Jennifer Jason Leigh

Jennifer Jason Leigh
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Scénario, Actrice
États-Unis
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« Je ne pourrais jamais jouer une ingénue, une bonne copine ou un jeune médecin brillant. Ca n’aurait aucun intérêt. ».Dès le début de sa carrière, Jennifer Jason Leigh privilégie en effet les rôles sulfureux ou réputés difficiles, jusqu’à devenir dés la fin des années 80 l’une des actrices-clé du cinéma indépendant américain.

DES PREMIERS ROLES PREMONITOIRES

Plongée dès la naissance dans le bain du cinéma (son père est acteur et sa mère scénariste), Jennifer Jason Leigh n’a que neuf ans quand elle joue son premier rôle au cinéma, et quatorze lorsqu’elle commence à prendre des cours avec Lee Strasberg. Ado, elle enchaine les productions télé chez Disney mais se fait véritablement remarquer avec à un rôle pas forcément très joyeux : celui d’une ado anorexique dans The Best Little Girl In The World , un téléfilm devenu culte aux Etats-Unis. Elle quitte l’école à quelques semaines des exams et se précipite pour jouer une victime de viol, sourde, muette et aveugle, son premier rôle important au cinéma (Eyes Of A Stranger). Un rôle presque prémonitoire pour celle qui va souvent se retrouver dans des rôles vénéneux de filles névrosées. Sa carrière cinématographique part pourtant sur un grand écart des plus surprenants puisqu’on la retrouve la même année face à Sean Penn dans la comédie teenage potache Fast Times At Ridgemont High (son vrai premier gros succès), où elle est prête à tout pour perdre sa virginité. Puis re-changement de cap en 1985, quand Paul Verhoeven la choisit pour jouer une princesse ambigüe, souvent dénudée et très loin de Disney dans son thriller médiéval La Chair et le sang, où elle se fait kidnapper et violer à qui mieux mieux. Elle enchaine par la suite les rôles de prostituées, comme dans The Hitcher, Last Exit To Brooklyn, ou Miami Blues qui achèvent de la faire définitivement remarquer en tant qu’actrice. Et quand elle est engagée pour jouer dans Backdraft, son premier Blockbuster, elle demande d’abord à Ron Howard si elle ne peut pas plutôt jouer le rôle du feu, qui a selon elle un bien meilleur rôle qu’elle.

L’AGE D’OR

“Je préfère de loin jouer dans un film qui provoque des réactions extrêmes plutôt qu’un film qui rapporte cent millions de dollars mais dont personne ne se rappelle parce qu’il ressemble déjà à tous les autres ».

Le début des années 90 marque l’âge d’or de sa carrière, elle tourne avec les plus grands noms de cinéma américain (les frères Coen, Robert Altman, David Cronenberg…). Son curieux sourire en coin, à la fois maladroit et un peu carnassier devient sa marque de fabrique et s’impose aussi bien dans des films en costumes que des films de genre. Cette période faste commence avec ce qui devient vite l’un de ses rôles les plus marquants: la colocataire psychopathe de JF partagerait appartement, gros succès international qui lui permet d’exploser, malgré un rôle parfois un peu caricatural (en gros il n’y a que Bridget Fonda pour ne pas s’apercevoir qu’elle est folle au bout de 4 secondes). L’année suivante, son personnage de mère au foyer qui change des couches en mimant l’orgasme au téléphone dans Short Cuts est tout aussi mémorable, d’ailleurs Altman ne s’y trompe pas et la réengage quelques années plus tard pour jouer une gangster des années folles dans le virevoltant Kansas City. Elle enchaine ensuite les rôles à performance dans des films qui, s’ils lui valent une grande reconnaissance critique, sont il faut bien le dire un peu oubliés aujourd’hui : Washington square, d’après Henry James, Georgia, où elle joue une chanteuse camée jalouse de sa sœur, et le biopic de l’écrivain bitchy des salons New Yorkais Dorothy Parker : Mrs Parker et le cercle vicieux. Sa performance dans ce dernier est unanimement saluée et le film lui vaut sa première nomination aux Golden Globes. Elle est alors réputée pour faire énormément de recherches sur ses rôles, et, afin de rentrer au mieux dans la peau de ses personnages, pour remplir avant chaque tournage des volumes entiers de journaux intimes. On la retrouve en créatrice de jeu vidéo dans Existenz où elle se retrouve dans la position à la fois enviable et un peu glauque de se faire lécher un orifice artificiel par Jude Law. En 1999 elle est choisie par Kubrick pour jouer le rôle de la prostituée dans Eyes Wide shut, mais passé un premier tournage, elle n’est plus disponible lorsque ses scènes ont besoin d’être refaites. Son rôle échoit donc à Vinessa Shaw.

LES ANNEES SECONDS ROLES

En 2001, Jennifer réalise son premier (et seul à ce jour) film : The Anniversary Party co-realisé avec l’acteur Alan Cumming (qui jouait justement dans Eyes Wide Shut), pour lequel ils engagent leur bande de copains (Jennifer Beals, John C. Reilly, Gwyneth Paltrow…). Rétrospectivement, on a presque envie de dire qu’elle y tend le bâton pour se faire battre, en se donnant le rôle d’une actrice de 35 ans déjà has-been. Hmm… Au début des années 2000, on la croise en effet plutôt dans des projets alternatifs très discrets, tel que le film dogme The King Is Alive, où elle joue une touriste perdue en plein Sahara, ou The Quickie où elle est aux prises avec la mafia russe, et elle commence à se faire connaître moins par les films qu’elle fait que par les nombreux rôles qu’elle refuse (de Boogie Nights au rôle de Bree dans Desperate Housewives, ainsi qu’à peu près tous les rôles de Jodie Foster…). Durant cette décennie, si elle est immanquablement abonnée aux seconds rôles, elle continue néanmoins à tourner pour de grands cinéastes (Campion, Mendes, à nouveau les frères Coen…), dans des films aux castings prestigieux. Celle qui était la fille perturbée de Kathy Bates dans Dolores Claiborne en 94 semble d’ailleurs s’être refait une spécialité d’apparaitre dans les familles les plus dysfonctionnelles du cinéma américain de ces dernières années : épouse sacrifiée de Tom Hanks dans Les Sentiers de la perdition, sœur autiste et assassinée de Meg Ryan dans In The Cut, fille fugueuse d’Ellen Barkin dans Palindromes, puis belle-sœur intraitable de Philip Seymour Hoffman dans Synecdoche New York… A nouveau des rôles anti-glamour, mais qui forment au final une mosaïque cinéphile des plus pointues.

En 2005 elle épouse le réalisateur Noah Baumbach, qui la fait par la suite tourner deux fois : dans Margot At The Wedding (encore une histoire de famille pas possible), où elle à droit à une scène d’incontinence des plus humiliante, et dans Greenberg (qu’elle a co-produit et co-ecrit) son dernier film en date, et probablement le rôle à la fois le plus simple et le plus apaisé de toute sa carrière jusqu’ici.

Gregory Coutaut

par Gregory Coutaut

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