Tonnerre de feu

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Frank Murphy, un ancien du Vietnam, est choisi pour être le pilote du Tonnerre de feu, hélicoptère doté d'une force de frappe exceptionnelle et spécialement conçu pour tout voir et tout entendre.

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1984

Quelques années après le carton planétaire de La Fièvre du samedi soir (1977), John Badham essuie deux échec consécutifs avec Dracula (1979) et C’est ma vie après tout (1981), qui le remettent un peu en place dans le système grandissant des puissants hollywoodiens. Qu’a cela ne tienne, le futur réalisateur de Comme un oiseau sur la branche reprend le taureau par les cornes et s’engage dans une trilogie personnelle, presque anti-militaire, où les nouvelles techniques de pointe utilisées comme armes au service d’un gouvernement sont pointées du doigt. Moins politisé et surtout moins virulent dans ses propos ou dans le ton de ses films que ne le sera Paul Verhoeven quelques années plus tard avec Robocop (1987) et Starship Troopers (1997), le message n’en reste pas moins important à ses yeux, même si le traitement qu’il utilise est très en deçà du potentiel évident. Alors pour ce nouveau thème qui sera utilisé dans deux autres films, à savoir Wargames (sorti lui aussi en 1983) et Short Circuit (1986), Tonnerre de feu essuie quelque peu les plâtres et le discours paraît assez balbutiant tant il semble presque perdu au milieu d’un simple thriller. Malgré cela les intentions restent palpables puisque le propos direct du film est porté sur la liberté d’autrui et des choix de chacun quant à son désir de ne pas vouloir être surveillé face à une armée/administration toujours plus puissante qui aimerait contrôler et ficher les faits et geste d’un maximum de personnes pour montrer sa puissance et son contrôle à l’état. Une sorte de variation sur le thème du "Big Brother" de Georges Orwell, placée au travers de l’évolution mécanique d’un appareil volant.

CONVERSATION SECRETE

"Les armes et systèmes de surveillance électronique montrés dans ce film sont actuellement en usage effectif aux Etats-Unis". En ouvrant carrément son film sur ce message, Badham pense jeter un pavé dans la mare et secouer frontalement le spectateur. Erreur, le caractère informatif voire préventif fait plutôt entrer le film dans le style lourdaud d’un réalisateur engagé mais plutôt révolutionnaire de salon. Si l’on peut comprendre cet investissement frondeur, imposer cette réalité de la sorte tient plus du pamphlet militant facile que du réel constat qu’il veut nous faire partager. D’autant que le thème du film, dans sa continuité, se voit être gentiment édulcoré par rapport aux premières versions du script de Dan O’Bannon. En effet, jugé politiquement incorrect, le scénario initial est changé (massacré selon les dires du scénariste) par Badham et les producteurs peu enclins à laisser des propos trop directs et radicaux : l’histoire était basée sur des agents de terrain type "cow-boy" qui violaient tranquillement la loi, et en toute impunité, autant qu’ils le pouvaient (source Mad Movies n°203). Evidemment, à l’époque du film (celle de l’ère républicaine Reagan), il était tout simplement inconcevable de laisser passer de tels propos équivoques de manière non détournée. Ou quand Hollywood police ses films au détriment de la force d’une histoire ou de l’impact d’un discours, pour ne pas choquer une opinion publique un brin lobotomisée.

ENNEMI D’ETAT

Les dés étant désormais pipés, la partition originale devenue faussée, l’intrigue prend alors le pas sur la critique et devient ce petit thriller parfois inspiré, parfois mou du genou, qui voit la lutte entre deux anciens partenaires du front vietnamien se tirer la bourre pour savoir qui est le meilleur pilote, sachant que l’un des deux est un militaire au service d’un gouvernement sans scrupules et exécuteur des basses besognes (Malcolm McDowell) et l’autre est un gentil policier (Roy Scheider) qui s’amuse dans le ciel aux commandes de son engin à rotors et qui se retrouve embarqué malgré lui sur la voie du complot. Intrigue classique qui voit le bien triompher du mal, mais avec une pointe d’amertume, Tonnerre de feu n’invente pas la poudre, l’eau chaude ni le fil à couper le beurre, mais se savoure comme un polar on ne peut plus classique (avec cependant quelques subtilités scénaristique dans son discours sur le fichage des données personnelles des individus ainsi que sur le système d’écoute interne et de vérification) avec tout de même un arrière-goût amer de produit non définitif et à mille lieues de certains pamphlets filmiques autrement plus subtils et efficaces du cinéma des années 70, et orchestrés par des réalisateurs un peu plus virulents que l’on ne bâillonnait pas systématiquement. Même s’il reste cependant quelques séquences plaçant suffisamment d’éléments et autres pièces de puzzle pour faire avancer la thématique en filigrane, comme cette scène de l’essai privé de l’hélicoptère essuyant quelques dommages collatéraux mais qui passent pour raisonnable aux yeux de l’entité militaire, on trouvera Badham un peu plus inspiré sur la suite de sa trilogie.

par Christophe Chenallet

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