Entretien avec Ádám Császi

Entretien avec Ádám Császi

Land of Storms d'Ádám Császi, qui vient de sortir en dvd en France sous le titre La Contrée des orages, a été remarqué à la Berlinale 2014. Le film, très sensuel, raconte l'histoire d'un triangle amoureux menacé par la tragédie. Ádám Császi vous en donne un avant-goût dans notre entretien...

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Quel a été le point de départ de Land of Storms ?

Le cinéma doit parler pour ceux qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer. Il doit avoir un point de vue sur des sujets sociaux controversés. J'ai toujours voulu filmer la minorité homosexuelle hongroise, puis j'ai lu dans la presse cette histoire d'un triangle amoureux gay qui a tourné au meurtre. Quand j'ai fait mes recherches, j'ai découvert une histoire où des émotions pures ont été détruites par la discrimination, par une crise identitaire et par une homophobie larvée. Je devais raconter cela parce que ça n'aurait jamais dû arriver, et ça ne devrait plus jamais arriver à l'avenir.

Il y a une dimension très symbolique dans le décor de Land of Storms: cette maison ressemble à un paradis perdu mais elle est aussi coupée du monde et en reconstruction. Comment avez-vous travaillé sur cet aspect particulier de la narration ?

Je voulais que les symboles marchent de façon très concrète et immédiate afin de les intégrer profondément dans l'histoire avec mon scénariste Ivan Szabo. Puis j'ai choisi un style de narration visuelle qui fonctionne avec peu d'images explicites, afin de retenir l'émotion, le symbolisme et le poids de la mise en scène. Je voulais créer un langage visuel qui marche comme des métaphores, pas juste de jolies images symboliques.

Le sujet de Land of Storms est dur, sombre. Était-ce important pour vous d'avoir des acteurs si beaux pour traverser une histoire aussi moche ?

Je cherchais des personnages réels en qui je puisse croire et c'est ainsi que mes acteurs ont été castés. Il se trouve que c'était des jeunes hommes physiquement attirants mais ça n'était pas un critère. Cela dit, pendant le tournage, je me suis rendu compte que cela aidait à rester concentré sur ces trois garçons, en les séparant du village où les physiques sont tous plus banals.

Land of Storms est sorti en mars en Hongrie. Comment a t-il été reçu ?

Le film a généré beaucoup d'attention de la part des médias et les réactions étaient positives. On a réussi à mettre en lumière cette histoire. La distribution a été quelque peu entravée par le manque de fonds mais il y a bel et bien un public, d'abord restreint mais qui est devenu de plus en plus important. Le film poursuit une carrière assez longue dans les cinémas, où il se joue depuis plus de deux mois maintenant. C'est un succès vu qu'en Hongrie, l'espace dédié au cinéma d'auteur rétrécit, et le public se détourne parfois des drames controversés.

Quels sont vos projets ?

Je travaille sur mon nouveau film qui s'intitule High Dive.C'est un drame familial dans lequel une jeune fille doit affronter un cercle vicieux fait de mensonges, de trahison et de meurtre dans sa propre famille. Le film passe du thriller psychologique onirique au slasher brutal tout en ne perdant pas de vue le drame qui se joue. La première version du scénario est prête, nous travaillons dessus et nous recherchons des financement avec le producteur Andras Muhi (Just the Wind). J'espère tourner ce film au printemps 2015.

Entretien réalisé le 12 juin 2014. Un grand merci à Eszter Gyarfas

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par Nicolas Bardot

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