Clerks II

Clerks II
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Clerks 2
De Smith Kevin
Éditeur : TF1 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h05
Sortie : 06/12/2007
Note du film : ****--
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Douze ans plus tard, Dante et Randal sont toujours vendeurs dans leur bonne vieille supérette et vidéoclub de quartier. Mais quand le Quick Stop et le RST Vidéo brûlent, c’est toute leur vie qui se voit chamboulée.

THE PASSION OF THE CLERKS

Après le très joli Père et fille (2004), on croyait que Kevin Smith avait définitivement rangé sa casquette, ses cheveux longs, son pote Jay, ses vannes crasses et sa contre-culture adolescente au placard et que son désormais statut d’adulte et de père de famille responsable avait irrémédiablement pris le dessus. Mais ses éternels projets que sont le remake de Fletch et Ranger Danger n’avançant pas et ayant abandonné l’idée de mettre en scène l’adaptation du Frelon vert, Smith devait sans doute se poser un maximum de questions quant à une idée scénaristique qui aurait pu synthétiser son renouveau sensitif. De plus, le projet trop vite avorté de Clerks: the Animated Series devait encore lui laisser un goût amer dans la bouche. Alors l’illumination divine a dû se faire presque évidente. Comme Dante et Randal, les héros de son premier film Clerks, sont une sorte de projection de Smith lui-même, l’idée de les revoir dix ans plus tard faire le bilan de leur situation professionnelle (un peu comme lui) et de se questionner encore et encore sur leur avenir et le reste (toujours comme lui) a du être essentielle. Çà, le court métrage The Flying Car (2002) et la pression évidente des fans, même s'il avait pourtant juré que le Viewaskewniverse avait tourné la page et qu’on ne l’y reprendrait plus. Que dalle, oui! Jay et Silent Bob sont bel et bien de retour, tout comme, et surtout, Dante et Randal, véritables icônes de la génération X, cette fameuse génération 90, autoproclamée anti golden boys, fucked-up et no future. Et bordel, ça fait un bien fou de les revoir!

X-MEN EVOLUTION

Lorsque l’on se retrouve douze ans plus tard avec des personnages et un univers que l’on a créés, qui plus est sont devenus cultes, il apparaît évident que les choses se doivent d’avoir évolué, même si les antécédents doivent être cités pour les novices. Et Clerks 2 de ne pas déroger à la règle. Donc, n’en déplaise à certains, cette suite n’est pas un simple copier-coller du premier opus. Non. Il s’agit d’un film qui cite son aîné pour montrer et démontrer comment les choses ont changé. Ou pas. Premier signe clair de changement, le passage à la couleur. Si évidemment cette transition se fait en douceur pour les nostalgiques du premier film, on sent clairement que Smith à voulu passer par cette étape transitoire pour montrer que les choses seront désormais différentes malgré un passif bien ancré et non renié. Les citations référentielles à Clerks, premier du nom, sont aussi évidentes. Sauf que la partie de hockey sur le toit à été remplacée par une démonstration de danse et que les virées en voitures sont plus l’occasion de faire le point que d’affirmer certaines théories. Même l’éternelle et savoureuse discussion sur Star Wars se voit approfondie (nouvelle trilogie et succès planétaire du Seigneur des anneaux, la nouvelle référence, oblige). De plus, là où Clerks se suffisait à lui-même en enchaînant un certain nombre de chapitres placés autour d’un axe principal, Clerks 2 se concentre plus sur son épine dorsale à laquelle se sont greffées quelques saynètes inqualifiables. Est-il alors besoin de justifier le fait que, même s’ils sont toujours collés aux murs pour dealer, Jay et Silent Bob ont eux aussi tourné leur âme vers d’autres horizons. Et ce n’est qu’un début.

