Musa, la princesse du desert

Musa, la princesse du desert
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Chine, 14ème siècle. Les seigneurs de la guerre se partagent un continent dévoré par des luttes intestines. Des soldats et des diplomates coréens exilés dans le désert, ne survivent que dans l’espoir de rentrer chez eux. Leur rencontre avec une princesse ming enlevée par les Mongols va sceller leur destin.

Hyperproduction sino-coréenne, Musa réjouira d’abord tous les cinéphiles comptables: 5 ans de préparation, 5 mois de tournage, 4 caméras, 8 millions de dollars, 60 camions, 300 personnes et un périple de 10 000 km à travers la Chine. Etiqueté film le plus cher de toute l’histoire de la Corée, Musa est un hold-up de toutes les caisses d’épargne, mais aussi un recrutement massif des personnalités les plus cotées d’Asie. Quelques noms jetés en vrac sur un CV en béton armé: Zhang Xia, producteur d’Adieu ma concubine, Shiro Sagisu, compositeur d’Evangelion et Zhang Ziyi, étoile montante du cinéma chinois. A la tête de l’entreprise, Kim Sung-Soo, réalisateur de 41 ans, qui signe avec Musa son quatrième long métrage. A mille lieux de l’asiapudding redouté, Musa dépoussière avec bonheur trois genres éculés: le western, le récit historique et le wu xia pian, dont il emprunte quelques éléments. Trois feux croisés qui provoquent plus d’une étincelle. Le film se distingue à la fois des virevoltes en apesanteur de Tigre et Dragon et du décorum chic de L’Empereur et l’assassin. Les arts martiaux sont réduits au simple maniement des armes. L’histoire, quant à elle, est connue; le film porte clairement le sceau de ses prédécesseurs. L’hommage appuyé à Akira Kurosawa ne paralyse pourtant jamais la verve filmique de Kim Sung-Soo.

Le film revisite quelques passages obligés: attaques de convois, cachettes de fortune, poursuites en forêt..., en y injectant du sang neuf: un traitement violent et réaliste des combats, va-et-vient habile entre ralentis et accélérés. Le combat sous le neige dans Gladiator? Musa utilise le même savoir-faire, avec une réussite égale. Flèches ensanglantées, corps dépecés, chevilles tranchées, têtes coupées, Musa est un stress épidermique de deux heures, un surplus d’adrénaline évacué dans des jouxtes barbares. Même s’il passe en revue tous les archétypes du récit médiéval, Musa parvient à insuffler une dimension unique à ses personnages. Défendu par des acteurs de premier plan, Jung Woo-Sung, Joo Jin-Mo, Ahn Sung-Gi, et un impressionnant chef yuan (Yu Rong Guang, vu dans Iron Monkey, de Yuen Woo Ping), le film s’offre un casting inespéré. De l’esclave insoumis au général orgueilleux, de l’archer fédérateur à la princesse capricieuse, toutes les classes de la société moyenâgeuse y sont représentées. Le triangle amoureux, fil conducteur du récit, n’apparaît qu’en filigrane. Epopée sanglante de quelques héros ordinaires, Musa ne réinvente pas un genre, mais le tire de sa torpeur. Avec panache.

par Danielle Chou

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Interactivité :

Les amateurs de jolies jaquettes ou de coffrets nec plus ultra regretteront la sobriété de l’étui cartonné. Mais les quatre heures de bonus ne devraient pas décevoir. Le DVD présente deux galettes: la première consacrée au film en lui-même, agrémentée de trente scènes coupées et de bandes-annonces maison, la seconde regroupe les traditionnels bonus – making of, interviews, coulisses, bêtisier et galerie photos. A noter que ces scènes coupées peuvent être insérées au film et l’allongent d’une bonne heure. Une petite icône permet alors de les identifier. La version courte exploitée en salles est celle distribuée à l’étranger. La version coréenne s’étire quant à elle sur près de trois heures.

Le making of - 42’36

La musique - 9’11

Les interviews des acteurs - 41’48

Les interviews de l’équipe technique - 31’43

Les coulisses du film - 17’41

La galerie photos - 3’58

Le bêtisier - 3’53

Divisé en cinq sous-rubriques (Excitation, Chaleur, Nostalgie, Attentes, Souvenirs), le making of effraie d’abord par son caractère brouillon. Peu ou pas de commentaire, des chutes ininterrompues de pellicule sans queue ni tête. Excitation s’ouvre sur une interview du réalisateur rappelant la genèse du film, avant de plonger au cœur du sujet, en plein surmenage technique. Equipe affairée, acteurs décontractés, metteur en scène sur tous les fronts. Le montage abrupt et ultra-rapide donne à peine le temps de souffler. Les séquences s’enchaînent à une allure soutenue. La suite épouse heureusement un rythme plus humain.

De courts extraits du film replacent les scènes tournées dans leur contexte. Quelques intervenants (acteurs, techniciens) nous gratifient de commentaires laconiques – les seuls qui seront traduits avec les extraits -. Le making of s’apparente plus à un journal de bord, saisissant au vol les impressions et l’humeur du moment. Les petits incidents (anniversaires, tapes dans le dos et clins d’œil) priment sur les grands. Le document suit l’ordre chronologique du film et parcourt les principaux lieux de tournage. Un regret: la discrétion des acteurs chinois (Zhang Ziyi et Yu Rong Guang), très en retrait par rapport au staff coréen et absents des interviews.

Ces interviews constituent la partie la plus instructive des bonus. Huit acteurs (l’esclave, le général, le lieutenant, le sergent, l’interprète, le chasseur, le jeune soldat et le fermier) se prêtent au jeu. Selon l'importance de leur rôle, ils disposent de trois à huit minutes pour livrer leurs impressions sur Musa et rendre compte des épreuves traversées. Affables et souriants, Joo Jin-Mo (le général), Ahn Sung-Gi (le sergent) et Park Jun-Hak (le lieutenant) se montrent particulièrement convaincants à l’exercice. Les interviews "techniques" ont de quoi satisfaire les curieux de l’effet spécial.

Les coulisses du film s’attardent sur la confection des costumes et des décors. On y retrouve un montage brut, sans commentaire, calqué sur celui du making of. Dans un second reportage plus didactique, une voix féminine énumère à vitesse grand V les effets spéciaux et les cascades les plus marquants, en les détaillant sommairement. On relèvera avec amusement la conclusion sous forme de tract publicitaire: "Un film fait de nostalgie et de souffrance ne peut être que précieux. Les sourires à la fin du tournage ne peuvent être que beaux." Enfin, la galerie photos n’offre aucune interactivité. Les images se superposent les unes aux autres et défilent toutes seules.

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