TIN TOY
Etats-Unis, 1988
De John Lasseter
Scénario: John Lasseter
Durée: 5 min


Dans la quiétude d'une chambre d'enfant, un petit jouet fraîchement sorti de sa boite, découvre sa nouvelle maison et la cruauté des jeunes enfants. Peu importe si ces derniers sont sales et violents ou si la tâche est ingrate ou injuste: son rôle est de les divertir. Tin Toy peut être fier de sa descendance; le court métrage a servi de préambule à Toy Story. Dès 1988, John Lasseter eut l’idée de conter l’histoire d’un jouet musical qui prend conscience de sa fonction. Il met ici en scène déjà des jouets autonomes, dotés d’une vie propre, effrayés par un bébé - animé gauchement mais de façon très réaliste pour l'époque - pour qui boîtes en carton, sacs en papier et petites voitures ne sont rien d'autre que des terrains de distraction. Porté par les ambitions de la firme Pixar, Tin Toy est une merveille d'animation et de cinéma, un moment chaleureux, un hommage sans niaiserie à l'enfance. Mais c'est avant tout une curiosité pour les amateurs de Toy Story. La première pierre d'un édifice massif et généreux.

Nicolas Plaire



LE REVE DE RED
Red's Dream
Etats-Unis, 1987
De John Lasseter
Scénario: John Lasseter
Durée: 4 min


Red aurait voulu être un artiste, enflammer la scène et serrer le cœur de milliers de spectateurs. Red? Un petit monocycle laissé à l’abandon, couvert de poussière dans le recoin obscur d’un magasin. Sa fiche signalétique: une simple étiquette, une mention laconique et accusatrice, "moins 50%". Face à lui, une impeccable rangée de VTT luisants, prêts à l’emploi. Prolongement thématique de Luxo Jr., Le Rêve de Red élargit le champ d’exploration, esquisse une ville grisâtre par de subtils jeux d’ombres et de lumières. Quelques notes de saxophone, une pluie battante, suffisent à installer une atmosphère maussade. Ecarté de sa famille d’adoption - le cirque et Lumpy le clown -, Red le mal aimé rêve d’une vie de bohème. Premier personnage humain du studio Pixar, Lumpy est aussitôt éclipsé par le monocycle qui, affranchi de ses devoirs, s’imagine jongleur soliste et libre d’exercer ses talents. Le retour à sa condition d’article au rabais sera d’autant plus douloureux. Encouragé par Ed Catmull (co-fondateur de Pixar), John Lasseter prendra toujours soin de peaufiner ses scénarii et ses personnages. Jouets délaissés (Siffly et Jessie) ou marginaux en vadrouille (le chapiteau ambulant de 1001 Pattes): tous ont gardé l’empreinte de Red.

Danielle Chou



LUXO JR.
Etats-Unis, 1986
De John Lasseter
Scénario: John Lasseter
Durée: 2 min


Le premier film produit par Pixar contient déjà toute la magie du studio. Ecrit et réalisé par le grand gourou John Lasseter, ce court métrage relate en un unique plan-séquence les jeux de ballon d’une petite lampe, sous le regard attentif d’une lampe jumelle, d’une taille plus conséquente. Malgré la simplicité du postulat, l’auteur réussit à mêler humour et émotion, et subjugue par son habilité à donner vie à d’anodins objets inanimés. Simple élément du mobilier, Luxo Jr. est pourtant aussi mignon que la petite Bouh ou Nemo. John Lasseter approfondira ce concept avec Toy Story et ses jouets vivants. Dépourvu de dialogue, comme l’ensemble des courts animés de Pixar (à l’exception de La Nouvelle Voiture de Bob), l’humour de Luxo Jr. s’apparente à celui du cartoon, influence majeure de l’animation américaine et de la firme de John Lasseter. Monstres & Cie, par son duo central, rendra ainsi hommage au genre. Luxo Jr. préfigure déjà les grands thèmes à venir. La tendre relation filiale qui s’installe entre les deux lampes rappelle celle magnifiée du Monde de Nemo. Limpide, poétique et magique, Luxo Jr. portait déjà la griffe Pixar.

Robert Hospyan



LES AVENTURES D’ANDRE ET WALLY B.
The Adventures of André and Wally B.
Etats-Unis, 1984
De Alvy Ray Smith
Scénario: Alvy Ray Smith
Durée: 2 min


Sans doute le moins connu des courts métrages de John Lasseter, Les Aventures d’André et Wally B. permet de mieux apprécier la réussite de Luxo Jr.. Intrigué par les sirènes d’ILM, John Lasseter quitte en 1984 les bureaux de Disney pour rejoindre le célèbre département infographique de Lucasfilm. Ed Catmull (actuel président de Pixar) en est alors le responsable avisé, avant le rachat du studio par Steve Jobs, co-fondateur d’Apple et de Macintosh. Disney continue de s’épanouir dans l’animation traditionnelle, tandis que Lasseter profite de son séjour à ILM pour s’approprier les outils modernes mis à sa disposition. Animé et réalisé par les soins de John Lasseter et d’Alvy Ray Smith, le court métrage sera présenté à SIGGRAPH, convention annuelle dédiée aux computer graphics et autres nouvelles technologies. Avec ses formes rudimentaires et son scénario minimaliste, André et Wally B. n’en demeure pas moins un jalon essentiel dans la petite histoire du cinéma en 3D. On y discerne déjà la patte Lasseter: un environnement savamment éclairé et méticuleusement pensé, un effort notable sur les contrastes et les tonalités chaudes, une sublimation de la réalité, loin de la reproduction servile. Le duo comique (André l’abeille, Wally B. le promeneur) et l’humour bon enfant ne semblent pas si éloignés.

Danielle Chou