Harakiri

Harakiri
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Harakiri
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h07
Sortie : 09/05/2012
Note FilmDeCulte : *****-

Au XVIIe siècle, le Japon n'est plus en guerre et le pays est dirigé avec fermeté. Hanshirô Tsugumo, un rônin (samouraï errant) sans travail parmi tant d'autres, décide de frapper à la porte du puissant clan des Ii. Reçu par Kageyu Saitô, l'intendant du clan, il lui demande la permission d'accomplir le suicide par harakiri dans la résidence. Tentant de l'en dissuader, Saitô commence alors à lui raconter l'histoire de Motome Chijiwa, un ancien rônin qui souhaitait accomplir, lui aussi, le même rituel...

Masaki Kobayashi est principalement connu en occident pour trois films très différents : La Condition de l'homme, Kwaidan et celui qui nous occupe aujourd’hui, Harakiri. Tourné juste après La Condition de l’homme, somptueux brûlot antimilitariste de neuf heures, Harakiri semble à première vue être plus classique mais les apparences peuvent se révéler trompeuses. Tout d’abord, ce film d’époque n’est pas vraiment un film d’action, même s’il est marqué par deux scènes flamboyantes : un harakiri extrêmement éprouvant et une magistrale explosion de violence finale. De plus, il ne s’agit pas, comme souvent dans les chambara, d’un film qui nous présente une vision romantique de l’existence des samouraïs. La période choisie, le début de l'ère Tokugawa, a connu en effet une profonde modification du système féodal. Cette époque de paix prolongée et la volonté politique du Shogun ont rendu obsolète l’ensemble des valeurs sur lesquelles s’appuyait la société japonaise de l’époque. Le démantèlement des clans a conduit les héros d’hier à devenir des vagabonds auxquels le code d’honneur qui leur a été inculqué est inutile voire nuisible.

En période de paix, les valeurs du système féodal se révèlent obsolètes et néfastes. Visiblement, la cible de Masaki Kobayashi ne se limite pas à cette ère révolue. A travers ce film, c’est toute la structure hiérarchisée à outrance du Japon des années 60 qui est visée. Le film se révèle en fait très hautement politique, d’où son originalité. Il est à noter que le scénariste, Shinobu Hashimoto, est par ailleurs derrière un bon nombre des meilleurs films du genre dont Rashomon et Les Sept Samouraïs, pour ne citer que ces deux chefs-d’œuvre. Le mode narratif rappelle d’ailleurs un peu celui de Rashomon dans la mesure où différents points de vue se succèdent, se contredisent et s’affrontent pour nous faire découvrir peu à peu la réalité de la situation et les motivations de chacun des protagonistes. Ajoutons enfin qu’Harakiri est un film admirable au niveau formel et que la copie blu-ray proposée par Carlotta Films lui rend totalement justice.

par Anthony Sitruk

Bonus

Ce magnifique blu-ray est agrémenté d’excellents suppléments qui permettent de prolonger le plaisir de la vision du film et de replacer l’action dans son contexte tant historique que cinématographique. La pertinence des deux exposés décrits ci-dessous nous autoriserait presque à conseiller de les visualiser avant de découvrir le film. En tout cas, gageons que vous serez tentés de revoir Harakiri après avoir découvert les suppléments qui vous en dévoilent toutes les subtilités. De l'art de bien mourir (7') nous propose une introduction historique sur la féodalité et la culture japonaise au cœur de l'ère Tokugawa, causerie très pertinente sur le contexte historique du film. Entretien avec Christophe Gans (30') : Celui-ci nous livre un exposé captivant et un éclairage bienvenu offert par un cinéphage passionné qui permettent d’enrichir considérablement l’expérience offerte par Harakiri. Bien entendu, ce film, Christophe Gans le souligne d’ailleurs au cours de l’interview, peut parfaitement être apprécié par des spectateurs qui ne sont pas familiarisés avec l’histoire du Japon. Il faut néanmoins bien reconnaître qu’il ne livre toutes ses richesses qu’une fois certains repères historiques et esthétiques acquis. Bande-annonce d'époque (HD). Celle-ci met l’accent sur l’aspect politique du film en proclamant que le pouvoir féodal est une entrave à la liberté.

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