Entretien avec Sarah Adina Smith

Entretien avec Sarah Adina Smith

Avec l'envoûtant The Midnight Swim, l'Américaine Sarah Adina Smith raconte l'histoire de trois sœurs confrontées aux mystères d'un lac dans lequel leur mère se serait noyée. Il règne un parfum de Pique-nique à Hanging Rock dans ce premier long métrage poétique, surprenant et gonflé. Nous avons rencontré sa réalisatrice qui est définitivement un nom à suivre...

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The Midnight Swim a déjà été comparé à Pique-nique à Hanging Rock, avec un lac à la place du désert. Est-ce qu’une telle comparaison vous convient ? Est-ce que cela signifie quelque chose pour vous ?

Rien ne peut me rendre plus heureuse qu'une comparaison avec Pique-nique à Hanging Rock. Il y a beaucoup de films que j'adore, mais Pique-nique... est celui qui a eu la plus forte influence sur mon cerveau. Ce n'est pas un "film" dans le sens traditionnel du terme. Il s'agit plutôt d'un climat, d'un sentiment... ou une invitation vers l'au-delà.

Comment vous est venue l’idée de The Midnight Swim ? La légende de ces sept sœurs est-elle authentique ?

L'histoire est venue à moi assez rapidement, à partir de différentes sources. Ma mère avait l'habitude de nous raconter cette histoire des Sept Sœurs en guise d'avertissement : une personne qui se noie peut vous emporter avec elle. J'ai toujours trouvé cette idée très perturbante : parfois, les gens que vous aimez peuvent vous faire du mal. The Midnight Swim est avant tout l’histoire d’une douleur, mais ce n’est pas seulement l’histoire d’un deuil. C’est en quelque sorte un requiem dédié à la tragédie d’être né. Il y a une part de vérité dans l’histoire des Sept Sœurs. Il y a eu des sœurs qui se sont noyées en essayant de se sauver les unes les autres dans le lac où nous avons tourné le film. Les faits sont un peu obscurs, mais je sais que la légende vient d’un événement authentique.

On comprend petit à petit que le style visuel de The Midnight Swim traduit le point de vue de la troisième sœur. Comment et pourquoi avez-vous fait ce choix ? Quelles décisions cela impliquait du point de vue de la mise en scène ?

Le film est essentiellement un faux-documentaire, raconté du point de vue de June, la sœur benjamine. C’était une décision délibérée, parce que je souhaitais faire entrer le public dans la tête de June. On en apprend sur elle par la façon dont la caméra bouge, ce qu’elle regarde, etc. Si vous écoutez attentivement, vous pouvez souvent entendre le souffle de June derrière la caméra. A mesure que sa maladie mentale se développe, le film devient visuellement de plus en plus surréel.

Aviez-vous des références en tête, venant du cinéma ou d’ailleurs ?

Mon directeur de la photographie super talentueux (Shaheen Seth) et moi-même avons regardé deux films comme références : Pique-nique à Hanging Rock et Grey Gardens. On a toujours voulu que le film soit crédible comme le serait un documentaire, tout en voulant réaliser quelque chose qui transporte, qui soit hypnotique. Nous voulions que la forme transcende le film lorsque le surnaturel (ou le dérangement de June) prend le pouvoir. Notre espoir était que le spectateur ait petit à petit l’impression d’être dans l’esprit de June, qu’il partage cette expérience avec elle.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la séquence “musicale” de votre film ?

Mes sœurs et moi avons toujours fait ce genre de playback et de danse quand nous étions plus jeunes. Du coup cela semblait être un moment important, durant lequel les sœurs se retrouvent en faisant une chose qu’elles faisaient étant enfants. Mais c’est aussi la première fois qu’il apparaît aussi clairement qu’il y a quelque chose qui cloche chez June. C’est presque comme un entracte façon électrochocs.

J’ai entendu que vous prépariez un nouveau film, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Effectivement j’ai un nouveau projet. Mmmh, qu’est-ce que je peux vous en dire ? The Midnight Swim était à propos d’un lac, mon nouveau film sera à propos d’une montagne. Et j’ai également achevé un court métrage qui fera partie d’une anthologie horrifique intitulée Holidays.

Entretien réalisé le 8 juin 2015. Un grand merci à Ted Geoghegan.

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par Nicolas Bardot

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