Entretien avec Flora Lau

Entretien avec Flora Lau

Découverte à Cannes, la cinéaste hong-kongaise Flora Lau signe avec Bends (en salles le 15 juillet) un beau premier film. Bends raconte l'histoire d'Anna, une riche bourgeoise, et de son chauffeur Fai. A travers eux se dessine également une histoire de Hong-Kong et de la Chine. Flora Lau nous en dit davantage sur ce long métrage qui met en scène la star Carina Lau et dont le directeur de la photographie est lui aussi une star: Christopher Doyle.

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Au-delà de l'histoire de vos personnages, dans quelle mesure peut-on dire que Bends illustre également les relations entre la Chine et Hong-Kong ?

Lorsque j’ai effectué des recherches pour le film, l’une des choses que j’ai observées était la rivière qui sépare Hong-Kong et la Chine. Celle-ci est très étroite, comme “cintrée”. J’ai toujours eu cela en tête et c’est même devenu une inspiration pour le titre. La rivière est également présente dans le film. Certaines des routes sinueuses que parcourent les deux personnages longent également le dessin de la rivière. Au-delà de l’histoire, il y a beaucoup de détails que j’ai essayé d’apporter au second plan. Par exemple, les scènes de passage de frontière. Il y a beaucoup d’enfants qui traversent la frontière tout seuls pour aller à l’école à Hong-Kong. Ce sont des cas tout à fait communs et j’ai tenté d’être aussi fidèle que possible au réalisme.

Bends est superbe visuellement. Comment avez-vous collaboré avec votre directeur de la photographie Christopher Doyle et qu'avez-vous appris de lui ?

Christopher Doyle est habité par une passion totale pour le cinéma. Il m’a appris à oser, à explorer jusqu’au bout les possibilités pour obtenir le meilleur plan possible à chaque fois. Il m’a également inspirée lorsqu’il a fallu prendre des décisions, et être en état d’alerte pendant le tournage. Car c’est là que la magie peut surgir.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre choix de Carina Lau pour le rôle principal ? Comment l'avez-vous dirigée ?

Tout d’abord, Carina Lau est une actrice très expérimentée qui a joué un grand nombre de rôles très divers. Elle a un charisme naturel qui attire et capte votre attention – et c’est ce dont son personnage a besoin car Anna est aussi comme ça. Ce qui ne fait que mettre en valeur sa solitude face aux problèmes auxquels elle est confrontée, alors qu'elle tente de garder la face en présence de ses amies. On a travaillé sur le personnage bien en amont ainsi que pendant le tournage. Elle est comme prise dans une montagne russe d'émotions: le choc, le déni, le simulacre, la superstition, et le changement. Après avoir identifié chaque étape de son état mental, nous avons essayé de rendre cela plus subtil tout en étant convaincant. Carina a très bien compris le personnage et c'était un grand plaisir de travailler avec elle.

Vous avez cité, parmi les cinéastes que vous appréciez, des noms comme Naomi Kawase, Lynne Ramsay ou Lucrecia Martel. Qui sont vos autres cinéastes préférés ? Ou ceux qui ont pu vous inspirer pour Bends ?

J'aime par-dessus tout les films qui utilisent la mise en scène pour créer un langage spécifique. Antonioni est un maître dans le genre. Chaque plan peut être isolé et si on les observe, la mise en scène y exprime les thèmes du film. En plus des cinéastes que vous avez citées, j'ajouterais Wong Kar Wai, Shohei Imamura, Luis Bunuel, Robert Bresson et bien d'autres.

Bends a été présenté à Cannes en 2013. Deux ans plus tard, quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Qu'est-ce que cette sélection a changé pour vous et votre film ?

C'était une expérience extraordinaire de participer au Festival de Cannes pour mon premier film. J'étais très nerveuse au début pour tout vous dire. Mais j'ai reçu tellement de soutien et de respect pour Bends que j'ai fini par être très touchée. Être là avec les acteurs et l'équipe a été une expérience inoubliable. Ça m'a également ouvert des portes ainsi qu'au film, j'ai pu voyager pour l'accompagner ce qui a été extraordinaire.

Avez-vous un nouveau projet ?

Je viens de finir ma résidence à la Cinéfondation à Paris. Je travaille maintenant à achever mon scénario. Ce sera une histoire en trois parties sur la jeune génération de Hong-Kong et le dynamisme de son background social et culturel.

Entretien réalisé le 23 juin 2015. Un grand merci à Emmanuel Vernières.

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par Nicolas Bardot

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