Petite Lili (La)

Petite Lili (La)
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Petite Lili (La)
De Miller Claude
Éditeur : Fox Pathé Europa
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 01/01/2003
Note du film : ****--
Note FilmDeCulte : ****--
Location DVD online
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en DVD ou Blu-ray pour 1.95€
DVD

Fils d’une actrice célèbre, Julien rêve de réaliser un film contre le système qui a perverti sa mère et fait d’elle une personnalité tributaire du box office et des goûts du public. Pour son premier court-métrage, il fait jouer Lili, jeune provinciale désireuse de percer dans le cinéma. Celle-ci se rapproche de Brice, lui-même cinéaste, et beau père de Julien.

ET DIEU CREA LA FEMME

Adaptation libre de La Mouette d’Anton Tchekhov, La Petite Lili s’inscrit à merveille dans la filmographie d’un cinéaste très apprécié par la presse étrangère, mais souvent boudé dans nos contrées. Son nouveau long métrage se situe à la croisée du naturalisme des premiers essais - L’Effrontée, son plus grand succès - et des expérimentations formelles de La Chambre des magiciennes. Réflexion amère sur le temps qui passe et sur le processus douloureux et cathartique de la création artistique, La Petite Lili fascine et agace, questionne et provoque. Avec les portraits sans concession de Brice et Julien, Claude Miller met en scène ses propres doutes de réalisateur entré dans l’âge mûr. Deux cinéastes (l’un expérimenté, l’autre novice) rivalisent de séduction pour une starlette au visage d’ange incarnée avec force par Ludivine Sagnier. Autour d’eux, gravitent des personnages plus discrets rassemblés dans une propriété bretonne assommée par la chaleur estivale. Il y a Mado, mère du sauvageon cinéphile et amante du briscard de la culture "qui joue au golf avec le ministre". Mais aussi Jeanne-Marie, jeune femme effacée qui se révèle au fur et à mesure comme "la personne la plus intéressante" selon les propres dires de Brice. Deux femmes rapidement éclipsées par l’irruption de la pulpeuse Lili.

L’AMOUR A LA PLAGE

Dans une lumineuse première partie située à l’Ile aux moines, Claude Miller excelle dans la peinture des fêlures familiales et l’évocation du désir naissant. Les bons mots fusent, les seconds rôles sortent peu à peu de la caricature pour véritablement exister à l’écran. Les acteurs se livrent à nu; Jean-Pierre Marielle est inoubliable en vieux bougon maladif. La musique minimaliste du compositeur estonien Arvo Pärt (déjà utilisée dans Gerry de Gus Van Sant) creuse la mélancolie du film et place l’accent sur la symétrie des situations. Chaque scène se répète et se superpose à une autre. Sur la plage, Lili se sépare de Julien, bien trop fougueux et possessif. Quelques instants plus tard, au même endroit, elle se jette dans les bras de Brice, son nouveau protecteur. L’usage parfait de la caméra et l’étirement du temps réveillent les sentiments, la profondeur et l’ambiguïté de chaque personnage. Lili n’est pas l’ingénue naïve que l’on croit; elle use et abuse de son charme pour conquérir les hommes, parvenir à ses fins et s’offrir une place de choix près des étoiles. Les deux cinéastes aux idées contraires se découvrent des points communs. Brice avoue apprécier le court métrage de son beau-fils. Julien demande à Brice de participer à son film.

