Entretien avec Corinne Masiero

Entretien avec Corinne Masiero

Corinne Masiero a été l'une des sensations de ce début d'année avec son interprétation très remarquée dans Louise Wimmer. Membre du jury de cette 14e édition du Festival du film asiatique de Deauville, nous l'avons rencontrée.

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FilmdeCulte: Quelle spectatrice de cinéma asiatique es-tu ? Y’a-t-il des cinématographies particulières qui t’intéressent, des cinéastes asiatiques que tu apprécies particulièrement ?

Corinne Masiero: Je dois dire que je n’y connais rien en cinéma asiatique, à part les classiques, les films de samouraïs ou les Wong Kar Wai. Là je découvre toute une variété de films, des films très intimistes, politiques, avec une logique très différente des films occidentaux. Ça me rappelle parfois le spectacle vivant, avec ce mélange de formes, ce que peut faire Pippo Delbono au théâtre. Je prends mon pied ! Et puis j’ai appris des trucs, vu différentes façons de jouer, une autres utilisation des outils de jeu, des codes différents. Ça m’a donné envie de découvrir d’autres choses. Ce matin j’ai assisté à la Masterclass de Kiyoshi Kurosawa que je ne connais pas du tout, ça m’a donné envie de voir ses films.

FdC: Tu vas, avec le jury, délivrer ton palmarès à l’issue du festival. Qu’est-ce qui selon toi constitue les critères d’un bon Grand Prix ? Est-ce qu’il y a des choses que tu souhaites privilégier : l’originalité, le propos, etc ?

CM: La première chose que je me suis demandée c’est à quoi peut servir ce prix. Est-ce que c’est strictement quelque chose d’honorifique ? Ou est-ce que ça peut l’aider à trouver un distributeur ? Ce prix, c’est un coup de projecteur. J’attends d’être surprise par les films que je vois. Le fond, pour moi, est très important. La création est politique, tout est politique. « L’art est public » en 3 mots ! Mais j’accorde de l’importance aussi à la forme. Et à l’autodérision. On a déjà parlé à plusieurs reprises avec les autres membres du jury. Mais il faut attendre de digérer les films, parce que les priorités changent entre ce moment là et à la sortie de salle.

FdC: As-tu pu voir des films hors compétition et qu’en as-tu pensé ?

CM: Je n’ai pas eu le temps non. Mais j’ai vu I Wish, que j’ai vraiment beaucoup aimé. Pour le moment, aucun film ne m’a donné envie de partir au bout d’un quart d’heure. Être ici me pousse à aller au-delà de mes a priori, m’en nettoie. Je suis une spectatrice différente.

FdC: Louise Wimmer est sorti il y a 2 mois. Le film a reçu un excellent accueil critique, a très bien marché en salles, et repose beaucoup sur ta performance. Avec ce petit recul, quel regard portes-tu sur cet accueil, et sur ce que le film a changé pour toi ?

CM: A la base, j’en n’attendais rien. Avec Cyril Mennegun, on attendait rien, on a vu le film et on se disait, on s’en fout, on a réussi ce qu’on voulait faire. De cet accueil, j’en suis toujours pas revenue. La première surprise ça a été la Mostra (où le film a été présenté, ndlr) qui est un endroit hyper prestigieux, et cet accueil, les gens en pleurs… Cyril surveillait les retours qui tombaient sur le net, je me disais que c’était pas possible ! On a ensuite présenté le film à différents endroits, à des publics très différents, et il n’y a eu que du positif. Il y a eu une magie avec Cyril. Il m’a amené à jouer différemment, voilà ce que ça a changé. Parce que sinon, je vis toujours à Roubaix, je fais le même boulot, je continue le théâtre de rue… On a plus de propositions donc c’est agréable. C’est surtout le regard des gens de la profession qui a changé. « Ah, on te voit enfin ! »

FdC: Tu as tourné dans le nouveau film de Jacques Audiard, De rouille et d’os. Est-ce que tu peux nous parler de ton rôle et nous dire quelques mots sur le film ?

CM: C’est un tout petit rôle. Je joue la sœur de Matthias Schoenaerts, que j’adore. J’adore les acteurs flamands. Dans le film je m’occupe de son gamin et je vais subir les conséquences de sa métamorphose. Le tournage a été un bonheur total. Jacques Audiard est un des tout meilleurs directeurs d’acteurs que j’ai rencontrés, et m’a emmenée vers des endroits nouveaux. Et c’est quelqu’un de très drôle ! Et très à l’écoute. C’est le genre de tournage où l’on se dit, le matin : chic chic chic !

FdC: Quels sont très projets ?

CM: Je vais jouer dans une comédie, un film sur le catch avec quatre comédiennes. Le titre provisoire est Reines du ring, c’est un peu un Full Monty au féminin, avec du catch à la place du strip-tease. Ce sont des filles qui travaillent dans un supermarché et qui vont être amenées à faire du catch. Le catch, ça pousse à tirer au-delà de soi-même, on a entamé un travail avec une équipe de coachs. Le tournage devrait débuter en avril, jusqu’en juin.

Entretien réalisé le 10 mars. Un grand merci à Elsa Leeb

par Nicolas Bardot

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