Entretien avec Yeun Sang-Ho

Entretien avec Yeun Sang-Ho

Découvert à Busan puis retenu dans la sélection de la Quinzaine des réalisateurs, The King of Pigs est désormais présenté dans le cadre de la compétition au Festival Paris Cinéma. Projet atypique monté avec un budget extrêmement réduit, The King of Pigs, premier long métrage de Yeun Sang-Ho, raconte le quotidien de quelques collégiens et décrit une lutte en classe qui est aussi une lutte des classes. Entretien avec le réalisateur.

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FilmDeCulte : Quel a été votre parcours avant la réalisation de The King of Pigs ?

YSH: Je me suis consacré à l'animation dès la fin de mes études. Avant de réaliser The King of Pigs J'ai écrit et réalisé deux courts métrages : Love is Protein et The Hell: Two Kinds of Life. Je me suis d’ailleurs inspiré de ce dernier pour deux séquences du film.

FdC : The King of Pigs est un film d’animation assez singulier. Comment produit-on un tel film aujourd’hui en Corée ?

YSH: Comparé aux autres films d'animation, le contenu de The King of Pigs est effectivement très sombre et cruel. Cela a rendu la recherche de soutien financier assez difficile. J'étais décidé à réaliser le film quoi qu’il advienne, même pour un tout petit budget. Et au final, on est parvenu à le monter avec des moyens extrêmement réduits.

FdC : Cette histoire de lycée est vue à travers des yeux d’adultes. Dans quelle mesure, selon vous, "The King of Pigs" part de querelles de lycéens pour parler, finalement, de lutte des classes ?

YSH: Tout à fait. Dès le début, j’ai envisagé cette histoire comme une fable sur les classes sociales, et c’est pour cela que j'avais besoin de la situer dans une école. Mais au final peu importe que l’on considère que le film parle de problèmes scolaires ou de problèmes de classe. Car il s’agit bel et bien d’un seul et unique problème.

FdC : Vous avez dit avoir été inspiré par le manga Himizu. Avez-vous vu son adaptation cinématographique réalisée par Sono Sion ?

YSH: Je n'ai pas vu l'adaptation réalisée par Sono Sion, mais j'aime beaucoup le manga de Furuya Minoru, qui m’a effectivement beaucoup influencé pour la réalisation de ce film, en particulier par sa façon d'exprimer des émotions par le seul pouvoir des images.

FdC : Vous avez d’abord présenté The King of Pigs à Busan. Quel poids a un tel festival dans la production cinématographique asiatique ?

YSH: Le Festival de Busan est le festival coréen le plus renommé à l'étranger. Il a un véritable rôle clef dans le lancement de la carrière de nombreux jeunes cinéastes, en leur permettant entre autres de rencontrer des journalistes et des programmateurs du monde entier. Si King of Pigs n'avait pas été montré à Busan, le film aurait eu beaucoup plus de mal à se faire connaitre à l’étranger.

FdC : Quels sont les cinéastes coréens ou étrangers que vous appréciez ?

YSH: En Corée, j'admire particulièrement Lee Chang-Dong. Parmi les réalisateurs d'animation, j'adore Satoshi Kon, qui est décédé il y a bientôt 2 ans.

FdC : Quels sont vos projets ?

YSH: Mon prochain projet s'intitule The Fake, et parlera de l’artificialité des religions sous un angle tragique. Le film confrontera des personnages faibles qui s’accrochent à leurs croyances par besoin, et d’autres qui cherchent à les exploiter. Je suis entièrement occupé par ce projet, j'espère pouvoir le montrer dès l'an prochain.

Entretien réalisé le 27 juin 2012

par Nicolas Bardot

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