Short Circuit

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Short Circuit
États-Unis, 1986
De John Badham
Avec : G.W. Bailey, Steve Guttenberg, Ally Sheedy, Fisher Stevens
Photo : Nick McLean
Musique : David Shire
Durée : 1h38
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Robot participant à une expérience scientifique, Numéro 5 développe une intelligence artificielle et des caractéristiques humaines à la suite d’un court-circuit. Il essaie alors d'échapper à sa condition de robot et s'enfuit, trouvant refuge dans la maison d’une jeune femme. Pendant ce temps, les autorités et le créateur du robot organisent sa traque.

WHO’S JOHNNY ?

Qui, enfant ou adolescent, n’a jamais voulu avoir un robot domestique (ou un extra-terrestre) qui soit à la fois votre camarade de jeu, votre ami imaginaire et votre ange gardien? Tout le monde n’est-ce pas? Tout le monde sauf Stéphanie (Ally Sheedy, alors en pleine gloire), jeune femme écolo et portée sur l’adoption des animaux délaissés, qui dénigre presque toute avancée technologique, surtout lorsqu’elle est créée pour le profit. Mais comme les choses sont bien faites à Hollywood, son chemin va croiser celui de Newton Crosby (Steve Guttenberg, lui aussi en pleine ascension), technicien et créateur dudit robot, plus porté sur les rêves d’enfant que sur l’utopie d’une armée surpuissante. Et de ce faux triangle amoureux entre une femme, un homme et une machine, va naître une sympathique idylle coincée dans une comédie d’aventures à la sauce SF comme on n’en fait plus, pour tous les spectateurs de 7 à 77 ans. Comme quoi certaines vieilles recettes sont toujours les plus efficaces dans un monde où l’on cherche désormais l’originalité à tout prix et où l’on se cache derrière de faux prétextes pour tout exploser à grands renforts d’effets spéciaux servant plus de cache-misère que de réel apport au scénario. Ajoutez à cela un deuxième niveau de lecture où l’on parle de profit et de pouvoir, et vous obtenez le parfait petit film au rythme millimétré et à l’histoire certes légère mais pas si creuse que cela.

LIFE IS NOT A MALFUNCTION

Au contraire de Tonnerre de feu et de Wargames (tous deux de1983), John Badham choisit de traiter le dernier volume de sa trilogie concernant les méfaits éventuels de la technologie, sur le ton de la comédie. Et après avoir ciblé, sur ses deux précédents opus, les adultes et les adolescents, Badham oriente cette fois-ci, presque logiquement, son regard vers les préadolescents et les enfants, en leur montrant le défi robotique et les éventuelles conséquences d’une mauvaise utilisation, notamment par l’éternel ennemi qu’est, à ses yeux, l’armée. Au départ, le film était prévu comme un thriller technologique noir, où Numéro 5 se retrouvait en méchant officiel bardé d’armes sophistiquées et à la puissance de feu ingérable. Mais le potentiel du robot et sa crédibilité face à des films plus réussis, "futuristiquement" parlant, comme Terminator (1984), ont laissé à Badham et ses scénaristes le loisir d’orienter le film vers un ton plus comique, un genre qu’il portera ensuite, et avec succès, sur plusieurs autres films (Etroite Surveillance, 1987, Comme un oiseau sur la branche, 1990, La Manière forte, 1991). Opportuniste John Badham? Ou bien fin analyste des goûts d’un public gavé d’images futuristes apocalyptiques? Car à l’époque, suite au succès du film de James Cameron, des dizaines d’autres productions de tout genre mais surtout de seconde zone tentent d’obtenir un hit dans leur catalogue respectif en créant des ersatz de robot tueurs venus du futur pour tout décalquer sur leur passage. Et Badham de prendre tout le monde à contre-pied en sortant son Short Circuit à mille lieues de là où on pouvait l’attendre.

SUCKERFACE

Et l’on peut très vite s’apercevoir que ce choix ce fut plutôt judicieux car, pour le réalisateur, c’est aussi l’occasion d’aborder son thème de prédilection du moment sous un autre angle, ludique. Car même si le look du Numéro 5 peut paraître froid (après tout il conserve cette espèce de squelette croisé entre un E.T. mécanique et les énormes machines de Terminator), ses expressions faciales et sa bonhomie auront autant raison des héros que des spectateurs. Et avec les personnages de Stéphanie et de Newton, deux grands adulescents pas si différents que ça, Badham arrive à conclure sa trilogie sur un ton plus léger, voire parfois enfantin. Ainsi, il laisse dire, au travers de la barrière défensive qu’il a construit pendant trois films, que le progrès peut aussi avoir ses bons côtés et que l’évolution humaine, puisqu’elle aura désormais à faire avec cette technologie sans cesse grandissante, devrait apprendre à domestiquer et à adopter cette avancée, plutôt que d’en tirer des profits militaires. Domestication qui pourrait passer à la fois par l’apprentissage technologique (après tout Numéro 5 passe son temps à demander des "infos" par le biais de la lecture ou de la télévision, à l’image des extra-terrestres d’Explorers de Joe Dante, sorti l’année précédente) comme humain (les deux héros apprennent à laisser parler leurs sentiments et arrivent enfin à faire fi de leurs a priori). Short Circuit, leçon d’humanité et de tolérance? Oui, mais en sous-lecture d’un produit qui cherche avant tout à satisfaire un public venu chercher un film estival fun et décomplexé comme seuls les Américains savent en faire.

par Christophe Chenallet

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