Entretien avec Martin Farina

Entretien avec Martin Farina

L'Argentin Martin Farina a co-réalisé Taekwondo avec son compatriote Marco Berger. Présenté au dernier Festival Black Movie, ce film porté par une forte tension sexuelle raconte les vacances d'une ribambelle d'amis parmi lesquels German, qui voit en la nudité décomplexée de ses potes un peu plus que de la simple camaraderie. Entretien avec Farina au sujet de ce film désormais disponible en dvd chez Outplay.

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Comment est né Taekwondo ?

Tandis que nous travaillions au montage de mon premier film, Fullboy, Marco m’a parlé de vidéos qu’ils avait vues sur internet, mettant en scènes des mecs en vacances qui se filment nus en train de se balader et passer du bon temps. Il a eu l’idée de reproduire ce type de film, laissant une part d’improvisation à de vrais acteurs. Quelques jours avant le tournage, Marco a écrit un script afin de structurer davantage le film.

Il y a une énorme tension sexuelle dans votre film – alors pourtant qu’il n’y a aucun rapport sexuel à l’écran. Comment s’y prend-on pour exprimer visuellement cette tension ?

Si vous avez eu l’occasion de voir les précédents films de Marco Berger, vous avez pu voir qu’il est un maître pour créer ce type d’atmosphère. C’est une question d’écriture mais aussi de place réservée au silence lors du montage. Et puis il y a bien sûr une dimension de voyeur à travers l’usage de la caméra, c’est j’imagine un ingrédient essentiel dans cette atmosphère.

On a parfois le sentiment que quasiment rien ne se passe dans votre film, mais vous parvenez malgré tout à créer un suspens érotique. Comment avez-vous trouvé cet équilibre lors de l’écriture du film ?

Raconter l’histoire ainsi n’était pas notre volonté initiale. A l’origine, le film était comme une sorte de faux documentaire improvisé – avant que Marco ne rédige un vrai script suivi par les acteurs. Le processus a été très intuitif. Marco a une solide expérience à ce sujet. Nous avions la conviction que nous pouvions nous plonger dans cette atmosphère d’amitié masculine qui servirait de cadre à cette non-histoire. C’est aussi durant le montage que Marco a travaillé sur cette tension – même s’il y a aussi une part de magie qui a joué.

Le traitement de l’érotisme et plus particulièrement de l’homoérotisme dans votre film est remarquable en ce sens que la nudité dans Taekwondo a quelque chose de banal, d’ordinaire – c’est en fait la nonchalance des personnages et le fait qu’ils soient body confident qui les rendent sexy. Comment avez-vous collaboré avec vos acteurs sur ce point précis ?

Les acteurs étaient en fait très conscients de leur capacité à susciter une telle émotion à l’écran. Le travail a été très fluide, et les acteurs n’ont jamais eu de mal à interpréter les idées de Marco. Leur connaissance de notre travail, surtout celui de Marco, constituait un solide point de départ. Le choix des acteurs a été très précis, en fonction de leur capacité à entrer dans l’univers érotique du film.

Aviez-vous des références en tête lors de la préparation du film et son tournage ?

La référence principale était en fait les précédents films de Marco. Marco a construit un style très personnel irrigué lui-même par l’univers d’autres auteurs. Je ne sais pas s’il est présent dans ce film, mais je sais qu’un de ses cinéastes favoris est Kim Ki-Duk.

Entretien réalisé le 26 janvier 2018. Un grand merci à Pascal Knoerr.

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par Nicolas Bardot

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