Peter Parker a enfin réussi à concilier son amour pour Mary-Jane et ses devoirs de super-héros. Mais l'horizon s'obscurcit. La brutale mutation de son costume, qui devient noir, décuple ses pouvoirs et transforme également sa personnalité pour laisser ressortir l'aspect sombre et vengeur que Peter s'efforce de contrôler. Sous l'influence de son costume, Peter devient trop sûr de lui et commence à négliger ses proches. Contraint de choisir entre le pouvoir si séduisant de ce nouveau costume et la compassion qui le caractérisait avant, Peter va faire face à ses démons lorsqu'il affrontera deux des pires méchants de l'histoire, l'Homme-sable et Vénom, dont l'extraordinaire puissance et la soif de vengeance menacent Peter et tous ceux qui lui sont chers.




Inutile de se voiler la face, devant n’importe quel générique d’un film issu d’une bande dessinée de super héros, difficile de ne pas frissonner face au simple défilement des premières images du logo Marvel. Quand en plus ces images précèdent ce qui s’annonce comme potentiellement le plus gros film hollywoodien de l’année, et celui qui remettra Marvel sur les rails
 
de la qualité, après les déconvenues artistiques ou commerciales de Daredevil, Ghostrider, Blade Trinity, Elektra, The Punisher… Autant dire que l’érectomètre est à son maximum, que le sang geek qui pulse dans nos veines s’active au point de nous faire péter le cœur. Pas de doute, Spider-Man 3 sera un chef d’œuvre au moins du niveau du précédent épisode de la série mythique, incroyable numéro 2 qui avait placé très haut la barre du spectaculaire. Le logo apparaît à l’écran, le générique démarre, la musique de Danny Elfman également, les images du premier épisode apparaissent… Jusqu’ici, tout va bien, ça tue. Vraiment ? Durant quelques secondes, oui, ça tue. Quelques secondes seulement. Car par la suite, Christopher Young réorchestre le thème principal
 
de la série, et le générique de déployer soudainement ses plans de façon légèrement anarchique sur un thème bancal. On ne frissonne plus du tout, et on prend peur. A raison, car la suite du film s’évertuera à poursuivre dans cette voie, multipliant les erreurs scénaristiques, suivant de mauvaises directions, survolant certains personnages pour se perdre dans des dédales peu intéressants. Trop plein d’idées, trop plein de personnages, trop plein de méchants (trop plein de scénaristes ? Trop plein de producteurs ?)… Spider-Man 3, malgré le talent insensé d’un Sam Raimi de nouveau à la barre, est une déception. Une déception relative, certes… Mais peut-on vraiment rester relatif au sujet d’un tel projet ?



"Nous voulions explorer le côté sombre de Peter. Ce costume noir exacerbe ses pouvoirs et certains de ses traits de caractère : il devient plus puissant, plus rapide, mais aussi plus orgueilleux et agressif." Ces propos de la productrice permettent d’introduire Venom dans la saga le méchant le plus attendu des fans, et visuellement le plus casse gueule. Impossible, bien entendu, d’adapter à la lettre les origines du symbiote, costume vivant entraînant Peter Parker du côté obscur (dans la bande dessinée, Spider-Man récupère le costume sur une autre planète durant les fameuses Guerres secrètes). Mais, Symptomatique du film dans son ensemble, où les personnages apparaissent et disparaissent au petit bonheur la chance, la scène d’introduction du symbiote
 
laisse de marbre et s’avère incroyablement trop facile, trop superficielle (une météorite, hébergeant le symbiote, s’écrase près de Peter Parker). Partagé entre des personnages qui ne servent à rien si ce n’est de faire valoir au héros (Gwen Stacy est totalement sacrifiée, le journaliste concurrent de Parker n’existe pas), et des scènes d’action visuellement étourdissantes, mais inachevées pour la plupart, Spider-Man 3 ne devient réellement réjouissant que dans les scènes où Parker, attiré par le côté sombre, part dans un délire proche de celui de The Mask. Sur un thème similaire à celui de Superman 3 (Superman devenant méchant, Superman Casse des bouteilles avec des cacahuètes) mais en autrement plus réjouissant, Spider-Man 3 bénéficie dans ces moments du talent d’un Sam Raimi plus que jamais
 
attiré par les cartoons de Chuck Jones. Un talent inné pour la comédie (Mort sur le grill, Evil Dead 2, Mort ou vif), allié à une caméra plus que jamais aérienne qui défie toute notion d’apesanteur, parvient à élever le film bien au-delà du simple ratage. Même « raté », un film de Sam Raimi parvient toujours à générer un véritable plaisir.



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Alors que les scénaristes ne savent pas, pendant une bonne partie du film, quoi faire du personnage de Harry Osborne (à qui ils font, glorieuse idée, perdre la mémoire), le miracle arrive subitement en la personne surprenante de l’Homme Sable. Méchant récurrent de la bande dessinée, mais psychologiquement peu intéressant, L’Homme Sable acquiert ici un potentiel émotionnel qui fait totalement défaut aux
 
autres personnages du film. Passons sur sa naissance hasardeuse (poursuivi par la police, le gangster Flint Marko tombe dans un "accélérateur de particules", d’où il ressort avec d’étranges pouvoirs), L’Homme Sable permet non seulement de faire le lien avec le premier film, même si de façon un peu trop commode, mais il recèle à lui tout seul de magnifiques moments d’émotion. Il n’y a qu’à voir ce plan où Flint, découvrant qu’il est constitué de sable, tente de récupérer sur le sol le collier de sa fille malade sans y parvenir. Comparons maintenant ce plan, sincère, naturel, bouleversant, avec celui pâteux et grossier, bien que similaire, de la Chose tentant de récupérer une alliance sur le bitume dans le film Les 4 Fantastiques. La comparaison est assassine pour le film de Tim Story. La présence de ce méchant ambiguë permet également de renforcer la
 
parabole sur le 11 septembre (la série, née quasiment au moment des attentats, en a toujours été fortement imprégnée, et la première scène d’action de ce nouvel épisode nous le confirme), par le biais de ce nuage de poussière qui survole New York, tornade emportant sur son passage voiture, papiers, humains… Dommage que Sam Raimi ne se soit pas contenté de cet unique méchant. Car si la scène finale promet des moments inédits sur un écran, la multiplicité des combats, des angles, et des méchants (Venom, L’Homme Sable, Harry), éclate le film en un nombre infini de sous intrigues mal gérées. Spider-Man 3 avec un seul méchant, Flint Marko, aurait pu être un très grand film. En l’état, il s’agit juste d’un divertissement de luxe. La nuance est de taille.