Phantom of the Paradise

Phantom of the Paradise
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Swan… Il n’a pas d’autre nom… Son passé est un mystère… Son œuvre déjà une légende… Il a produit son premier disque d’or à 14 ans. Depuis, il en a tant remportés qu’il a tenté de les déposer à Fort Knox. Il a introduit le blues en Angleterre… et Liverpool en Amérique. Il a réconcilié le folk et le rock. Son groupe, les Juicy fruits, a créé de toute pièce la mode rétro. À présent, il cherche une musique interplanétaire qui inaugurera son Xanadu, son Disneyland, le Paradise, le super palais du rock. Ce film est l’histoire de cette quête, de cette musique, de l’homme qui la créa, de la fille qui la chanta, du monstre qui la vola.

Ces quelques mots, récités sur l’un des plus beaux génériques du cinéma, ouvrent ce qui est considéré par certain comme le meilleur film au monde. Rétablissons tout de suite la vérité: Phantom of the Paradise n’est pas le chef d’œuvre de Brian De Palma. On lui préfèrera sans doute L’impasse, notamment. Il n’en reste pas moins son film le plus jouissif, le plus beau, le plus intrigant. Parodie adaptée de certains classiques de la littérature fantastique (Faust, Le Portrait de Dorian Gray, Frankenstein, etc.) et réalisée dans des décors créés en hommage à ceux du Cabinet du Dr. Caligari, le film de De Palma est également reconnu pour être le premier clip de l’Histoire du cinéma. La mise en scène grandiose, épique, réjouissante, principalement dans les dernières séquences prenant place dans le fameux Paradise, rend superbement justice à ce qui est l’un des scripts les plus riches au monde.

Utilisant la totalité du vocabulaire du cinéma, l’exploitant à son plein potentiel, De Palma pousse à leur maximum les expérimentations commencées sur ses films indépendants des années 60 (Hi, mom !) et sur Sisters. Ralentis, accélérés, split screen, multi-angles, etc., le cocktail est casse-gueule mais le résultat tient du miracle. Jamais le film ne sombre dans le ridicule, jamais le film ne va trop loin. Jamais les "trucs" de De Palma n’auront été autant au point. Il suffit de revoir Carrie pour s’en convaincre: excellent film qui pâtit un peu du désir de Da Palma d’explorer au maximum les possibilités du montage et du filmage. Ici, le split screen, le plus beau jamais vu sur un écran, sert le propos, celui d’un monde dans lequel tout est surveillé par un démiurge conservant tout ce qu’il filme.

Mais Phantom of the Paradise, c’est aussi et avant tout la symbiose parfaite entre l’écrit, le visuel et le sonore. Rarement un film n'aura été aussi réussi de ce côté là. Superbement mises en valeur par des images et un montage à couper le souffle, les chansons de Paul Williams méritent un oscar pour chacune d’entre elles. Tenant du génie, la bande originale du film est probablement la plus culte, la plus écoutée et la plus aimée au monde. Un délice prenant plus de valeur à chaque nouvelle écoute. Racontant l’histoire du faustien Swan, la musique et le film se servent de toute une partie de la littérature pour la malmener et l’emmener dans des contrées qu’elle n’était pas destinée à connaître. Quel rapport y a t-il entre Proust, Mary Shelley, Wilde, etc.? A priori aucun, et c’est bien là tout le génie de De Palma d’avoir su réunir toutes ces œuvres en un ensemble formidablement cohérent et homogène. Malgré la faiblesse du DVD et la pauvreté de ses bonus, la sortie de ce film sur ce support constitue un événement qu’il ne faut pas négliger. Sous aucun prétexte!

par Anthony Sitruk

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