Paul Newman

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Acteur
États-Unis
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C’est l’un des acteurs les plus populaires d’Hollywood. Il aura su, comme seulement très peu de ses confrères, être plus qu’un effet de mode, passant du statut de playboy au regard bleu piscine à celui de star respectée pour son travail et son intégrité.

GRAINE DE CHAMPION

Elevé au T-bone et au maïs dans une banlieue un peu endormie de Cleveland, Paul Newman aura une éducation assez marquée par la religion dans la forme la plus tolérante de celle-ci : son père est d’origine juive et sa mère une catholique de Slovaquie. Cet environnement lui forgera un caractère ouvert et empreint d’une grande moralité. Peu décidé à reprendre le magasin d’articles sportifs que tient la famille, il se tourne très tôt vers le théâtre, chose que sa mère encourage en sous-main. Mais son adolescence à peine terminée, et avec l’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbor, il doit rejoindre les rangs des soldats sur le front Pacifique, même si son daltonisme le confinera à des missions logistiques. De retour sur la côte Est après l’armistice, il s’empresse d’obtenir un diplôme qui l’emmènera dans la prestigieuse université de Yale, département art dramatique, et surtout intègre l’Actor’s Studio en 1952, sous la direction du maître Lee Strasberg, expérience qui sera son sésame pour Broadway. Tout entier porté vers sa passion, il représente alors exactement le type d’acteur recherché pour les productions de l’époque : beau gosse et voyou comme Marlon Brando ou James Dean, il ne met pas longtemps à éreinter les planches et son nom est vite synonyme d’espoir du métier. On le retrouve dans Doux Oiseau de jeunesse aux côtés de Geraldine Page – une adaptation cinéma sera réalisée en 1962 avec Kim Stanley, future étoile de Broadway. Et quand les producteurs d’Hollywood lui font des ponts d’or, il se paie le luxe d’hésiter, rebuté par le mode de vie superficiel et vénal de l’usine à rêves.

SEXY BEAST

Malgré un bout d’essai peu concluant pour A l’Est d’Eden, il percera dans les salles obscures avec des films proches de sa sensibilité (Marqué par la haine, 1956, et Le Gaucher en 1958), souvent adaptés de textes novateurs ou subversifs. Ainsi son rôle de Brick dans La Chatte sur un Toit brûlant, adapté de Tennessee Williams, où il joue un dur aux pieds d’argile et confronté à la colère de son épouse qui lui reproche son indifférence, alors qu’il doit lui-même faire face à un passé occulte teinté d’homosexualité. Cette faculté d’adaptation et d’ouverture d’esprit, encore une fois, lui permet d’ouvrir sa carrière à tous les horizons et genres, lui offrant au passage un vrai statut de tête d’affiche qui enchaîne les succès : Exodus, L’Arnaqueur, Le plus sauvage d’entre tous marquent le début des années 60 jusqu’à une série de rôles où sa personnalité de rebelle sexy reprend définitivement le dessus : Luke la main froide en 1967 et surtout Butch Cassidy et le Kid en 1969, où il forme un duo au sex appeal de choc avec une autre icône de l’époque, Robert Redford, et avec qui il fera un triomphe planétaire avec L’Arnaque de George Roy Hill en 1973. Volontiers comparé aux autres comédiens de son calibre, il ne se laisse pas démonter, comme pendant le tournage de La Tour infernale, durant lequel il s’écharpe cordialement avec un Steve McQueen écoeuré de ne pas avoir l’exclusivité de l’attention de ces dames. Un pur duel dopé à la testostérone comme l’époque en est friande avec l’avènement d’une génération de héros bad boys : Al Pacino, Robert de Niro, Gene Hackman entre autres. Paul Newman, en plus d’être un interprète accompli, passe aussi derrière la caméra en 1968 avec Rachel, Rachel où il met en scène sa femme Joanne Woodward en vieille fille qui doit un jour prendre les décisions essentielles de sa vie sur un mode pré-cassavetien. Sensible et subtil, ce coup de maître est remarqué par les Oscars où il est cité quatre fois dans les catégories les plus prestigieuses. Par la suite, Newman reviendra à plusieurs reprises à la réalisation (Le Clan des irréductibles, 1971, La Ménagerie de verre, 1987), et même au scénario (L’Affrontement, 1983), faisant preuve à chaque fois d’un savoir-faire que certains artisans d’Hollywood pourraient envier.

UN HOMME D’EXCEPTION

Même si la maturité n’est plus forcément synonyme de pactole au box office, l’acteur reste dans les projets les plus intéressants, et aussi toujours dans l’attente d’une reconnaissance de ses pairs. En 1985, à 59 ans, après de multiples nominations restées stériles, l’Académie lui remet un Oscar d’honneur pour sa carrière. Un peu amer de ne pas avoir été récompensé dans une vraie compétition en battant qu’il est, c’est à la régulière que la statuette lui revient un an après pour La Couleur de l’argent dans une reprise du rôle d’Eddie « Fast » Nelson qu’il avait tenu vingt-cinq ans auparavant dans L’Arnaqueur. Dans le même temps, il fait part de son désir de se consacrer davantage à la course automobile – il fondera même une écurie – et surtout à sa marque de produits alimentaires distribuée dans le monde entier (avec le célèbre « ce qui est gênant c’est que ma vinaigrette rapporte plus que mes films ») et dont les bénéfices sont reversés à des fondations pour les enfants maltraités et victimes de guerre. En 2005, on estime que plus de 200 millions $ auraient directement été versés par l’action de Paul Newman. Son activisme politique pro-démocrate, du même feu que celui de Jane Fonda, fait aussi partie du personnage entier et avide de justice qu’il est. Les années 90 seront marquées par des apparitions fugitives mais à chaque fois saluées par la critique et la profession, et aussi par le doublage de documentaires consacrés aux hauts faits de l’histoire automobile, avant un nouveau coup d’éclat dans Les Sentiers de la perdition en 2002, dans lequel la longévité de son talent léonin continue d‘impressionner. Pour autant, épuisé par un cancer des poumons qui le ronge depuis des lustres, il s’affaiblit peu à peu jusqu’à disparaître de la scène hollywoodienne en confiant « Vous commencez par perdre la mémoire, puis votre confiance en vous, puis tout le reste. Il faut bien refermer le livre après la dernière page. ». Dont acte.

par Grégory Bringand-Dedrumel

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