Alan Parker

Alan Parker
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Réalisateur, Musique
Royaume-Uni

Si l’on devait personnifier un homme de cinéma à la fois auteur, talentueux, original, mélomane, engagé et excentrique, nul autre cinéaste ne pourrait s’imposer avec autant d’évidence qu’Alan Parker. Âgé aujourd’hui d’une petite soixantaine d’années (il est né le 14 février 1944 à Londres), ce Britannique à la carrière maintes fois controversée ne fait plus autant parler de lui que dans les années 80, où il était alors considéré, à juste titre, comme l’une des figures majeures du septième art. Un effondrement dû en grande partie à son caractère dissipé et à son dérangeant appétit de non-conformisme. Après deux décennies en porte-à-faux au sein d’un système hollywoodien qui tantôt l’acclamait, tantôt se risquait à le détruire, Parker a progressivement plié sous les coups de la presse, pour finalement céder au milieu des années 90. Une chute qui ne semble toujours pas se terminer, en attestent les réserves des critiques et les grognements des spectateurs à chaque nouvel opus du réalisateur. Triste déclin d’un cinéaste à la filmographie pourtant prestigieuse, et à sa manière, inégalée

Son grand éclectisme aura donc été à la fois sa plus grande qualité et son plus grand défaut. Une qualité puisque finalement, bien peu de metteurs en scène conservent si longtemps cette énergie de se renouveler et de prendre des risques. Et un défaut, parce que tout compte fait, ce n’est pas ainsi que l’on fidélise un public. Entre l’efficacité du divertissement et la fantaisie de l’art, à tout choisir, Parker a opté pour les faveurs artistiques. Ces dernières années témoignent de son aveu d’impuissance à surfer une décennie de plus sur le succès, et de ses tentatives infructueuses de renouer avec l’entertainment. Alan Parker est aujourd’hui, artistiquement parlant, un cinéaste vidé. Lui qui maîtrisait autrefois les sciences du découpage et du montage, qui bénéficiait à chaque nouvelle œuvre d’un accueil chaleureux, qui était l’enfant chéri des Oscars, doit désormais céder sa place aux jeunes loups issus de la publicité et du clip, qui captent mieux, force est de le reconnaître, l’attention des spectateurs en manque de dépaysement.

Or, du dépaysement, Parker en était le grand ambassadeur au milieu des années 80, aux côtés de Steven Spielberg, Alan J. Pakula et autres Sydney Pollack. Parfois sérieux (Midnight Express, Mississippi Burning, Birdy), souvent musical (Bugsy Malone, The Commitments, The Wall, Fame, Evita), Parker a toujours créé l’évènement cinématographique de l’année. Premier coup de tonnerre en 1976 avec Bugsy Malone, une parodie musicale des films de gangsters des années 20, exclusivement interprété par des enfants (dont Jodie Foster, la même année que Taxi Driver)! Le scénario est signé Alan Parker, et la bande originale du film, du mémorable Paul Williams (le Swan du Phantom of the Paradise de Brian De Palma). Son deuxième film dépasse cette fois le cadre des Etats-Unis, et déclenche l’une des plus importantes controverses de l’histoire du cinéma. Midnight Express révèle l’histoire vraie d’un jeune Américain, condamné à perpétuité en Turquie, pour avoir tenté de passer la douane avec quelques barrettes de marijuana en sa possession. Le film met l’accent sur les tortures et le disfonctionnement du système judiciaire turc, et sensibilise l’opinion publique au problème. L’année suivante, et grâce au film, sont signés entre les USA et la Turquie des accords d’extradition, qui sauveront la vie de plusieurs prisonniers américains, rapatriés et conviés à des peines de détention humainement plus acceptables.

Persuadé que le cinéma a un véritable pouvoir politique à jouer, Parker renouvelle l’expérience en 1984 avec Birdy, puis en 88 avec Mississippi Burning, et en 90 avec Bienvenue au Paradis. Le premier traite à sa manière du traumatisme du Vietnam, le second s’attaque au brûlant sujet du racisme dans le sud des Etats-Unis, et le troisième révèle une réalité encore trop souvent ignorée, à savoir que les Etats-Unis, pendant (et même après) la Seconde Guerre mondiale, parquaient les japonais dans des camps de concentration… Bien sûr, afin d’éviter le brûlot politique, les trois films sont soigneusement encadrés d’une intrigue plus hollywoodienne (drame, enquête policière ou histoire d’amour). Pour faire passer la pilule, mais aussi pour s’amuser lui-même, Parker réalise quelques-unes des plus belles œuvres de cinéma musical contemporain. The Wall, par son adaptation délurée de l'album rock (du même nom) des Pink Floyd, reste encore aujourd’hui l’une des figures emblématiques du "film culte". Et si Parker réussit à diriger la reine Madonna dans Evita, film très inégal mais aux allures somptueuses, c’est avec Fame, seize années plus tôt, qu'il déclenche un véritable phénomène de société. Plus récemment, The Commitments (1991), dernier grand film du cinéaste, est un bijou de comédie. On y assiste au destin légendaire, et purement imaginaire, de quelques farfelus irlandais, persuadés d’être les dignes héritiers de James Brown et de la musique Soul. Ça ne vous rappelle pas une comédie française sortie récemment?

par Yannick Vély

En savoir plus

2003 La vie de David Gale 1999 Les Cendres d’Angela 1996 Evita 1994 Aux bons soins du Dr Kellogg 1991 The Commitments 1990 Bienvenue au Paradis 1988 Mississippi Burning 1987 Angel Heart 1984 Birdy 1982 The Wall 1980 Fame 1978 Midnight Express 1976 Bugsy Malone

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