Un 32 août sur Terre

A la suite d'un accident de voiture, Simone décide de changer de vie. Elle veut un enfant... de son meilleur ami Philippe. Secrètement amoureux d'elle, il accepte, à condition qu'ils aillent dans le désert. Ils partent pour Salt Lake City...

Du premier long métrage de Denis Villeneuve se dégage un charme étrange. On assiste à une tranche de vie qui, curieusement, se déroule entre le 32 août et le 9 septembre. Après un accident de voiture tout à fait évitable, Simone se focalise sur son désir d'avoir un enfant. Selon elle, enfanter permet de contrer la mort, dont elle a eu un aperçu. Philipe, à qui elle demande d'être le géniteur comme elle lui demanderait de rendre un service, est perturbé par le désir de celle-ci. Il semble incapable de lui dire non, tout en demeurant velléitaire. Le voyage en Utah, à Salt Lake City, posé en condition du projet parental par Philipe, sert surtout de moyen dilatoire. Même si le cinémascope passe mal sur un écran de télévision, on a droit à de superbes images du désert à la couleur crémeuse irréelle. Ce qui rend les scènes de désert encore plus insolites, c'est que les acteurs ne semblent pas souffrir de la chaleur, ils ne semblent pas transpirer ou avoir soif.

Il est curieux de constater à quel point la voiture est associée au danger dans cette histoire. Simone ressort vivante d'un accident spectaculaire, un immonde conducteur de taxi abandonne le couple dans le désert de Salt Lake, enfin, vers la fin du long métrage, Philippe se retrouvera aux prises avec les occupants belliqueux d'un véhicule. Cette dernière scène est d'ailleurs très habile, puisque l'on voit Philippe, seul dans la nuit, tandis que l'on entend une auto se rapprochant à vive allure. Ensuite, la voiture apparaît sur l'écran, conduite par un chauffard qui laisse de la gomme sur le bitume. La voiture sort du champ de vision du spectateur... pour revenir auprès de Philippe. Le conducteur avait juste fait le tour du pâté de maison, avant de s'arrêter devant notre malheureux héros. Les occupants sortent et se mettent à lui chercher des noises...

On quitte à regret Simone et Philippe: alors que l'un des protagonistes avait échappé à la mort, il n'est pas sûr que l'autre lui échappe. Le désir d'avoir un enfant persiste, mais peut-être plus pour les mêmes raisons, il ne s'agit plus seulement de donner la vie, mais surtout qu'elle provienne d'une union avec l'être aimé. Pour clore sur un bémol, il faut avouer qu'il est parfois difficile de suivre les dialogues en québécois. Ils ne sont pas sous-titrés, tandis que ceux débités en anglais le sont. D'un autre côté, les Canadiens Français doivent avoir autant de mal à comprendre les films provenant de France, sachant qu'ils nous affublent d'un accent "cul de poule"!

par Yannick Vély