Holy motors

Holy motors
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Holy motors
De Carax Leos
Éditeur : Potemkine
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h55
Sortie : 06/11/2012
Note du film : ******

De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?

VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU

Vous n’avez encore rien vu : voilà un titre qui irait comme un gant à Holy Motors. On pénètre dans le nouveau film de Léos Carax comme par une porte dérobée, comme celle que Carax entrouvre lui-même dans la première scène de Holy Motors. Léos Carax, pour cette scène, s’est souvenu des mots de Kafka : « Il y a dans mon appartement une porte que je n’avais jamais remarquée jusqu’ici ». Derrière cette porte, un rêve éveillé. Holy Motors est un enchevêtrement de rêveries, de fantasmes de cinéma réunis pour une raison parfaitement triviale : « Holy Motors est né de mon impuissance à monter plusieurs projets, tous en langue étrangère et à l’étranger », commente le réalisateur. A l’arrivée, non pas un assemblage de bric et de broc, mais un film-monde, cohérent alors qu’il abrite dix films en uns, à la fois autiste et généreux, libéré enfin de toute contrainte : Holy Motors est de ces films qui tracent une route qui n’appartient qu’à eux et qui vont partout où ils veulent.

L’addition Carax + Kylie Minogue + Denis Lavant + Eva Mendes + Edith Scob intriguait déjà sur le papier. Comme si un cocktail mélangeait les ingrédients les plus surprenants et opposés. Ce n’est pourtant pas la seule quête de l’originalité à tout prix qui fait la réussite de Holy Motors. C’est la force et la foi de son conte de cinéma, au fil des transformations de Monsieur Oscar (Denis Lavant) et des ses pérégrinations insensées d’un genre à l’autre, hiérarchisées comme pour un rituel religieux : SF, comédie, thriller, drame familial. Surtout, c’est le pur merveilleux né de ces assemblages qui fascine, ce lien onirique entre les différents moi recréés d’un film à l’autre, jeu de masques dans lequel Denis Lavant excelle.

Film sur le cinéma et film sur Carax. Dans Holy Motors, on recroise Merde, le héros de son court métrage de l’anthologie Tokyo !. On se balade aux abords du Pont Neuf là où trainent les fantômes de ses amants. Dans ce chant d’amour au cinéma, les acteurs drainent avec eux images et personnages. Edith Scob, celui, éternel, des Yeux sans visage. Kylie Minogue, l’évanescence cinégénique de son duo avec Nick Cave. On n’en dit pas trop car Holy Motors, plus que tout autre film, s’apprécie vierge comme on entrerait dans un labyrinthe plongé dans le noir, guettant les créatures extraordinaires qui s’y cachent, les yeux grands ouverts. Comme dans une salle de cinéma.

par Nicolas Bardot

Bonus

Les apparitions publiques de Leos Carax étant aussi rares que ses films, on je jette logiquement sur l’entretien du réalisateur (enregistré au dernier festival de Locarno) qui figure sur l’édition blu-ray. Pendant une heure qui en paraît trois, Carax répond aux questions d’un Olivier Père visiblement peu à l’aise et d’un public qui a bien du mal à trouver la bonne approche pour dérider le cinéaste. Celui-ci, timide, fermé, joue le jeu du mieux qu’il peut, mais ses réponses sont courtes, évasives, hésitantes, entrecoupées d’allumages de clopes et de gorgées d’eau. Pas inintéressant, ce module aurait gagné à être remonté. Rabattons nous donc sur l’interview bien plus vivante d’un Denis Lavant ravi de son rôle, qui livre quantité d’anecdotes sur le métier d’acteur et sur les tournages avec Carax. Et plus encore sur le somptueux making of, montrant le tournage, les préparatifs (notamment le nombreux maquillage), ponctué de propos de Denis Lavant, Édith Scob, ou de la chef opératrice Caroline Champetier. Une belle édition, au final, d’autant que la copie du film est sublime, mais on reste légèrement déçu par l’interview de Carax.

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