sein de White zombie et de sa carrière solo, cette compilation est le moyen d’obtenir quelques titres inédits mais aussi, et c’est peut-être là le meilleur, un florilège de ses clips ainsi qu’un extrait de l’un de ses concerts. Enfin, après trois années d’absence musicale, Zombie revient en cette année 2006 avec l’opus Educated Horses. Signe d’évolution ou de maturité, ce nouvel album prend une direction étonnante, décevante diront certains, où l’orientation est clairement donnée vers un univers moins violent et moins visuel. Le premier single Foxy, Foxy et son clip présentent même un Rob Zombie libéré de toute contrainte visuelle (exit les costumes et maquillages fantasques) et scénique (l’arrière d’une camionnette placée dans un champ). Alors le temps aurait eu raison de son son si particulier ou voulait-il simplement revenir à une sonorité plus pure et moins technique pour rappeler que même les démons peuvent présenter un autre visage? Seul l’avenir nous le dira quand d’ici quelques années nous pourrons tenir dans nos mains le prochain et tant attendu album de l’homme qui a su se rendre si essentiel à la scène métal.

IT’S IN YOUR HEEEEEAAAAAAAAAAD, ZOMBIE, ZOMBIE…

Apprécier l’univers du maître Zombie est une chose quasi évidente lorsque l’on prend le temps de poser un véritable regard sur son monde. Mais appréhender son milieu nécessite tout de même de se pencher au-delà du premier abord démoniaque et de fouiller au plus profond de sa culture. Une culture remplie de vieux films et de déguisements grotesques. En effet, le nom du groupe White Zombie est né en hommage à un film d’horreur de 1932 avec Bela Lugosi et réalisé par Victor Halperin. Il paraît alors tout à fait normal de voir son visuel et son jeu scéniques tirer de plus en plus vers l’univers de ces vieux films d’horreur et toute la culture s’y rattachant, ou vers les images d’une Amérique trop propre sur elle qu’il s’est toujours évertué à remettre à sa place. Ça et la voix caverneuse du chanteur. Il n’y a qu’à voir les images des premiers clips de groupe comme Thunder Kiss 65, directement influencé par les films de Russ Meyer, ou encore celui de More Human Than Human, rempli de plans d’une Amérique puritaine et en dehors de tout soupçon des années 50. Musicalement c’est un peu la même histoire. Jonglant entre des titres dignes des films d’horreur d’époque (Creature of the Wheel, Call of the Zombie, Perversion 99, Dead Girl Superstar, Meet the Creeper, Living Dead Girl, Demon Speeding, Pussy Liquor, …), sa musique, dès les premières notes, nous plonge dans un véritable feu d’artifice horrifique. Piochant ses introductions morbides dans divers samples cinématographiques, l’ami Zombie décore ses chansons de tout un aspect atroce et rempli de cadavres et autres mort-vivants, un peu comme Alice Cooper (l'une des autres influences de Zombie) en son temps.

ELECTRIC HEAD

Il utilise d’ailleurs ce visuel lors de ses tournées: "Je veux vraiment faire quelque chose de spécial. Le top du top. Quelque chose qui dépasse les autres shows". Ses scènes regorgent de nombreux artifices, jeux pyrotechniques et de lumières, décors d’outre-tombe hallucinants et vidéos morbides. C’est d’ailleurs ce cher Mr Zombie, en tant que leader, qui s’occupe de tout dans le groupe: design de pochette, vidéos, t-shirts, concerts… Ce qui démontre assez bien qu'il est doté d'une volonté créatrice débordante. Car quand on a l’occasion de le voir sur scène, dépensant toute son énergie frénétiquement, sautant, virevoltant et secouant sans cesse ses dreadlocks, il n’est pas dur de s’apercevoir qu’il possède une détermination expansive et qu’il a tout autant besoin de canaliser ce trop plein énergique hors de la scène. D’ailleurs l’album Astro-Creep 2000 contient un booklet de vingt-quatre pages dont Rob affirme qu’il s’agit d’une représentation de ses sensations et pensées diverses: "J’en avais marre des CD inintéressants et quasi vierges de tout supplément". Alors en plus de la musique, il y a rajouté divers dessins et croquis dont il est l’auteur ("J’ai toujours rêvé d’écrire et réaliser mes propres comics mais je n’ai jamais eu le temps), avec l’aide de l’un des dessinateurs phare de chez Marvel Comics: Gene Colan. Talentueux et imaginatif, Rob profite alors des thématiques monstrueuses de la formation et de ses diverses tentatives dessinées pour se faire la main sur l’animation et commencer sérieusement à tâter de la pellicule.

