Lucile Hadzihalilovic

Lucile Hadzihalilovic
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Réalisatrice, Scénario
France

Que Lucile Hadzihalilovic et ses interminables quatorze lettres patronymiques se décident à sortir de l’ombre des trois imposantes capitales de Noé, et c’est une poignée de happy fews qui se réveille pour clamer un: "Je le savais!" de rigueur. Pour ceux qui auraient un train de dix ans de retard, récapitulations.

HADZIHALI… QUOI !?!

Fille du cinéma de genre, principalement américain et italien, ayant passé son enfance et son adolescence au Maroc, Lucile Hadzihalilovic débarque en France à 17 ans, des images et des envies plein la tête. Très vite viennent l’IDHEC, Nono, Noé, la fondation des Cinémas de la Zone… Dix ans que la discrète dame officie dans le sillage de son compagnon à la ville et à la caméra. Solo, pour La Première Mort de Nono en 1986, court conte fantasmatique dans la grisaille des barres HLM, ou duo conjugal en qualité de monteuse et/ou productrice pour Carne et Seul contre tous. Partageuse, complice, la dame boit également au même ruisseau que son Gaspar dans le cadre d’une commande de films traitant du VIH. Monsieur signe son sulfureux Sodomites, épate visuelle un rien vaine mais costaude; Madame rappelle que Good Boys Use Condoms et confirme les promesses de son épatant moyen métrage, tourné deux ans auparavant, au titre évocateur: La Bouche de Jean-Pierre. Encore fermement sous l’emprise forte du réalisateur de Carne et Seul contre tous, Hadzihalilovic bataillait alors à forger son point de vue personnel, en opposant un traitement onirique à une sombre et naturaliste histoire d’ogre pédophile et de misère sociale.

GOOD GIRLS USE SCOPE

Conte monstrueux le cul entre deux chaises, tenté tantôt par la redite stylistique de Noé (violence typographique, CinemaScope, traitement extrémiste de la bande-son, prise de son directe et éclairages naturels), tantôt par l’envie d’élargissement par la fable (un "petit chaperon rouge" urbain, pour faire simple), le film fascine les initiés de la Zone et agace les autres, qui pointent une "formule" Noé mal appliquée. C’est pourtant une première reconnaissance qui attend Hadzihalilovic: grâce à son timing bâtard, son sujet fort et son traitement graphique sans concession, La Bouche de Jean-Pierre écume les festivals, de courts comme de longs. Sélection au festival de Cannes 96 dans le cadre d’Un certain regard, mais aussi à Avignon, Montréal, Toronto, Sarajevo, et même Sundance… Et puis des prix: Très Spécial, SACD du Meilleur Scénario à Avignon, Mention du Jury à Clermont-Ferrand, Beaumarchais du Meilleur Scénario à Angers, ou encore aux Lutins du court métrage, face à quelques belles signatures telles Ramos ou Ozon. L’occasion rêvée pour voler de ses propres ailes: Hadzihalilovic bifurque, laisse Noé à son Irréversible (au passage, coïncidence ou non là n’est pas la question, son meilleur film), persiste et signe dans son exploration au Scope de l’effrayant imaginaire enfantin, et achève avec Innocence de se mettre la moitié de la critique à dos. On susurre qu’elle préparerait maintenant un film d’horreur. C’est ce que l’on appelle avoir de la suite dans les idées.

par Guillaume Massart

En savoir plus

En tant que réalisatrice et scénariste:

2004 Innocence 1998 Good Boys Use Condoms 1996 La Bouche de Jean-Pierre

En tant que productrice:

1998 Seul contre tous (également monteuse) 1991 Carne (fait également une apparition)

En tant qu’actrice:

1989 Les Cinéphiles - Le retour de Jean 1995 Cinématon #1750

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