On ne devrait pas exister

On ne devrait pas exister
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Hervé, 37 ans, est acteur de films X. Lassé de ses excès dans ce monde en marge, il décide de raccrocher son costume de Condoman et changer radicalement de vie pour se consacrer au cinéma traditionnel. Il aborde alors un monde qui lui est inconnu. Rejeté par ses pairs comédiens, Hervé souhaite furieusement comprendre les règles du jeu. Il rencontre LZA ...

UN BEAU BORDEL

D'une piqûre rappelant qu'il n'est aucune fatalité à ce que le cinéma français s'en tienne au seul et plombant naturalisme, soyons heureux prescripteurs. Nos salles l'an passé en firent l'expérience délaissant, l'espace d'un film, les mornes plaines d'une certaine fiction sociologico-psy. L'ironie voulant que ce salut libérateur émane du côté obscur de la force cinématographique (le porno) et aie pour héros le péniscéphale HPG. On ne devrait pas exister, pavoise dès son titre le film, qui se réjouit dès lors simplement d'être, sautillant d'un plat à l'autre, du n'importe quoi agaçant à la pose arty, en passant par toute une gamme d'émotions, à l'intérieur même des séquences. La méthode HPG est en effet accumulatrice, dressant des piles toujours plus hautes, jusqu'à l'effondrement. Jump cuts aidant, on est, dans la même séquence, navré par la vacuité du propos, soudain surpris de le trouver brutalement pertinent, réjouissant, puis hilarant, puis dérangeant à force de traîner en longueur, puis effrayant... L'acte, la folie, l'impro, la nullité, la nudité, la bêtise et le génie copulent en un grand tout punk et malpoli, qui sidère, embarrasse et fascine en même temps. Gratuit? Aucunement: tout comme Aaltra, sorte de cousin grolandais, cheminait anarchiquement vers le cinéma, On ne devrait pas exister culmine dans une dernière partie convoquant Bonello et la Cinémathèque française (braquée à coups de godemichés), sans complaisance ni ménagement. Au pays de Danièle Thomson et Fabien Onteniente, pareille contre-proposition, même imparfaite, soulage.

par Guillaume Massart

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Interactivité :

Opening laisse transparaître ses habitudes commerciales cul dans son choix de packaging. Ainsi la jaquette présente-t-elle un verso ultra-racoleur, sans doute destiné, via l'exhibition sans vergogne des seins nus d'LZA (photos au passage pas du tout extraites du film), à tromper l'amateur de porno attiré par le label HPG… Passons.

Passons également, tant qu'on y est, sur les classiques suppléments promotionnels (bande-annonce, galerie photo, etc.), pour nous concentrer sur l'unique et copieux vrai bonus de la galette, plus ou moins pertinemment intitulé Making-of. En effet, plus qu'un regard plateau, la featurette est aussi l'occasion pour HPG d'adresser un regard rétrospectif sur ce "premier" (au sens officiel du terme) long métrage. Le réalisateur convoque donc les différents acteurs d'On ne devrait pas exister et les fait témoigner, plantés en face d'une DV fixe, sur leur expérience. Le résultat permet de mesurer l'importance du casting dans la réussite du film et laisse transparaître chez HPG une faculté d'auto-critique bienvenue (pas dupe des défauts du métrage, HPG interroge notamment Bonello sur les panneaux dans lesquels ne pas tomber pour son deuxième film).

Les images du tournage qui succèdent à ces séquences bricolées, se partagent entre provoc hilare (comment écrire un titre fleuve sur une bite en érection, puis comment le filmer) et réel travail de direction (l'hommage à Kubrick). C'est dans ce second temps qu'on apprendra évidemment le plus sur HPG cinéaste.

On se permettra de taire la dernière partie du bonus, retraçant les honneurs et fêtes cannoises, se concluant en boîte de nuit par un défilé de people pas toujours réjouissant (ainsi Dieudonné, pour citer le plus navrant).

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