Entretien avec Régis Sauder

Entretien avec Régis Sauder

Révélé il y a quelques années avec Nous, princesses de Clèves, le réalisateur français Régis Sauder revient dans la ville de sa jeunesse avec Retour à Forbach. Il se plonge dans ses souvenirs pour faire le portrait d'une population abandonnée, tout en observant la montée de l'extrémisme politique. Avant sa sortie le 19 avril, le film figure dans la compétition française du Festival Cinéma du Réel. Nous avons rencontré le cinéaste qui nous en dit plus sur ce documentaire.

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Qu’est-ce qui avant tout a motivé ce Retour à Forbach ?

La nécessité de travailler sur la question de l’héritage, de ce qui nous attache à l’endroit d’où l’on vient, ses origines sociales et plus largement ce que l’on retient de l’enfance. J’y pensais depuis un moment, sans trouver vraiment la porte d’entrée dans le film. Puis j’ai été rattrapé par l’histoire de la ville et celle de ma famille. La ville en 2014 a failli basculer au FN à l’occasion des élections municipales. J’ai pensé qu’il était temps d’entamer ce film pour parler de la ville de façon plus complexe que l’image renvoyée dans l’actualité.

La ville prend naturellement beaucoup de place dans votre film. Comment avez-vous envisagé de la filmer ?

J’ai cherché à évoquer la ville de mon enfance, sans archives, en la filmant au présent. Ce faisant, je mesure à quel point elle a changé. J’ai voulu tracer une cartographie subjective de la ville, à partir des lieux que je fréquentaient plus jeune. La ville comme toutes les villes est très structurée socialement, on le perçoit dans le film et cela s’est renforcé avec le temps.

Comment avez-vous choisi vos interlocuteurs ? Était-ce parfois difficile d’en trouver ?

Non je suis allé vers des gens qui appartiennent à mon histoire, avec qui j’ai été en classe. Puis se sont greffées d’autres rencontres, au gré du tournage, mais jamais avec difficulté. Les gens m’ont toujours bien accueilli, comme un des leurs qui est parti.

Vous avez déclaré qu’en « débarquant avec une caméra et un preneur de son, je ressemble à ces gens de BFM TV qui ont beaucoup contribué à stigmatiser ce lieu ». Comment trouve t-on la juste distance pour faire un film politique avec bienveillance, sans être didactique ou sensationnaliste ?

On passe du temps, on explique sa démarche. Et puis je connais du monde partout dans la ville, je m’appuyais sur les gens qui pouvaient m’accueillir. Mais j’ai conscience de la violence parfois de la présence de la caméra. Je l’accepte. Nous vivons dans un monde d’images où les gens se méfient de plus en plus de la destinée des images qui sont filmées, c’est légitime.

Va-t-il se passer quelque chose autour du film à Forbach ?

Le film y est projeté le 9 avril en avant première avec les personnages du film qui seront présents. Je suis impatient de venir partager ce travail et en discuter.

Entretien réalisé le 30 mars 2017. Un grand merci à Claire Viroulaud.

par Nicolas Bardot

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