Quelques mois à peine après la sortie triomphale de Charlie et la chocolaterie, Tim Burton est de retour pour parler des Noces funèbres, accompagné en la circonstance par son actrice et compagne Helena Bonham Carter, son co-réalisateur Mike Johnson, ainsi que la productrice Allison Abbate. L’équipe a répondu aux questions des journalistes dans une ambiance détendue, entre quelques fleurs mâchouillées et sous les yeux éternellement écarquillés de Victor, et de sa défunte épouse.
FilmDeCulte – Tim Burton, vous n’êtes pas scénariste des Noces funèbres, mais le film reste très burtonien. Je voulais savoir, pour Helena Bonham Carter, Mike Johnson et Allison Abbate, ce que ça signifie, un film ou un esprit burtonien ?
Allison Abbate – Pour moi ça serait cet équilibre entre le côté effrayant et gothique des morts, et l’innocence du cœur de la défunte mariée. Ca, c’est très burtonien, le fait qu’un film qui s’appelle The Corpse Bride (Les Noces funèbres) puisse être plein d’espoir et d’amour.
Mike Johnson – "Doux-amer", c’est vraiment l’expression que j’utiliserais pour décrire Les Noces funèbres, ça résume vraiment le ton d’un bon nombre de films de Tim.
Helena Bonham Carter – Alors il est assis à côté de moi donc c’est un peu embarrassant…(rires) Il est tout à fait normal, peut-être n’ai-je pas encore vécu assez avec lui! Les Noces funèbres n’est pas si sombre et bizarre, le message est finalement optimiste, avec de l’espoir [Tim Burton offre une fleur à Helena qui tente de la manger]
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Tim Burton – Ce qu’il y a de formidable avec des films comme celui-ci en particulier, c’est que vraiment tout ceux qui travaillent dessus sont des artistes. Ceux qui ont créé les marionnettes, les animateurs, et c’est vraiment un plaisir de travailler sur cette technique un peu old fashion, on a vraiment le sentiment que chacun est un artiste, c’est un sentiment génial.
FilmDeCulte – Pourquoi avoir eu recours à la technique du
stop motion? Avez-vous utilisé des CGI dans le film?
Tim Burton – Pour ma part, j’ai toujours adoré le stop-motion, depuis Ray Harryhausen. On a fait un test, il y a quelques années, en CGI, mais ça n’avait pas la même texture, la même beauté que ce qu’on obtenait en stop-motion. Là ça nous semblait simplement être le type d’histoire qu’il fallait pour la bonne technique, quelque chose qui donne l’impression que ça aurait pu être fait il y a 20 ans. Il y a vraiment une émotion particulière liée à cette technique.
Mike Johnson – Pour la question au sujet des CGI, nous avons un tout petit peu utilisé des effets digitaux pour des détails, comme les papillons, mais l’animation des personnages telle que vous la voyez, c’est du stop-motion.
FilmDeCulte – Combien de temps vous demandait le tournage d’une minute de film?
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Helena Bonham Carter – J’ai eu le temps de vieillir sur ce tournage. (rires)
Mike Johnson – Vraiment beaucoup. Si un animateur pouvait nous donner 6 secondes par semaine, c’était déjà très bien. .
Tim Burton – Ces poupées, il fallait leur faire faire 24 mouvements à la seconde donc…les animateurs qui font ce type de travail sont incroyables, non seulement ce sont de grands techniciens, mais en plus ils doivent fournir une vraie performance.
Helena Bonham Carter – Quand j’ai rendu visite aux animateurs sur le plateau, j’ai appris autant d’eux que de comédiens. Il faut donner vie à ces marionnettes et c’est vraiment un art. Et il ne s’agit pas seulement de dessin, et d’une succession de dessins pour créer un mouvement, on est dans la sculpture, c’est très différent d’un travail par ordinateur.
FilmDeCulte – Comment expliquez-vous qu’il puisse y avoir de la joie et du bonheur dans la noirceur et la mort?
Tim Burton – Mon inspiration vient de la culture dans laquelle j’ai grandi, la mort était un sujet sombre et tabou, et vivre à Los Angeles avec une culture hispanique très présente, avec le jour des morts, les squelettes dansants…la joie et la fête me semblent plus appropriés, parce que, et on le voit dans d’autres cultures, c’est une façon plus positive de traiter cette question.
Allison Abbate – Et puis les gens morts sont ceux que vous aimiez quand ils étaient vivants, ils ne sont pas à craindre, voilà l’une des choses présentes dans le film.
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FilmDeCulte – Dans ce film, vous transgressez les règles du film pour enfants, est-ce aussi un film qui s’adresse à eux, et est-ce que l’humour, qui est constamment présent, est une façon de désamorcer le sujet?
Tim Burton – A propos des enfants, je ne réfléchis pas tellement en ces termes, je pense surtout à ce que j’aimerais voir. Quand on a fait L’Etrange Noël de Mr Jack, beaucoup de parents ont dit que c’était trop effrayant pour des enfants, alors que de très jeunes enfants ont beaucoup aimé le film. C’est la même chose ici, et c’est presque trop doux: finalement c’est juste une histoire d’amour, et il se trouve qu’il y a des squelettes. Je n’aurais pas peur de le montrer à un enfant. Les gamins adorent L’Etrange Noël de Mr Jack, des gens m’ont dit que leur chien adorait le regarder aussi (rires), les gosses, les animaux, tout le monde…
Helena Bonham Carter – Comme l’a dit Allison, il n’y rien qui ne fasse vraiment peur. La chose amusante c’est que ce sont les parents qui ont un problème avec la mort, pas les enfants. J’ai demandé à ma mère, qui est psychothérapeute (et par conséquent elle est très intelligente), et elle m’a dit que les enfants adoraient la mort, et qu’ils ont besoin qu’on leur en parle. Les contes de fées classiques eux-mêmes sont sombres, parlent de mort, ça n’est pas si effrayant.
FilmDeCulte – En demandant à Michael Gough et à Christopher Lee de participer au film, vouliez-vous rendre hommage à la Hammer?
Tim Burton – Ce sont de grands artistes, avec de grandes voix, nous avons été très chanceux avec ce cast, c’est un des meilleurs castings avec lequel j’ai travaillé. En tant que fan de films d’horreur, rencontrer Michael Gough, Christopher Lee, Ray Harryhausen, qui sont mes idoles, c’était quelque chose d’incroyable.
