Entretien avec John Carroll Lynch

Entretien avec John Carroll Lynch

Acteur pour les frères Coen (Fargo), William Friedkin (Bug), Martin Scorsese (Shutter Island) ou David Fincher (Zodiac) et visage familier du cinéma américain, John Carroll Lynch passe derrière la caméra pour Lucky. Le film, en salles ce 13 décembre, raconte le voyage existentiel d'un homme au crépuscule de sa vie. Ce personnage est interprété par le légendaire Harry Dean Stanton, décédé en septembre dernier. Lucky regarde avec tendresse une autre Amérique, à mille lieues de celle de Trump. Entretien avec le réalisateur...

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Lucky est votre premier film en tant que réalisateur. Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire ?

J’ai adoré le point de vue du récit sur la mortalité. Que la mortalité participe à donner un sens à la vie et à la façon dont on la mène. J’ai trouvé qu’il y avait de l’honnêteté et de l’espoir dans ce scénario. Sa poésie m’a semblé plus authentique que dans bien des films dont les protagonistes sont au crépuscule de leur existence. Et puis il y a eu l’opportunité de travailler avec un acteur du calibre de Harry Dean Stanton, et il était clair qu’on avait besoin d’un grand acteur, capable de porter le film à ce moment de sa vie.

Dans quelle mesure diriez-vous que votre expérience en tant qu’acteur vous a été utile sur votre première réalisation ?

Je dirais que ma vision de l’interprétation et de sa valeur narrative ont été utiles. C’est un film basé sur les prestations des acteurs. Lucky se repose beaucoup sur le cast, plus probablement que d’autres films. Mais il y avait aussi un défi visuel qui était excitant à relever. Du coup ce n’est pas seulement mon expérience en tant qu’acteur qui m’a servi, mais aussi mon amour du cinéma en général.

Dans Lucky, on croise cette femme noire qui fume de l’herbe, les personnages parlent de la sexualité de Liberace, et vos acteurs comme Harry Dean Stanton ou David Lynch sont tous les deux les symboles d’une « autre Amérique ». Pour vous, au-delà de sa dimension poétique, Lucky est-il également à vos yeux un film politique sur la contre-culture ?

L’esprit du film comme son casting représentent une Amérique que je trouve authentique. Nous vivons un moment où nos différences sont à la vue du monde entier. Et c’est vrai : nous sommes très divisés. Mais je crois en une humanité commune, partagée. En notre besoin d’un espoir. Au bout du compte, la peur et le désespoir ne font que détruire. Tandis que l’amour et l’espoir permettent de créer.

L’esprit de Jim Jarmusch semble planer sur votre film. Était-ce une référence pour Lucky ? Quelles étaient votre autres influences ?

Jim Jarmusch était assurément une pierre angulaire du film. Au-delà de Jarmusch, on a aussi beaucoup parlé de John Ford, David Lynch et Peter Bogdanovich.

Quels sont vos projets ?

Je travaille sur différentes idées actuellement. J’aimerais beaucoup réaliser à nouveau. J’ai beaucoup appris. Mais je ne suis pas encore tout à fait sûr de ce que j’ai appris. J’en saurai plus à ma prochaine opportunité.

Entretien réalisé le 4 décembre 2017. Un grand merci à Vanessa Fröchen.

par Nicolas Bardot

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