BERGMAN DE PROVINCE

La suite déçoit. Dans la seconde partie à Paris, Claude Miller privilégie le discours à la forme et, malgré quelques très belles scènes, rompt la magie des premiers instants en voulant être trop explicite. Les rapports complexes entre la création artistique et la vie privée sont exagérés. Lors de l’anniversaire de Lili, le film tombe dans le cliché grossier de l’actrice arriviste qui couche pour réussir. Miller privilégie le jeune couple au détriment des personnages secondaires, délaissés en cours de route. Le ton devient plus artificiel, les situations plus anecdotiques. Le cinéaste a beau citer la Nouvelle Vague en s’appuyant sur la présence de Michel Piccoli ou en s’inspirant de l’atmosphère de La Nuit américaine de François Truffaut, on éprouve quelques difficultés à croire le nouveau Julien, réconcilié avec le cinéma qu’il abhorrait une heure auparavant. Le "Bergman de campagne" décide pour son premier long d’exalter la vie de studio avec des performances d’acteurs - les fameux numéros de "singes savants" qu’il décriait avec virulence - et des dialogues très travaillés. Une pirouette adroite de Claude Miller pour légitimer sa vision du cinéma. Restent une ambition manifeste et stimulante de sortir des sentiers battus, une grande audace formelle et bien sûr, une interprétation sans faille qui aurait pu (dû?) être récompensée lors du dernier Festival de Cannes.

par Yannick Vély

Bonus

IMAGE ET SON

Comme on pouvait s’y attendre, du fait de la haute définition, l’image du DVD est somptueuse et rend parfaitement hommage aux tons fauves et estivaux de la première partie du film. En revanche, cette absolue netteté a pour effet pervers de rendre plus mal assortie encore l’esthétique de la deuxième partie, et notamment de la fête d’anniversaire de Lili dans le loft parisien. Car si le directeur de la photo, Gérard Battista, avait su trouver les stratagèmes plastiques idéaux pour faire oublier le velouté du 35mm, en privilégiant dans les décors champêtres la couleur, la lumière et le mouvement, l’environnement urbain s’intègre mal dans cette continuité visuelle (comme il s’intégrait d’ailleurs mal dans la continuité narrative) et jure d’autant plus sur un écran de télévision. Côté son, rien à redire. Il est d’ailleurs intéressant de jeter une oreille aux bonus, afin de constater l’ampleur du travail de mixage, en se frottant à un rush abandonné au montage, aux dialogues sourds et pollués par les bruits extérieurs. La douce bande originale de Pärt est quant à elle restituée dans toute sa pureté.

BONUS

On ne s’attardera pas sur les habituelles galerie photo et bandes-annonces. En revanche, les deux courtes scènes coupées méritent un tantinet d’attention. La première est un morceau de bravoure dialogué, cruel, enlevé et très bien écrit (dans la lignée du reste, donc), où Nicole Garcia brode avec élégance et finesse sur les ravages du temps sur le corps des hommes. Sans doute trop démonstrative et de toute façon difficilement positionnable dans l’enchaînement des scènes, cette séquence se devait évidemment de ne pas figurer dans le montage final. Mais l'on comprend également pourquoi Claude Miller tenait à l’inclure, même dans sa forme brute, non mixée et en plan fixe, sur son DVD. La seconde scène, plus anecdotique, vient combler un vide dans la dernière partie du film, autour du personnage de Jean-Pierre Marielle. Cette fois, la prise est bonne, mixée, joliment photographiée, et l'on est à deux doigts de regretter sa mise à l’écart. En effet, par l’ajout d’un élément à la limite du fantastique, Miller s’évertuait à donner un peu plus de grâce à un passage par trop ronronnant. C’est hélas le sens du rythme du cinéaste qui prit le dessus sur le sens tout court. Dommage? On pourrait aussi arguer que ce n’est que chipoter pour une poignée de secondes et on aurait tout autant raison.

Le making-of, enfin, ne présente rien de révolutionnaire (surtout pas dans la forme, assez hideuse et plombée par son montage à effets 3D pitoyables). Pourtant, passé un démarrage chaotique, on ne perd pas une miette de ces 52 minutes de carnet de bord, où se dévoile le joyeux bordel d’un tournage apparemment convivial et collégial. La grande prévenance de Miller, son extrême patience avec les comédiens, la force tranquille de Marielle, le stress minaudant de la divine Sagnier, le professionnalisme de Julie Depardieu, le retrait songeur de Stévenin, la classe de Nicole Garcia et la placidité de Giraudeau, toutes choses que l’on pourrait croire fantasmes iconiques, apparaissent ici pour avérés… et on y croit! Quasi-absence de langue de bois aidant (hormis peut-être dans la bouche de Ludivine Sagnier, malheureusement déjà rôdée à l’exercice), le document n’hésite pas à aller plus loin que la simple brochure promotionnelle. En donnant, par exemple, la parole aux métiers de l’ombre, ceux des techniciens et accessoiristes, notamment lors de la préparation des scènes finales, Les Dessous de Lili nous donne à voir un peu plus que d’habitude. On ne s’en privera pas.

