Joan Fontaine

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Actrice
États-Unis
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Lorsqu’on lui a demandé comment elle souhaiterait mourir, Joan Fontaine a répondu : « A 108 ans, voltigeant sur scène dans le rôle de Peter Pan, parce que ma sœur aura coupé les câbles ». Elle ajoute : « Olivia [de Havilland, ndlr] a toujours dit que j’étais la première pour tout : la première à me marier, à gagner un Oscar, à avoir un enfant. Si je meurs, elle sera furieuse, parce qu’encore une fois j’y serai parvenue avant elle ! ». Joan Fontaine, l’une des dernières légendes hollywoodiennes, lauréate d’un Oscar pour Soupçons, est décédée. Retour sur sa carrière…

LAST NIGHT I DREAMT I WENT TO MANDERLEY AGAIN

Dans son autobiographie No Bed of Roses, parue en 1978, Joan Fontaine ne se ménage pas et déclare être insatisfaite de la plupart de ses performances. Elle recevra pourtant trois nominations aux Oscars, et en remportera un, pour Soupçons, devenant la seule actrice d’Hitchcock à être récompensée par la statuette. Joan de Beauvoir de Havilland naît en 1917 au Japon, où travaille son père. Elle est la sœur cadette d’Olivia de Havilland, qui, enfant, sera sa rivale, et le restera lorsqu’elles seront actrices. Les anecdotes juteuses fourmillent au sujet de leur mésentente, culminant le soir des Oscars où Joan est sacrée… face à sa sœur. Elle trouve un premier petit rôle en 1935 dans La Femme sa vie de George Cukor, aux côtés de Joan Crawford. Joan, devenue Fontaine (nom qui vient de sa famille maternelle et qui lui a été soufflé par une diseuse de bonne aventure), fait ensuite une toute petite apparition dans Quality Street de George Stevens avec Katharine Hepburn. Elle louera le perfectionnisme de Stevens qu’elle retrouvera quelques mois plus tard sur le tournage de la comédie musicale Demoiselle en détresse. « Un titre tout à fait approprié », commente l’actrice avec ironie. On se souvient notamment d’une scène où Joan danse très péniblement avec Fred Astaire, ses pas maladroits à peine cachés par quelques branches d’arbre. Lors d’une projection du long métrage, Fontaine se souvient avoir entendu une spectatrice soupirer derrière elle : « elle est atroce non ? ». Le film, assez sympathique, sera un échec au box-office.

Katharine Hepburn, qu’elle a croisée sur le tournage de Quality Street, l’a pourtant remarquée, et la recommande. Elle intègre le cast all-star de Femmes, réalisé par George Cukor, face à Joan Crawford, Norma Shearer ou Paulette Goddard. Un an plus tard, l’actrice explose. Lors d’une réception, Fontaine parle du roman Rebecca de Daphne du Maurier avec le producteur et pharaon David O. Selznick. Celui-ci l’invite à passer le casting de l’adaptation qui se prépare. Les plus grands noms se pressent pour obtenir le rôle, et on parle notamment de Vivien Leigh, compagne de Laurence Olivier (déjà engagé sur le film) qui n’aurait aucun mal à l’emporter face à une nouvelle venue. Mais Joan Fontaine obtient le rôle. Le tournage ne sera pas une sinécure. Olivier l’a mauvaise, Hitchcock encourage le cast à l’isoler pour que sa performance de Mrs de Winters soit encore meilleure. Rebecca obtient 11 nominations aux Oscars (dont une pour Joan), est sacré meilleur film, et est devenu un classique increvable. Un an plus tard, Fontaine remet ça avec Hitchcock sur Soupçons où le réalisateur exploite à nouveau le minois innocent de l’actrice dans un personnage fragile faisant face à la menace : celle d’un verre de lait par exemple. Cette fois, Joan Fontaine gagne l’Oscar, face à une pointure comme Bette Davis (dans La Vipère). Elle sera nommée une nouvelle et dernière fois en 1944 pour Tessa, la nymphe au cœur fidèle.

Un an auparavant, elle est la Jane Eyre de l’adaptation de Robert Stevenson, où ce dernier est malmené par Orson Welles (engagé pour jouer Edward Rochester). Fontaine fait part de son respect pour Welles, s’amuse de voir l’acteur se vanter chaque jour de ses conquêtes féminines tandis que chaque soir il repart avec un mignon différent. L’actrice trouve un rôle plus contemporain, moins lisse, avec le drame From This Day Forward, qui tranche avec ses interprétations de grandes héroïnes romantiques ou glamour. L’année suivante, elle croise la route de deux grands réalisateurs : Max Ophüls et Billy Wilder. Avec le premier, elle tourne l’un de ses films les plus renommés, Lettre d’une inconnue. Sa collaboration avec Wilder, La Valse de l’empereur, est souvent considérée comme un film mineur. Cette romance autrichienne avec une Joan méga-choucroutée est pourtant absolument charmante.

Les années 50 seront un peu moins généreuses avec l’actrice. La Femme aux maléfices de Nicholas Ray est un échec. Elle fait partie du casting d’Ivanhoe de Richard Thorpe, gros succès au box-office qui la voit notamment batailler avec de mini-glaives en bois aux côtés de Liz Taylor. C’est pour le casting et le tournage en Europe qu’elle a accepté ce film. Elle refuse le rôle de Deborah Kerr dans Tant qu’il y aura des hommes. Se rattrape en remplaçant Jane Greer sur Bigamie d’Ida Lupino, l’une des rares réalisatrices américaines des années 50. Celle-ci utilise avec talent la fausse froideur de l’actrice dans un film au sujet alors brûlant. Quelques années plus tard, c’est la relation qu’entretiennent son personnage et celui incarné par Harry Belafonte dans Une île au soleil qui réveille les racistes de tout poil. Entre temps, Joan Fontaine tourne l’un de ses derniers films marquants : L'Invraisemblable Vérité de Fritz Lang. En 1961, elle traverse sans illusion le gentil navet Le Sous-marin de l'apocalypse où elle joue un docteur le sourcil éternellement circonspect (l’une de ses signatures : le sourcil relevé de Joan Fontaine, les héros de films d’animation d’aujourd’hui lui ont tout pompé) qui finit par se faire bouffer par des requins (c’est le mieux qui pouvait lui arriver). Quelques années plus tard, elle apparaît dans Les Sorcières, qui n’est pas vraiment le climax des productions de la Hammer.

Parallèlement à sa carrière cinématographique, Joan Fontaine joue au théâtre. Sa performance dont elle est la plus fière : l’adaptation du Lion en hiver, l’actrice confiant que le rôle d’Aliénor d’Aquitaine était l’un de ses préférés. Joan Fontaine a été mariée et divorcée 4 fois. « Quel est votre handicap ? », lui a-t-on demandé lors d’une partie de golf. « Les hommes », a-t-elle répondu. A partir du milieu des années 70, elle n’apparaîtra plus que quelques fois à la télévision. Lors du questionnaire Proust auquel elle a répondu en 2008, quand on lui demande dans la peau de qui elle aimerait revenir, Joan Fontaine répond : « En moi. En faisant bien les choses cette fois-ci ! ». Joan Fontaine avait 96 ans.

par Nicolas Bardot

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