Margot at the Wedding

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Margot, écrivain à succès installée à New York, rend visite, en compagnie de son fils Claude, à sa sœur Pauline, qui vit dans la maison où toutes deux ont grandi. Pauline est sur le point d'épouser Malcolm, un artiste sans emploi, mais ce choix déplait profondément à Margot.

LA FAMILLE FOLDINGUE

Réalisé en 2007 et resté inédit chez nous malgré son casting, Margot at the Wedding est, selon les dire de Noah Baumbach, placé sous le signe de la nouvelle vague. On retrouve effectivement un petit peu cette influence dans les lumières crues les plus réalistes possibles, et dans le récit qui privilégie les dialogues et la caractérisation à l’évolution de l’action, mais surtout dans le titre, qui fait directement référence à Pauline à la plage de Rohmer. Les deux héroïnes du film se prénomment en effet également Pauline et Marion, sauf que Margot… représenterait d’une certaine manière l’envers du décor rohmerien, où les héroïnes seraient devenues sèches et névrosées, voir carrément méchantes. Pourtant on retrouve bien l’univers ouaté et nostalgique des Berkman se séparent, ici bercé par quelques ballades de Blondie. Mais derrière cet aspect bucolique se cache un portrait acide d’une famille forcée de cohabiter bon gré mal gré, où la moindre partie de croquet devient le lieu de toutes les tensions et violences refoulées. Le film s’ouvre par une scène où un jeune garçon s’assoit à coté d’une dame qu’il prend pour sa mère et commence à lui parler avant de s’apercevoir de sa méprise et de bafouiller des excuses. En quelques secondes le ton du film, à la fois amer et moqueur, est donné, ainsi que son thème principal : des membres d’une même famille qui ne se reconnaissent même plus. Les deux sœurs n’arrêtent pas de se dire « meilleures amies », mais à la fin, la vérité sortira : « on n’a jamais été proches ». Les dialogues, à l’image des jugements tranchants énoncés par Margot à l’égard de tout le monde, sont à la fois cruellement crédibles, drôles et tristes, toujours un peu humiliant. A tel point qu’on pense parfois à Todd Solondz, en plus sentimental, plus nuancé. On discute de sévices sexuels entre deux fabrications de bracelet, ou on éclate de rire en se rappelant d’un viol familial, mais l’émotion est bel et bien là. La cruauté involontaire des personnages virerait au film d’horreur psychologique glaçant s’il n’y avait pas non plus de l’humour, fut-il un peu désabusé.

C’est d’ailleurs amusant de voir ici Nicole Kidman tenir, avec le talent qu’on lui connait, le personnage de loin le moins aimable de sa carrière, et dans un film qui ne l’est pas forcément immédiatement non plus. Elle est exceptionnelle en Bree Van de Kamp sinistre, control freak des sentiments étouffante et étouffée, incapable de se retenir de juger. Face à elle, Jennifer Jason Leigh est tout aussi impressionnante en tête de mule bourrée aux médicaments. Au final, le film est tout de même loin de se résumer à sa galerie de monstres, surtout parce qu’il évite très finement et en permanence tout cynisme. Et sans virer au happy end, le film se termine sur un élan sentimental qui n’est pas sans rappeler celui des Berkman se séparent.

par Gregory Coutaut

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