Guillaume Massart

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IMAGE ET SON

Comme on pouvait s’y attendre, du fait de la haute définition, l’image du DVD est somptueuse et rend parfaitement hommage aux tons fauves et estivaux de la première partie du film. En revanche, cette absolue netteté a pour effet pervers de rendre plus mal assortie encore l’esthétique de la deuxième partie, et notamment de la fête d’anniversaire de Lili dans le loft parisien. Car si le directeur de la photo, Gérard Battista, avait su trouver les stratagèmes plastiques idéaux pour faire oublier le velouté du 35mm, en privilégiant dans les décors champêtres la couleur, la lumière et le mouvement, l’environnement urbain s’intègre mal dans cette continuité visuelle (comme il s’intégrait d’ailleurs mal dans la continuité narrative) et jure d’autant plus sur un écran de télévision. Côté son, rien à redire. Il est d’ailleurs intéressant de jeter une oreille aux bonus, afin de constater l’ampleur du travail de mixage, en se frottant à un rush abandonné au montage, aux dialogues sourds et pollués par les bruits extérieurs. La douce bande originale de Pärt est quant à elle restituée dans toute sa pureté.

BONUS

On ne s’attardera pas sur les habituelles galerie photo et bandes-annonces. En revanche, les deux courtes scènes coupées méritent un tantinet d’attention. La première est un morceau de bravoure dialogué, cruel, enlevé et très bien écrit (dans la lignée du reste, donc), où Nicole Garcia brode avec élégance et finesse sur les ravages du temps sur le corps des hommes. Sans doute trop démonstrative et de toute façon difficilement positionnable dans l’enchaînement des scènes, cette séquence se devait évidemment de ne pas figurer dans le montage final. Mais l'on comprend également pourquoi Claude Miller tenait à l’inclure, même dans sa forme brute, non mixée et en plan fixe, sur son DVD. La seconde scène, plus anecdotique, vient combler un vide dans la dernière partie du film, autour du personnage de Jean-Pierre Marielle. Cette fois, la prise est bonne, mixée, joliment photographiée, et l'on est à deux doigts de regretter sa mise à l’écart. En effet, par l’ajout d’un élément à la limite du fantastique, Miller s’évertuait à donner un peu plus de grâce à un passage par trop ronronnant. C’est hélas le sens du rythme du cinéaste qui prit le dessus sur le sens tout court. Dommage? On pourrait aussi arguer que ce n’est que chipoter pour une poignée de secondes et on aurait tout autant raison.

Le making-of, enfin, ne présente rien de révolutionnaire (surtout pas dans la forme, assez hideuse et plombée par son montage à effets 3D pitoyables). Pourtant, passé un démarrage chaotique, on ne perd pas une miette de ces 52 minutes de carnet de bord, où se dévoile le joyeux bordel d’un tournage apparemment convivial et collégial. La grande prévenance de Miller, son extrême patience avec les comédiens, la force tranquille de Marielle, le stress minaudant de la divine Sagnier, le professionnalisme de Julie Depardieu, le retrait songeur de Stévenin, la classe de Nicole Garcia et la placidité de Giraudeau, toutes choses que l’on pourrait croire fantasmes iconiques, apparaissent ici pour avérés… et on y croit! Quasi-absence de langue de bois aidant (hormis peut-être dans la bouche de Ludivine Sagnier, malheureusement déjà rôdée à l’exercice), le document n’hésite pas à aller plus loin que la simple brochure promotionnelle. En donnant, par exemple, la parole aux métiers de l’ombre, ceux des techniciens et accessoiristes, notamment lors de la préparation des scènes finales, Les Dessous de Lili nous donne à voir un peu plus que d’habitude. On ne s’en privera pas.

Guillaume Massart

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