Entretien avec Lee Sujin

Entretien avec Lee Sujin

Récompensé par Martin Scorsese à Marrakech, à Rotterdam et à Deauville Asia, A Cappella (Han Gong-Ju) est le premier long métrage de Lee Sujin. Ce beau film raconte l'histoire d'une jeune fille qui doit abandonner sa vie d'avant et qui cache un secret. A Cappella sort le 19 novembre en France. Nous avons rencontré son réalisateur...

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Quel a été votre parcours avant la réalisation de votre premier long métrage ?

J’ai d'abord réalisé des courts métrages, de 2002 à 2007. C’est là que j’ai commencé à travailler sur mon premier long. Ça m’a donc pris 7 ans.

Dans quelle mesure A Cappella est proche du fait divers qui l’a inspiré ?

Ce ne sont en fait que les grandes lignes du fait divers. J’ai laissé une large place à la fiction.

Quelles questions se pose t-on lorsqu’on doit faire un film à partir d’un sujet aussi dur et qui a, en partie, existé ?

Pour moi ce sujet nécessitait avant tout une réflexion. A fortiori quand on parle d’un sujet de société aussi délicat. C’est une réflexion que j’ai entamée avant même l’écriture du scénario à vrai dire. C’est un questionnement qui était déjà profondément ancré en moi.

Le prologue de A Cappella, avec ce sens du détail et de l’ellipse, est magnifique. Pouvez-vous nous parler plus précisément de la façon dont vous avez voulu débuter votre film ?

En fait le sujet du viol a déjà beaucoup été traité en Corée. Comme c’est un sujet assez fréquent, il y avait un risque de redite. La plupart de ces films adoptent soit le point de vue de la victime, soit celui de l’agresseur. De mon côté j’ai souhaité parler de l’après : comment la fille s’en sort, comment elle trouve sa force intérieure, comment elle vit avec son entourage. C’était une façon de ne pas répéter ce qui avait déjà été fait.

Avez-vous jamais envisagé de rester en permanence sur l’après et de n’inclure aucun flashback ?

Non, ça a toujours été dans mon intention.

Votre actrice est formidable. Comment l’avez-vous trouvée, comment avez-vous travaillé avec elle ?

Nous l’avons trouvée de manière assez classique, en faisant des auditions. Tous les acteurs du film ont été sélectionnés à partir d’auditions. Avant de commencer le tournage, pendant 2 ou 3 mois, on a fait énormément de répétitions afin de trouver les bonnes sensations.

Et y-a t-il eu une place pour l’improvisation sur le tournage ?

Non, parce que notre temps de tournage était très court et il fallait être très précis. Il fallait arriver au meilleur résultat en très peu de temps.

Avez-vous eu des influences pour ce premier film ? Y a t-il des cinéastes que vous admirez ?

J’aime beaucoup Hur Jin-Ho. J’ai travaillé pour lui en tant qu’assistant sur Happiness. Quand j’écris des scénarios, je lui demande toujours conseil.

Qu’est-ce qu’on ressent quand on montre un premier film comme celui-ci et qu’on reçoit à Marrakech un prix des mains de Martin Scorsese ou qu’on reçoit un prix dans un Festival comme celui de Rotterdam ?

(rire gêné) Je suis très reconnaissant. Et en même temps je ressens une grande responsabilité pour mon prochain film.

Comment le film a-t-il été accueilli en Corée lors de sa présentation à Busan ?

Il y a eu des réactions diverses. Certains ont ressenti la douleur du sujet tandis que d’autres ont refusé de le voir.

Y a-t-il des jeunes cinéastes coréens que vous trouvez particulièrement intéressants ?

Je vois beaucoup de courts métrages avec énormément de potentiel. Pour les longs métrages, je pense par exemple à ce qu’ont fait O Muel avec Jiseul ou Park Jung-Bum avec Journals of Musan. Mais il y a beaucoup de jeunes réalisateurs talentueux.

Avez-vous déjà de nouveaux projets ?

J’en ai beaucoup en tête ! Mais j’attends d’abord la sortie coréenne de A Cappella pour voir ce que je ferai ensuite.

Entretien réalisé le 8 mars 2014. Un grand merci à Céline Petit et Clément Rébillat.

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par Nicolas Bardot

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