Après que Roger Moore ait abandonné le rôle à l’âge de 58 ans (il était temps !), les producteurs se sont à nouveau tournés vers Timothy Dalton, acteur gallois déjà approchés deux fois auparavant. En 1986, la troisième tentative s’avère la bonne.

TAGADA TAGADA VOILA LE DALTON

Approché une première fois en 1968 alors qu’il n’a que 22 ans et une seconde fois durant les années 70 et les films de Moore, Timothy Dalton avait donc par deux fois refusé l’offre des Broccoli. La première fois, il se trouvait trop jeune, la deuxième, il n’appréciait tout simplement pas la direction choisie, ouvertement plus comique,  par les producteurs. Après avoir relu tous les ouvrages de Ian Fleming et revu tous les films de la franchise, l’acteur gallois accepte de signer un contrat pour trois épisodes. La saga 007 étant des plus cycliques, le moment est idéal pour s’éloigner de la surenchère des films de Moore (où les gags moisis et les scènes d’action démesurées fusent dans tous les sens) en vue d’aborder le personnage et l’univers d’un point de vue plus terre-à-terre. Dans sa première apparition en tant que Bond, Dalton nous présente un agent froid, quelque peu lassé, se reposant moins sur ses blagues et son physique de playboy (qu’il n’a pas). En effet, la mâchoire carrée, le nez rectiligne, les sourcils épais, le menton prononcé et les yeux d’un vert profond, Dalton s’impose comme un Bond bien moins glamour que les précédents. Oubliés le Lord Fauntleroy de Roger Moore ou le Prince Charmant Sean Connery, lorsque Timothy Dalton sourit, on ne peut s’y fier. Il représente alors le besoin qu’a la série de se ressourcer. D’oublier un temps les péripéties incroyables pour tenter de retrouver ses racines littéraires, ancrées dans la fiction d’espionnage d’époque. On est bien plus proche de Bons baisers de Russie que de Moonraker.

NO MR. BOND, I EXPECT YOU TO DIE

Malheureusement, tout le monde, fans comme néophytes, n’accueille pas l’acteur chaleureusement. Le film coûte 10 millions de plus que le précédent et ses recettes le dépassent à peine. Dalton n’a pas derrière lui la communauté de fans de Moore ayant porté les films de l’acteur (en particulier Moonraker et Octopussy) aux cimes du box-office. Concurrencé par un cinéma d’action en plein renouveau - à la fin des années 80, on est en pleine ère Joel Silver – la franchise se doit de rivaliser avec des blockbusters tels que L’Arme fatale. Le deuxième volet de Timothy Dalton, Permis de tuer, sort justement la même année que L’Arme fatale 2 et s’avère, à bien des niveaux, plus proche du banal film d’action, ersatz des productions Silver, que d’un épisode de la saga 007. Le film ramènera encore moins d’argent que Tuer n’est pas jouer. Ces résultants décevants, la mort de Richard Maibaum (scénariste de 13 des 16 premiers épisodes)  et d’éternels problèmes de droits mèneront à l’interruption de la franchise pendant six ans durant lesquels Timothy Dalton préfère se retirer du rôle et qui mèneront à la quête du nouveau Bond. Plus sombre, plus « réaliste », le James Bond de Timothy Dalton marquera de son empreinte le personnage pour les chapitres à suivre. Peut-être un peu trop sérieuse, l’approche de Dalton servira néanmoins de tremplin à Pierce Brosnan lorsqu’il reprendra le rôle.

Robert Hospyan