Strange days

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A quelques jours du passage à l'an 2000, à Los Angeles, des émeutes surviennent suite au meurtre d'un rappeur noir célèbre, Jeriko. Ayant assisté au meurtre, Iris est poursuivie par les assassins et est en fuite. Elle va contacter Lenny, un ex-flic qui vivote douloureusement en dealant des CD permettant de vivre les expériences d'autrui. En effet, grâce à un "casque" qu'on "connecte" sur sa tête, Iris a enregistré le meurtre…

Comme dans le remarquable Bienvenue à Gattacca, ici l'anticipation est légère, elle est même de cinq ans tout juste. Le réveillon de l'an 2000 est maintenant de l'histoire ancienne, Strange Days n'en reste pas moins marquant. James Cameron a en effet eu la brillante idée de laisser le monde dans son état contemporain (1995) et d'y rajouter une invention technologique dont on rêve tous: un appareil qui permet d'enregistrer ce que nous vivons sur support CD, ce qui nous permet ainsi de revivre sans cesse les meilleurs moments de notre vie, les pires aussi. De plus, ces CD se revendent au marché noir, ce qui permet de vivre ce que d'autres ont vécu, des aventures sexuelles comme des crimes… Ainsi, Lenny, un ancien flic paumé qui vit de ce commerce de CD, se replonge indéfiniment dans le bonheur qu'il partageait autrefois avec Faith, une jeune chanteuse qui depuis l'a quitté. Encore une fois, Ralph Fiennes fait des merveilles et est un véritable caméléon. Il est accompagné par Angela Bassett, mère célibataire qui travaille en tant que chauffeur et garde du corps. Honnête et tenace, elle aide Lenny à ne pas sombrer définitivement et le supplie de ne plus visionner les CD de Faith, qui agissent sur lui comme une drogue.

Les personnages, clairs et identifiables, servent une intrigue riche en rebondissements. Car s'il est un thriller d'anticipation, ce film reste étonnement humain, les sentiments étant mis en avant jusqu'à l'excès par ces CD. La technologie est au service de l'esprit, les CD pirates conditionnent l'état mental des gens en leur faisant éprouver les sensations d'un autre. De plus, cela crée une nouvelle espèce de drogués, ceux qui, tout comme Lenny, ne peuvent se passer de ces leurres et ne vivent plus vraiment dans le monde présent, réel, mais vivent dans leurs rêves virtuels. Et on les comprend, ou en tout cas on comprend Lenny, ceci grâce aux talents du directeur de la photographie: tandis que ses moments antérieurs avec Faith sont chauds et ensoleillés, la réalité est froide et bleue, constamment, elle est simplement proche de la mort, qui ne semble pas loin de venir le chercher. La mise en scène de Bigelow, comme dans Point Break, est efficace et ajustée au film, tenant un bon rythme, lui-même renforcé par une BO excellente compilant, entre autres, Skunk Anansie, PJ Harvey, Peter Gabriel et Tricky. Au final, un film rare et fort, sortant réellement du lot, qui nous laisse songeur…

par Yannick Vély

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