Entretien avec Jannicke Systad Jacobsen

Entretien avec Jannicke Systad Jacobsen

Avec Turn Me On!, Jannicke Systad Jacobsen a signé un succès surprise en Norvège en racontant l'éveil sexuel d'une jeune fille. Le film sort le 18 janvier en France. Interview express de la réalisatrice!

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FilmdeCulte: Quel a été votre parcours avant la réalisation de Turn Me On! ?

Jannicke Systad Jacobsen: J’ai eu une formation de réalisatrice, spécialisée dans la fiction, à la London International Film School et à la Famu, à Prague. Depuis 1999 j’ai essentiellement réalisé des documentaires, à la fois en formats courts et à la télévision. Ce ne sont pas des documentaires au sens classique du terme. Il y avait une ambition cinématographique : je les ai toujours un peu envisagés comme des fictions, à chaque fois, les scénarios étaient écrits à l’avance et j’avais déjà les plans en tête. Je me suis toujours intéressée au visuel, à l’esthétique.

FdC: On a beaucoup plus l'habitude de voir des jeunes hommes obsédés par le sexe au cinéma, plutôt que des adolescentes comme dans Turn Me On!, comme si ça n'existait pas. Aviez-vous le sentiment de parler d'un tabou, de faire un film féministe ?

JSJ: J’avais le sentiment qu’il fallait raconter cette histoire, qu’il était important de dire que la sexualité des jeunes filles, c’est quelque chose qui existe, ça n’a rien de choquant ou d’exceptionnel, c’est quelque chose de tout à fait banal. Dans ce sens-là, effectivement, mon propos était politique.

FdC: Le film parle de fantasmes sexuels mais aussi de fantasmes d'une autre vie, moins ennuyeuse. Est-ce que pour vous Turn Me On! est autant un film sur l'éveil sexuel que sur l'ennui ?

JSJ: Oui, d’une certaine façon. Pour moi le film raconte comment Alma veut entrer dans sa vie d’adulte, par delà les montagnes et les fjords de Skoddeheimen. Elle a autant envie de partir explorer le monde que de partir à la découverte de sa sexualité naissante.

FdC: Vous citez Joachim Trier parmi vos influences pour la lumière de Turn Me On!. Quel regard portez vous sur le jeune cinéma norvégien ?

JSJ: J’ai l’impression qu’il se passe des choses. Il y a de plus en plus de films artistiquement intéressants qui se font, d’histoires plus originales qui sont racontées. Mais j’aimerais qu’il y en ait davantage, plutôt que des resucées de thrillers hollywoodiens.

FdC: Votre film a été un grand succès en Norvège, a tourné en festivals. Quelles réactions a suscité votre représentation du sexe ?

JSJ: Globalement, les réactions étaient plutôt positives en ce qui concerne à la fois le thème même de la sexualité féminine et la manière à la fois légère et honnête dont je l’ai abordé. Le film a majoritairement été perçu comme cru mais surtout touchant, poétique et drôle. Quel que soit leur âge, les spectateurs ont eu l’air de m’être reconnaissants d’avoir raconté l’histoire d’Alma.

FdC: Quels sont vos projets ?

JSJ: J’écris un scénario basé sur une idée originale. C’est une histoire d’amour tragi-comique à propos d’une jeune archéologue à Oslo.

Un grand merci à Robert Schlockoff et Jessica Bergstein-Collay

par Nicolas Bardot

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