VOYAGE AU CŒUR DE LA BÊTE

Le cinéma? Rob zombie le touche du doigt depuis de nombreuses années. Mais son mariage avec le septième art a du attendre quelque temps pour être vraiment consommé. Car avant de se retrouver derrière la caméra en tant que véritable metteur en scène de longs métrages, Rob, seul ou avec ses amis, a d’abord eu l’occasion de participer à un nombre incroyable de bandes originales. Citons pêle-mêle Judge Dredd, Disjoncté, Los Angeles 2013, Psycho, Matrix, La Main qui tue, The Crow 2 et 3, La Fin des temps, Mission: Impossible-2, Le Projet Blair Witch 2, Rollerball, Le Roi Scorpion, Daredevil, on en passe et des meilleurs. Même les séries télé font appel à ses riffs tonitruants pour des épisodes de Millenium, Witchblade ou encore X-Files, dont la chanson The Hands of Death, pour laquelle il a collaboré avec Alice Cooper, se retrouve nommée aux Grammy Awards. En 1997, Rob est même contacté par le roi des provocateurs Howard Stern, désirant obtenir un duo avec Zombie sur une chanson de son film Parties intimes. Rob, grand fan de Stern, accepte le challenge et la chanson The Great American Nightmare en résulte. Et c’est dans ces conditions que Mike Judge le contacte pour réaliser une scène délirante de son film Beavis & Butt-Head se font l’Amérique, les dessins et autres croquis du musicien collant parfaitement à l’idée que se fait Judge d’un délire hallucinatoire où ses héros se trouvent dans le désert et mangent du cactus. Une rumeur existe aussi quant au fait que Zombie ait réalisé une autre scène d’hallucination dans un épisode des Simpson, mais aucune preuve concrète n’existe cependant.

NEVER GONNA STOP

Et l’objectif de passer plus sérieusement au format long le titille toujours. Parce que même s'il réalise lui-même tous les clips de White Zombie et, plus tard, de sa carrière solo, il n’estime pas encore avoir atteint le point culminant de sa carrière de metteur en scène: "Les clips sont une arme à double tranchant: je suis emballé à l’idée d’en élaborer les idées, mais aucune de celles que je voudrais réaliser ne pourrait passer à la télé. Ce que j’ai toujours voulu faire par dessus tout, c’est du cinéma. Le groupe est un truc bizarre qui s’est produit et je m’en suis accommodé". Mais c'est la réalisation de clips, grâce à celui qu’il réalisa pour The Crow 2 (Tim Pope, 1996), qui le mena à ce qu’il crut être son premier film. En effet, les producteurs de la saga, impressionnés par la réalisation lugubre de Zombie, le contactèrent pour lui proposer d’écrire le script du troisième volet de la saga. "J’ai eu la possibilité de discuter avec les producteurs de The Crow car je réalisais la vidéo de I’m Your Boogeyman pour la B.O. du 2. Je leur ai dit mes idées et j’ai réalisé qu’ils ne savaient pas trop où aller avec The Crow. Ils demandaient l’avis de tout le monde et ils ont choisi le mien". Et devant l’échec de la séquelle du film culte d’Alex Proyas, Zombie choisit de situer l’ambiance du film dans un monde différent, dans un univers gothique de style élisabéthain rempli de duels à l’épée et au pistolet à poudre. Mais, pour une raison encore obscure, Miramax annule tout simplement le projet. Retour à la case départ pour Rob. En avril 2000, alors qu’il compose l’un des titres phares de Mission: Impossible-2, il lance son projet de film d’horreur: La Maison des 1000 morts. Mais le projet est jugé tellement hors normes que nombreuses sont les maisons de production qui lui renvoient sont script à la figure. Seule Universal accepte de lui allouer un maigre budget de sept millions de dollars. Le reste de l’histoire est connu, le film est rejeté par la société de production et est refourgué au plus offrant, en l’occurrence MGM, qui le lance pour les fêtes d’Halloween 2002 et récolte plus de douze millions rien que sur le territoire américain. Le film devient instantanément culte. Puis vient The Devil’s Rejects. Depuis, Zombie a enfin obtenu son statut de réalisateur chevronné et ses projets continuent de plus belle, musicalement et cinématographiquement parlant. Si tout se passe bien dans le meilleur des mondes, son prochain film sera Hall9ween, un remake/préquelle du fameux film de John Carpenter. Le train Zombie est désormais en marche, souhaitons-lui bon voyage, et nous avec par la même occasion.

par Christophe Chenallet

En savoir plus

2007 Hall9ween 2005 The Devil's Rejects 2002 La Maison aux 1000 morts

Quelques liens :

Commentaires

Partenaires