Étrange Festival: Entretien avec Todd Hughes & P. David Ebersole

Étrange Festival: Entretien avec Todd Hughes & P. David Ebersole

Il y a 50 ans jour pour jour, le 29 juin 1967, l'actrice Jayne Mansfield disparaissait dans un tragique accident de voiture. Mais son aura culte reste bien vivante, et c'est ce pouvoir de fascination qu'explorent les Américains Todd Hughes et P. David Ebersole dans leur documentaire Mansfield 66/67. A l'occasion de cette date spéciale, nous vous proposons un focus spécial sur la star. Hughes et Ebersole nous parlent de leur film mais aussi du rayonnement encore aujourd'hui de Jayne Mansfield...

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Comment est né Mansfield 66/67 ?

Todd: Quand j’étais un jeune garçon, ma mère s’intéressait aux sciences occultes et possédait beaucoup de livres des années 70 à ce sujet, notamment La Bible satanique d’Anton LaVey. Elle m’a raconté comment une superbe star du cinéma s’était mise nue à l’Église de Satan et a ensuite été décapitée dans un accident de voiture. Cette histoire est toujours restée en moi et quand j’en ai parlé à P. David, on a décidé d’en faire un scénario de fiction. Ce scénario reste à faire, et quand le temps est venu de faire un nouveau documentaire, on s’est mis d’accord sur cette histoire.

Comment vous est venue l’idée d’inclure des parties reconstituées et dansées dans votre documentaire ?

P. David: On voulait depuis le départ que le générique de début soit un hommage à La Blonde et moi. A l’origine, la danse devait être exécutée par l’artiste drag John Cantwell. Grâce à Larra Anderson qui est productrice et directrice de la photographie du film, nous sommes devenus artistes en résidence à la Leeds Beckett University au Royaume-Uni, où on nous a donné accès aux écoles de cinéma, de danse, de musique et d’animation. Nous avons collaboré avec une centaine d’étudiants et on a considérablement élargi le spectre initialement envisagé de reconstitutions.

Dans quelle mesure diriez-vous que votre film est à la fois sur Jayne Mansfield mais aussi sur les mutations culturelles aux Etats-Unis ?

Todd: Utiliser Jayne en tant que prisme pour comprendre les immenses changements en ce qui concerne la sexualité, la spiritualité, le nationalisme et le féminisme était très important pour nous. Il s’est passé tellement de choses et, de façon tout à fait remarquable, Jayne était en première ligne de tout cela ; c’est une femme qui incarne le passage des années 50 aux années 60. Qui savait qu’elle était une activiste pacifiste anti-Guerre du Vietnam ? Sa mort correspond, en quelque sorte, au début d’un mouvement pour le droit des femmes. Et le fait qu’elle ait flirté avec le satanisme l’année où Time Magazine s’est demandé « Is God Dead ? » (Dieu est-il mort ?) est également tout à fait fascinant.

50 ans après sa mort, Jayne Mansfield reste une figure culte. Elle à la fois le sujet d’un livre comme Jayne Mansfield 1967 de Simon Liberati ou l’inspiration de la drag queen Jaymes Mansfield. Qu’est-ce qui à vos yeux explique cette aura ?

P. David: Plus on a avancé dans ce projet et plus Jayne nous est apparue comme la première vedette de téléréalité. Elle vivait en public et faisait tout pour que le public la connaisse. Elle a également servi de modèle pour d’innombrables drag queens. John Waters disait que le personnage de Divine dans Female Trouble a été créé par rapport à Jayne Mansfield. Et grâce aux mystères qui l’entourent, sa légende est restée vivante. C’était une femme brillante, en avance sur son époque.

Quel est votre film favori de Jayne Mansfield ?

Todd: La Blonde et moi de Frank Tashlin. C’est son premier film que j’ai vu d’elle sur un grand écran. Je n’arrivais pas à croire à quel point elle était drôle. Frank Tashlin venait du cartoon et c’est un vibrant chef d’œuvre de surréalisme.

P. David: Pour moi, ça serait La Blonde explosive, également de Frank Tashlin. Elle y est vraiment au top, à la fois de sa beauté et de son talent comique. Elle est le contrepoint idéal à Tony Randall qui lui aussi est brillant dans le film. Et puis il y a un intéressant sous-texte faustien dans cette histoire – plus dans la pièce que dans le film à vrai dire, mais il en reste quelque chose – et cela fait délicieusement écho à notre film. Mais si vous cherchez un de ses films sous-estimés, je suggérerais Le Cambrioleur de Paul Wendkos, un film noir méconnu de 1957 qui est un de ses premiers longs métrages. On se rend compte à quel point sa carrière aurait pu être différente si elle n’était pas devenue « Jayne Mansfield ».

Entretien réalisé le 21 juin 2017. Un grand merci à Nathan Fischer.

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par Nicolas Bardot

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