La forêt de Mogari

La forêt de Mogari
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La forêt de Mogari
De Kawase Naomi
Éditeur : MK2 Editions
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h40
Sortie : 07/05/2009
Note du film : ******
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FESTIVAL DE CANNES 2007 -Shigeki vit dans une petite maison de retraite sous le regard bienveillant d'une aide-soignante, Machiko. Sans le savoir, tous deux partagent un lourd secret : la perte d'un être cher. A la suite d'un accident de voiture, Shigeki et Machiko se retrouvent seuls et désemparés. Lorsque le vieil homme s'enfonce dans la forêt voisine, Machiko n'a d'autre choix que de le suivre. C'est là, au cœur de cette nature protectrice, qu'ils vont à nouveau se sentir vivants…

TOUTE LA BEAUTE DU MONDE

Un tintement de cloche dans le lointain. Une lente procession funéraire qui chemine au cœur de la campagne japonaise. La Forêt de Mogari, troisième long-métrage de fiction de l’artiste japonaise Naomi Kawase, installe dès les premiers plans une calme sérénité mystique, un recueillement sensuel qui évoque les plus grands maîtres du cinéma contemplatif actuel. On pense notamment et souvent à son cousin thaïlandais Apichatpong Weerasethakul dont le dernier film, Syndromes and a Century, était également une méditation bouddhiste sur le sens des souvenirs et du cycle de la vie et de la mort. Encore plus épuré sur le plan narratif que ses deux premiers et magnifiques longs métrages (Moe No Suzaku et Shara), La Forêt de Mogari se concentre sur deux êtres blessés par la vie, Machiko, l’aide-soignante apeurée et inquiète et Shigeki, le vieil homme touché de sénilité, perdu dans les souvenirs d’un amour perdu. La première partie du film prépare le grand choc émotionnel à venir, certes déjà latent dans les réactions imprévisibles du retraité. Le ton documentaire de Naomi Kawase excelle alors. Elle aime tant ses personnages que son empathie pour eux se propage aux moindres frémissements. Qu’importe le lieu, le sexe ou l’âge. Shigeki et Machiko s’apprivoisent lentement sous notre regard.

BLISSFULLY YOURS

Les présentations ainsi faites, Naomi Kawase peut entrer de plein pied dans son récit d’un impossible mais nécessaire travail de deuil de deux individus qui n’ont pas besoin de mots pour se comprendre, juste d’un regard et de quelques sourires, d’une main posée sur une épaule ou d’un éclat de rires partagé. Peu de longs métrages réussissent comme La Forêt de Mogari à dépasser le cadre même du cinéma pour toucher au mysticisme panthéiste. La Nature japonaise est littéralement magnifiée par la caméra tranquille de Naomi Kawase, sanctifiée par une photographie d’une beauté inouïe et un soin méticuleux apporté à l’environnement sonore. La fugue mélancolique des deux personnages principaux est ainsi comme accompagnée d’un souffle divin. Le ruissellement d’un torrent, une clairière ombragée, un simple tronc d’arbre, le vent, un feu de bois. Shigeki et Machiko font corps avec la forêt, libèrent en elle les douleurs enfouies. Scène sublime du réconfort de la jeune femme par le vieil homme comprenant subitement le passé traumatique de celle-ci. Douceur du regard de la cinéaste qui évite tous pathos et explications inutiles et lacrymales.

MON AMI SHIGEKI

Celui qui n’a jamais écrit une lettre sans destinataire ne comprendra peut-être pas le chagrin de Shigeki, celle qui n’a jamais perdu un enfant la douleur muette de Machiko mais qu’importe. Le travail de Naomi Kawase touche à l’universel et au ressenti. Inutile d’être un expert en Bouddhisme ou un féru de symbolisme nippon pour comprendre le parcours émotionnel de deux êtres qui ont besoin de dépasser leur deuil pour de nouveau exister au monde. La force du film est telle que l’on oublie les acteurs derrière les personnages, notamment la performance lunaire et inoubliable de Shigeki Uda. Avec La Forêt de Mogari, Grand Prix du Jury du 60e Festival de Cannes, la réalisatrice de Shara signe peut-être son plus beau film, en tout cas son plus abouti aussi bien sur le plan de l’écriture que de la mise en scène. Un chef d’œuvre d’une sensibilité absolue, lent crescendo vers une libération apaisante qui clôt la trilogie entamée par Moe No Suzaku. Naomi Kawase a depuis mis en scène un nouveau long-métrage, If Only the Whole World Loved Me, une comédie avec la Japan Idol Kyoko Hasegawa.

par Anthony Sitruk

Bonus

Pas de bonus malheureusement...

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