Gong Li

Gong Li
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum
Actrice
Chine, République populaire de
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li
  • Gong Li

Elle mériterait une statue. Fer de lance du cinéma chinois, porte-parole de l’UNESCO, beauté inoxydable d’une marque de cosmétiques, Gong Li se tient droite sur un socle en acier trempé. Aux yeux du monde, elle est "la" Chinoise, l’étoile rougissante courtisée par les salons et les palais impériaux. Gong Li, dont on reconnaît désormais l’émail diamant, la robe précieuse et le chignon hypnotique, n’est pas toujours restée de marbre. Ancienne muse et compagne de Zhang Yimou, elle cache dans ses manches des héroïnes contestataires, concubine révoltée, paysanne procédurière ou geisha cupide. A quarante ans, Li veut régner sans partage.

LE FER ET LA SOIE

La prime à l’ancienneté: Gong Li tient les rênes du cinéma chinois depuis deux décennies. Les années mornes, on ne voyait d’elle qu’une intimidante enseigne publicitaire, une banderole diplomate déroulée aux quatre coins du monde. C’est en répondant aux œillades de l’Occident, avec un film tourné en anglais, que Gong Li rappelle sa souveraineté, à quel point son mordant, sa chevelure défaite et ses passions lacérées ont jalonné le cinéma chinois des années 90. Mémoires d’une geisha montre une rivalité éculée, les perversités d’une mante religieuse sur le déclin (Hatsumomo / Gong Li) contre le désir d’émancipation d’une jouvencelle intrépide (Sayuri / Zhang Ziyi). Et la passation de pouvoir n’est pas de tout repos. A l’heure où Hollywood s’entiche d’une talentueuse et clairvoyante chipie, Gong Li livre un mémorable crêpage de chignon, sans rien perdre de sa superbe. C’est Sayuri qui amasse les prix d’excellence et brille de mille feux, mais c’est Hatsumomo, les traits las et la mèche humide, qui émeut. A l’ombre des cerisiers et des jeunes prétendantes en fleur, l’exilée, le genou à terre, est pourtant loin de tirer sa révérence. L’ascension de Zhang Ziyi rappelle d’autres débuts. Née à Shenyang, pôle industriel et ancienne capitale mandchoue, Li ne rêve que d’évasion et de voix caressantes. Une vocation de tragédienne la détourne du chant, tant mieux, elle lui fait rencontrer son Pygmalion, photographe et chef opérateur réputé. A vingt-deux ans, l’enflammée Gong Li fait front à l’envahisseur japonais dans Le Sorgho rouge de Zhang Yimou, et devient le corps de l’insolence et de la modernité chinoises.

UNE FEMME CHINOISE

Amants terribles et pressés, Zhang Yimou et Gong Li dépoussièrent leurs volumineux manuels d'Histoire et s'intéressent aux intempéries, aux mutations d'une Chine controversée. Villageoise opiniâtre, décidée à rétablir l’honneur de son mari (Qiu Jiu, une femme chinoise), épouse cloîtrée et sur la corde raide (Epouses et concubines), mère blessée et compatissante (Vivre), mère infidèle et brutalisée (Ju Dou), maîtresse tourmentée (Shanghai Triad): Gong Li n'est pas qu'un symbole désuet, elle insuffle à tous ses personnages, blâmés, désespérés, une fragilité âpre, une animalité et une franchise amères. Avant ses opéras fastueux (Turandot) et ses allégories sur la réunification (Hero), Zhang Yimou se démène contre la censure qui regarde d'un œil soupçonneux les travaux d'un esthète trop politisé. Sélectionnés à Cannes, Venise ou Berlin, régulièrement distingués, les films du couple trouvent un écho inespéré en Europe et aux Etats-Unis. Bâillonnés par prévention, Epouses et concubines et Ju Dou sont découverts a posteriori par le public chinois. Zhang Yimou et Gong Li enfantent une œuvre léchée, un inventaire de destins tragiques et de familles apeurées. Plus tard accusés de forfanterie (à force de dépendre des festivals, leur cinéma semble imposer une norme affectée), Zhang et son inspiratrice se séparent après le tournage du compassé Shanghai Triad, leur opus le moins convaincant. Un autre héraut de la "Cinquième Génération", appellation vague qui désigne les auteurs affranchis de la propagande des années 80, asseoit l'influence et la réputation de Li. Chen Kaige et son vibrant Adieu ma concubine sont honorés par une Palme d'or en 1993. Et même si Gong Li n'y joue qu'une entremetteuse, le message est bien passé.

MAINS BALADEUSES

Li se diversifie. Le boiteux Temptress Moon l'associe de nouveau à l'androgyne Leslie Cheung, l'honnête Pan Yuliang fait d'elle une vraie figure historique, la première artiste chinoise à être reconnue en Occident. Les frontières rétrécissent, les échanges s'accélèrent et Gong Li, enviée ici et là, se décide à apprendre l'anglais pour Chinese Box du sino-américain Wayne Wang. Une petite boîte creuse et futile, dans laquelle elle réduit les échanges à quelques battements de cil avec Jeremy Irons et Maggie Cheung, son homologue hong-kongaise. Le réalisateur Zhou Sun, qui jouait déjà à ses côtés dans L'Empereur et l'assassin, lui propose deux films de facture classique, Plus fort que le silence et Zhou Yu's Train. Encouragé par son collègue Chen Kaige, Zhou écrit pour Li le rôle d'une mère courage qui élève seule son fils atteint de surdité, puis celui d'une libertine qui s'éprend d'un poète. Gong Li apprend le langage des signes, s'implique à son tour dans l'écriture, donne son assentiment, mais c'est avec une autre forte tête, Wong Kar-Wai, qu'elle fortifie son mythe. Tourné en deux semaines, La Main (le sublime épilogue d'Eros) se love dans les parures exquises de Li et se mêle à son désarroi. Les quarante minutes célèbrent le vertige et la chute, le désir et l'absence. 2046 prolonge la rencontre. Gong Li dissimule sa main sous un gant, essuie une trace de rouge à lèvres et laisse le souvenir d'une ensorcelante veuve noire. Prête à retrouver Zhang Yimou dans une monumentale fresque dont il a le secret (The City of Golden Armor avec Chow Yun-Fat), Li continuera de sévir et de séduire dans le très attendu Miami Vice de Michael Mann.

par Danielle Chou

En savoir plus

2006 Autumn Remembrance 2006 The City of Golden Armor 2006 Miami Vice 2006 Young Hannibal: Behind the Mask 2005 Mémoires d’une geisha 2005 Eros 2004 2046 2003 M 2002 Zhou Yu’s Train 2000 Plus fort que le silence 1999 L’Empereur et l’assassin 1997 Chinese Box 1996 Temptress Moon 1995 Pan Yuliang, artiste peintre 1995 Shanghai Triad 1994 Vivre 1993 Adieu ma concubine 1992 Qiu Ju, une femme chinoise 1991 Epouses et concubines 1990 Ju Dou, le sang du père 1989 Terracotta Warriors 1987 Le Sorgho rouge

Quelques liens :

Commentaires

Partenaires