Séoul Hypnotique: Entretien avec Lee Yong-Seung

Séoul Hypnotique: Entretien avec Lee Yong-Seung

Avec son premier long métrage 10 Minutes, très remarqué à la Berlinale, Lee Yong-Seung se signale comme un des jeunes cinéastes coréens à suivre. 10 Minutes, diffusé dans le cadre du cycle Séoul Hypnotique au Forum des Images, raconte l'histoire d'un jeune homme qui doit mettre de côté ses ambitions artistiques en acceptant un job alimentaire suite à des difficultés financières. Et il faut être sacrément doué pour faire de ce pitch peu sexy un film aussi passionnant... Rencontre express avec le réalisateur.

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On est habitué à une représentation récurrente de la violence dans une large partie du cinéma coréen. Il y a de la violence également dans 10 Minutes, mais c'est une violence sociale plus insidieuse. Qu'est-ce qui vous a donné envie de traiter de ce sujet pour votre premier long métrage ?

J’ai voulu traiter de l’isolement dans les relations sociales. Je pensais que le cinéma était un bon moyen de rendre compte de cet isolement d’une manière délicate. Et je pensais aussi que c’était jouable malgré mon budget très restreint de 50 000 dollars.

Votre mise en scène est à la fois sobre et dynamique. Pouvez-vous nous parler de cet équilibre et de la façon dont vous avez envisagé formellement cette première réalisation ?

J’ai utilisé beaucoup de plans longs pour que l’on puisse voir dans un même plan l’action et la réaction des personnages. En filmant le champ et le contre-champ entre Ho-Chan et ses camarades dans un seul plan, je voulais créer une certaine densité dramatique. Je souhaitais créer une distance délicate entre les personnages dans un lieu aussi banal qu’un bureau. La position de la caméra par rapport à ce lieu reste simple, mais c’est cette simplicité qui fait ressortir la complexité et la dynamique dans les relations entre les personnages.

Il y a une scène-clef, très marquante, dans 10 Minutes: celle où l'on voit les employés se préparer à un tremblement de terre. Pouvez-vous nous parler de cette idée, de cette scène en particulier ?

On fait tous les mois un exercice d’évacuation en cas de tremblement de terre si on travaille dans une institution publique en Corée. Parfois cela peut être un exercice pour la défense civile, d’autres fois un exercice en cas d’incendie. Le fait que ça tremble me paraissait correspondre à l’hésitation du personnage principal. Pendant ces moments, le personnage principal peut contempler ses camarades. Il découvre pour la première fois le ridicule de ces gens. Ceux auxquels il s’acharnait à ressembler, à s’adapter. S’il reste, il devra faire comme eux, suivre bêtement les instructions données pour cet exercice ridicule. En sera-t-il heureux ? Mais a-t-il vraiment d’autres choix ? Il doit s’occuper de sa famille. La compétition est extrême, et son rêve de devenir réalisateur de télé s’éloigne de jour en jour. Il ne lui reste que des mauvais choix. Pourtant, il doit faire son choix. Je voulais parler de sa situation. Qu’il reste ou qu’il parte, ce n’est pas l’essentiel. Ce qui importe ici, c’est qu’il n’a que des mauvais choix à sa portée, mais il doit pourtant choisir. Une situation dans laquelle se trouvent la plupart des jeunes Coréens aujourd’hui.

Nous travaillons actuellement à un dossier consacré aux nouveaux cinéastes coréens. Quels sont les jeunes réalisateurs coréens qui ont plus particulièrement retenu votre attention ces derniers temps ?

Je dirais Moon Byoung-Gon (qui a réalisé le court-métrage Safe).

Entretien réalisé le 1er octobre 2014. Un grand merci à Marion Delmas.

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par Nicolas Bardot

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Notre critique de 10 Minutes
10 Minutes est diffusé ce vendredi 18 septembre à 14h30 et dimanche 20 septembre à 19h00 au Forum des Images, à Paris. Toutes les infos ici.

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