Entretien avec Virgil Vernier

Entretien avec Virgil Vernier

Quoi de neuf en France aujourd’hui ? D’Orléans à Mercuriales, Virgil Vernier s’est imposé comme une des voix les plus singulières et passionnantes parmi les jeunes cinéastes de l’hexagone. L’ovni onirique Mercuriales ne ressemble à peu près à rien de ce que vous avez pu voir auparavant. Il en salles ce mercredi 26 novembre. Entretien express avec son réalisateur…

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Mercuriales comme Orléans accorde une grande place aux mythes et légendes, une dimension à la fois historique et onirique qui transcende le quotidien des personnages. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce mélange entre réalisme et merveilleux ?

Dans ce film, j’ai voulu que le destin des personnages ressemble à celui des héros de contes, des tragédies grecques. Quand je regarde l’urbanisme d’une ville, je ne peux pas m’empêcher de penser à des images de villes mythiques. Si on regarde un événement anodin en le mettant en perspective avec l’histoire, ou avec des symboles, il se met à devenir emblématique. Je pense que le merveilleux est présent partout autour de nous. Il est là, dans la rue, il faut juste le guetter. Les films ou la photographie permettent de le saisir, de le révéler.

Vous avez dit en interview avoir fait lire La Cloche de détresse à l’une des vos actrices pour préparer le film. Quel lien établissez-vous entre l’héroïne de Sylvia Plath et celles de Mercuriales ?

La fille de La Cloche de détresse comme celle de Mercuriales ressent le monde tragiquement, elle n'arrive pas à prendre l’existence avec légèreté. Des histoires du passé la hantent. Elle passe des nuits blanches dans son lit, les yeux ouverts... Elle traverse un moment de sa vie où elle ne voit pas d’issue.

Mercuriales est extrêmement singulier. Quels sont les cinéastes que vous admirez ? Ceux qui vous inspirent ?

Ceux qui m'inspirent le plus, ce sont surtout des musiciens, des artistes, des écrivains: Sylvia Plath oui, mais aussi Carson McCullers, Flannery O’Connor. Quand j’écris, j'écoute surtout de la musique. Ça me met en transe! Mais l’inspiration vient surtout dans la rue, en marchant ou en voyant des situations, en rencontrant des gens. En fait, c'est la vie en général qui est inspirante. Ce qui se passe à la télé, dans les médias, sur internet. Des émissions de télé-réalité, les faits divers du jour, des photos amateurs sur internet. Tout ça ce sont des signes du présent qui donnent des idées. Dans l’idéal j'aimerais qu'on voie Mercuriales sans penser à d'autres films, sans référence culturelle. Le spectateur idéal serait un individu totalement innocent, sans connaissance de l'histoire de l’art. Moi-même en faisant ce film, j’ai tenté de me libérer de toutes mes influences et de faire un film totalement tourné vers le présent.

Entretien réalisé le 29 juin 2014. Un grand merci à Karine Durance.

par Nicolas Bardot

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