Madame Bovary

Madame Bovary
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Au XIXème siècle, mariée à un médecin de campagne peu ambitieux, Emma Bovary se perd dans des lectures romanesques, et tente de tromper cet ennui en trompant son mari.

GRAND CRU

Comme tous les bons vins, les films de Chabrol ont cette particularité qu'ils prennent généralement de l'importance et de la valeur avec les années, révélant progressivement leurs charmes et leurs attraits au fil du temps. Madame Bovary, bien que n'étant pas le meilleur film de son cinéaste, n'échappe pas à la règle. Avec pour principe de coller fidèlement au livre de Flaubert, de réaliser le film que l'auteur aurait lui-même pu vouloir mettre en scène, il était clair que Claude Chabrol se mettait en danger, risquant de subir un véritable déchaînement critique et public. "C'est une de ces œuvres qu'il ne faut pas toucher, explique le cinéaste, à moins d'avoir la folie d'oser". Et Chabrol ose, justement. Il ose jouer la carte du romantisme exacerbé présenté dans le livre, ose montrer une certaine distance avec ce romantisme, à la manière de Flaubert ironisant sur le fait que son héroïne se perdait elle-même dans des vieux romans, ose s'identifier à l'auteur au point de pouvoir faire sienne la fameuse expression "Madame Bovary, c'est moi".

"GUSTAVE FLAUBERT, C'EST MOI"

Découvrir aujourd'hui Madame Bovary - le film, c'est redécouvrir le texte superbe de Flaubert, et de nouveau faire face à cet enchantement de tous les instants qui fait la force du roman et qui nous étreint littéralement à la vision de l'adaptation de Chabrol. Parfaite illustration du bovarysme, thème intimement lié à l'œuvre du cinéaste, le film pousse si loin la parfaite compréhension de l'œuvre originale qu'il se permet quelques écarts courageux mais finalement astucieux: la présentation du personnage de "Charbovary", par exemple, est un modèle d'adaptation, conservant la substance des premières pages du livre, tout en les ignorant superbement - Chabrol ne montre pas l'enfance du personnage de Charles. A cette parfaite assimilation s'ajoute l'identification de l'actrice Isabelle Huppert à son personnage, culminant dans la scène troublante dans laquelle elle répète inlassablement la fameuse réplique: "Le Pauvre homme", phrase incroyable et si bien dite, qui définit à la fois l'héroïne - désenchantée, rêveuse, dédaigneuse - et son mari - terre à terre, bon mais incapable de donner à Emma ce qu'elle recherche. Les retrouvailles d'une actrice et d'un réalisateur pour mettre en scène ce qu'ils savent faire de mieux, un drame sur la vie provinciale, adaptant cette fois ce qui reste probablement comme le plus grand roman du XIXème siècle. Chabrol ne pouvait décemment pas rater ce film. L'adaptation, réputée impossible et sur laquelle plusieurs se sont cassé les dents, est parfaite.

par Anthony Sitruk

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Avant toute chose, il convient de souligner la beauté du coffret DVD, incroyablement mis en valeur par les couleurs de l'affiche originale, contrastant violemment avec la sobriété du boîtier. A l'intérieur, la sobriété est également de mise: le film et les suppléments ne sont que sur une seule galette. Mais, pour l'accompagner, l'éditeur a eu la très judicieuse idée d'y joindre le livre original de Flaubert en collection Folio, ce qui ne manquera pas de ravir les puristes. Le DVD en lui-même est un pur bonheur. Le film est précédé d'une courte mais fort intéressante introduction de Joël Magny, dite en voix off sur des images du film, et nous permet de mieux l'appréhender, donc de mieux le comprendre et l'apprécier. Le reste est du même niveau et achève de faire de Madame Bovary un DVD à posséder impérativement: un entretien avec Isabelle Huppert, des documents sur la version de Renoir, la bande-annonce du film... Et surtout, la leçon de cinéma de Claude Chabrol, commentant cinq scènes clés du film. A voir impérativement pour constater que le cinéaste n'est pas uniquement le fin gourmet que l'on voit généralement en lui.

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