LES MEMES EN PIRE

Car évidemment, si le monde change et évolue, il en va de même pour nos deux héros, ces deux maîtres à penser, ces deux philosophes des temps modernes. Même si Randal est toujours aussi affirmatif et catégorique avec de belles interrogations sur les déviances sexuelles, sa rencontre avec un ancien camarade de classe (énorme Jason Lee) va l’entraîner là où il a toujours refuser d’aller: l’observation et l’analyse de sa vie. Et Dante dans tout ça? Toujours le même. Posé mais indécis sur la vie et les femmes, grand angoissé de l’avenir qui préfère foncer tête baissée dans des histoires d’amour irréfléchies et surtout non maîtrisées qui vont irrémédiablement le mener vers une destinée qu’il refuse de s’avouer. Bref, Clerks 2 est un film sur le constat, un film où l’heure de se poser des questions a vraiment sonné. Désormais, tout le monde a mûri (pour ne pas dire vieilli), les élucubrations comme les sentiments, et le film permet de véhiculer une constatation assez proche de Dogma. Car si la version de la religion par Smith était prétexte à affirmer que peu importe ce en quoi nous croyons tant que l’on y croit, ici l’affirmation exprime le fait que peu importent nos choix de vie tant que nous sommes heureux. Certes cette vision de la vie peut paraître naïve, mais on sait pertinemment que Smith y a mis les formes suffisantes (on vous rassure, il possède toujours ce sens inné de la provocation) pour ne pas tomber dans un pathos lourd et sans intérêt et que pour chaque fan du réalisateur et de son univers, ce film puisse s’inscrire logiquement dans la continuité de son œuvre.

THIS IS THE FIRST DAY OF OUR NEW LIFE

Dans ce grand monde qu’est le cinéma indépendant américain, il existe deux réalisateurs phares à la thématique similaire. Deux metteurs en scènes de la génération fâchée avec l’âge mur. Deux témoins du questionnement amoureux qui mettent continuellement en images les doutes et les angoisses de leurs héros dans un monde qui ne les comprend pas. Deux enfants des 90’s, aux mêmes propos. Leurs noms, vous l’aurez deviné, sont Sofia Coppola et bien évidemment Kevin Smith. Mais la comparaison s’arrête là puisque pour aboutir leurs œuvres, chacun y va de son monde personnel et de ses références propres, poésie hype pour l’une, humour déjanté pour l’autre. Et comme à l’accoutumée, pour ce qui est des sentiments, Smith n’y va pas de main morte. C’est aussi pour ça qu’on l’aime. Car pour renouer avec l’esprit de sa fameuse "trilogie du New Jersey" composée de Clerks, Mallrats et de Méprise multiple, il fallait malgré tout revenir vers le fil conducteur qui relie chacun de ces films: l’amour. Ce sentiment confus et rempli de doutes qui lui semble impossible à concrétiser à moins d’une lutte acharnée avec soi-même. Cette impression vertigineuse qui peut en laisser plus d’un sur le carreau et qui demande souvent plus d’attention que l’on ne croit. Bref, tout ce que Smith nous dit depuis maintenant douze ans. Alors bien sûr, Clerks 2 est un film qui atteindra le paroxysme de son potentiel chez les fans inconditionnels, mais il possède tout de même ce petit quelque chose qui lui fera accomplir sa mission chez les spectateurs débutant avec le maître. Et, de ce fait, l’on se met à espérer un éventuel Clerks 3. Un troisième épisode prenant place dix ans plus tard, quand Dante et Randal passeront le fameux cap de la quarantaine. Parce qu’avant tout, ce sont des personnages attachants auxquels on s’identifie et avec qui, pour ne pas dire au travers de qui, on aime évoluer. Et parce que ça sera toujours aussi énorme de les revoir encore une fois.

par Christophe Chenallet

Bonus

Un seul bonus, mais de taille (du moins par l'importance plutôt que par la durée) : un bêtisier sous forme de making-of, et inversement. Le module répond tout simplement à une question bête : comment aboutit-on à un film culte (si tant est que Clercks 2 en soit un) ? 27 minutes de prises ratées, de fous rires sur le plateau, de scènes coupées, qui permettent de mieux visualiser l'ambiance sur le tournage, et d'imaginer l'entente qui régnait entre les différents acteurs et techniciens. Potaches, à l'image du film, laissant la part belle à l'improvisation (les conneries de Jay et Silent Bob), les plans non retenus ajoutent au plaisir sincère pris devant le film.

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