Femmes femmes
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De Vecchiali Paul
Éditeur : La Vie est belle Éditions
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h00
Sortie : 02/03/2010
Deux comédiennes ratées vivent leurs rêves de gloire dans un appartement de Montparnasse, tapissé de photos de stars des années trente. Au bec, toujours un clope à la main, toujours des verres pleins : elles jouent la comédie jusqu’à plus soif.
L'impression, au fur et à mesure que le film avance, de se trouver face à l'un des plus beaux films du monde, l'un des plus émouvants, des plus frais, des plus poétiques... Une mise en scène incroyable, pourtant improvisée, venant mettre en valeur des actrices sublimes sur un scénario d'une grande finesse (même si, en écoutant le commentaire audio sur la dernière scène, on se rend compte qu'une bonne part de l'intelligence du film ne vient pas du script en lui-même mais d'improvisation sur le plateau). La photographie (très beau noir et blanc granuleux) et la bande son (les bruits d'oiseau pour souligner les simulacres des deux actrices, notamment) achèvent de faire du film un objet en tout point magnifique. Encensé à l'époque par la critique ("le meilleur film français depuis 70 ans") et Pasolini (qui a engagé les deux actrices sur Salo ou les 120 journées de Sodome et leurs fait même rejouer une scène du film, et a souhaité produire un film de Vecchiali pour "l'observer travailler sur le plateau"), Femmes femmes donne envie de découvrir les autres films du réalisateur (Change pas de main est sorti dans un coffret Jean-François Davy chez Opening). Le film donne l’impression de découvrir quelque chose de neuf, jamais vu depuis si ce n’est dans de vulgaires pompages, et qui ferait le pont entre Demy (les passages chantés - qui enterrent tout Les Demoiselles de Rochefort), Pasolini (surtout l'aspect burlesque et libre), Eustache (pour l'aspect désenchanté), etc. Femmes femmes est tout cela à la fois, et en même temps il ne ressemble à aucun de ces films tant Vecchiali les dépasse et ose tout, avec pourtant autant de finesse que de humilité.
Bonus
L’éditeur La Vie est belle voit heureusement les choses en grand, et rend l’hommage qu’il se doit à ce chef d’œuvre absolu du cinéma français. Si chaque bonus est relativement court, il apporte un réel éclairage au film, que l’on peut sans problème revoir sous ce nouveau jour. A ce titre, le commentaire du cinéaste sur la dernière scène reste le bonus le plus passionnant du film, car il apporte un nouveau regard sur une scène déjà belle à en mourir : Vecchiali parle non seulement des méthodes de tournage de cette scène (l’improvisation des actrices, les idées du cadreurs…), mais également des nombreux sens différents du plan final.
Un entretien de Vecchiali, qui revient avec beaucoup d’humilité sur le film, sur la recherche des actrices, l’écriture du scénario, l’accueil au Festival de Venise, la recherche des décors (très bonne anecdote sur le cimetière Montparnasse, est un excellent complément au film. L’entretien avec le scénariste, et un texte de Pasolini lu par Hélène Surgère, sont légèrement moins intéressants car un peu redondants avec les propos du cinéaste.
Reste une édition magnifique (très beau boîtier cartonné), pour un film sublime (on ne cesse de le répéter).
