Tirésia

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Tirésia
De Bonello Bertrand
Éditeur : Antiprod
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 01/01/2003
Note du film : *****-
Note FilmDeCulte : ****--
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Epris de perfection, Terranova erre la nuit à la recherche de l’être parfait. Un soir, au bois de Boulogne, il tombe sous le charme d’une transsexuelle brésilienne, Tiresia. Il la séquestre.

LE TEMPS DETRUIT TOUT

Mal accueilli lors du festival de Cannes 2003 où il était, pour les plumes assassines, le film français sélectionné de trop, Tiresia est pourtant un long métrage fascinant, le plus réussi à ce jour du talentueux Bertrand Bonello. Cet auteur ambitieux ose à chaque film confronter son art à de lourds sujets rhétoriques. Dans Tiresia, adaptation contemporaine d’un mythe grec à la symbolique freudienne, il multiplie les partis pris risqués: une structure bipartite avec un audacieux changement d’acteur – Thiago Telès remplace Clara Choveaux à mi-parcours –, un double rôle pour Laurent Lucas et bien sûr une épure esthétique qui est devenue la marque de fabrique du disciple de Robert Bresson. Tout ne fonctionne pas mais l’essentiel est ailleurs. La danse de Jérémie Rénier sur Marcia Baïla dans Le Pornographe avait durablement marqué les esprits, bien plus que le film lui-même. Bertrand Bonello récidive ici. Tiresia recèle de scènes magiques, purs moments d’extase cinématographique. Zoo sensuel capté par un magnifique plan-séquence, le bois de Boulogne est une évidente référence au cinéma de Pedro Almodovar (Tout sur ma mère). Rose solitaire dans un lieu de perdition sexuelle, Tiresia chante, susurre Teresinha de Jesus. Terranova succombe, nous aussi, devant tant de grâce.

TRISTES AUGURES

Au commencement de l’histoire (et de la vie?) était le bouillonnement des volcans, la septième symphonie de Beethoven et le désir de Terranova de lutter contre les effets du temps. Ce combat était perdu d’avance. Les plaintes de la fleur séquestrée n’ont jamais cessé et peu à peu, Tiresia est redevenue un homme à part entière. Les yeux crevés par son amant esthète, le transsexuel allongé en position fœtale, est recueilli tel un enfant abandonné des dieux par la douce Anne. Miroir déformant, la seconde partie répond tel un écho apaisé à la première. L’hystérie explicative et la noirceur cèdent la place à la luminosité et au mystère. Le ténébreux Terranova se change en prêtre saisi par le doute, les roses fanées que l’on jetait sont dorénavant entretenues avec soin. Créature de la nuit, sans sexe ni nationalité, Tiresia ne trouve pourtant ni le repos de l’âme, ni sa place dans le monde des vivants. Son miraculeux don de prédiction est vécu comme une malédiction, un signe ostentatoire supplémentaire de son insolite difformité et de sa profonde différence. Séduisant par son atmosphère fantastique, Tiresia est en constant équilibre entre le pathétique et le sublime. Le cinéma de Bertrand Bonello subjugue et irrite, intrigue et exaspère. Il n’en demeure pas moins précieux.

par Yannick Vély

Bonus

Le magnifique film de Bertrand Bonello se devait de bénéficier d'une édition DVD de qualité. C'est désormais chose faite. Outre le long métrage restitué dans une très belle copie, le DVD fait la part belle aux bonus avec un entretien exclusif et passionnant du cinéaste, qui revient sur la genèse du projet, les portraits croisés de Clara Choveaux et Thiago Teles, les deux interprètes du personnage principal, et trois courts métrages d'intérêt plus inégal. Seul manque à l'appel le commentaire audio du réalisateur qui aurait pu, ainsi, nous éclairer sur la mise en scène très travaillée de Tiresia.

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Interactivité :

Le magnifique film de Bertrand Bonello se devait de bénéficier d'une édition DVD de qualité. C'est désormais chose faite. Outre le long métrage restitué dans une très belle copie, le DVD fait la part belle aux bonus avec un entretien exclusif et passionnant du cinéaste, qui revient sur la genèse du projet, les portraits croisés de Clara Choveaux et Thiago Teles, les deux interprètes du personnage principal, et trois courts métrages d'intérêt plus inégal. Seul manque à l'appel le commentaire audio du réalisateur qui aurait pu, ainsi, nous éclairer sur la mise en scène très travaillée de Tiresia.

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