Little Odessa

Little Odessa
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film

Tueur professionnel, Joshua Shapira accepte une mission délicate qui l’oblige à revenir dans son quartier d’origine. Depuis qu’il a assassiné le fils du parrain local, sa tête est mise à prix par la mafia russe. Il se rend néanmoins au chevet de sa mère malade.

DREAM BROTHER

Premier long métrage d’un jeune réalisateur surdoué, Little Odessa s’inscrit dans la tradition du film noir américain, celle du retour d’un fils honni dans son quartier d’origine. Si ce synopsis paraît rebattu, le cinéaste américain évite pourtant tous les clichés du genre et signe une tragédie contemporaine impressionnante de maîtrise. James Gray installe sa caméra virtuose dans un univers méconnu du septième art, Brighton Beach, une enclave russe en plein New York, pour filmer le choc entre deux cultures: celle communautaire de l’Europe de l’Est et celle individualiste des Etats-Unis. Le personnage de Joshua est emblématique de cette confrontation. Pour quelques billets verts de plus, il a abandonné les siens pour devenir un tueur à gage sans scrupule. Son jeune frère rêve de marcher sur ses pas et de quitter à son tour la prison familiale soumise à l’autorité paternelle. Adolescent comme les autres, Reuben lit des comics, se gave de chewing-gums et regarde des westerns dans un vieux cinéma désert.

LAST GOODBYE

Fasciné par l’opéra, James Gray filme ses personnages comme des figures du théâtre antique. Tout manichéisme est absent. Joshua n’a rien d’un héros glamour. Il tue de sang-froid, maltraite souvent son petit frère et vit une liaison tourmentée avec un premier amour qu’il mènera à sa perte. Dans une scène clé du film, il humilie même son géniteur en l’obligeant, l’arme sur la tempe, à se coucher à ses pieds. Seule faille: l’amour qu’il porte à sa mère, Irina. Victime d’un cancer, cette dernière reste l'unique trait d’union entre les membres de la famille. Little Odessa est rythmé par les processions des différents protagonistes dans la chambre de la mourante, transformée en icône de la religion orthodoxe. Sa mort scellera le destin tragique d’une famille à jamais maudite. Brighton Beach est le dernier personnage de cette marche mortuaire, une présence fantomatique et enneigée qui ajoute à la mélancolie du long métrage.

GRACE

Admirateur du cinéma italien des années 60 et tout particulièrement de l’œuvre de Lucho Visconti, James Gray privilégie une mise en scène sobre et efficace aux tics formels à la mode. Peintre à ses heures, il soigne particulièrement le cadre et la lumière. Chaque plan présente un tableau fourmillant de détails. La froideur des bas-fonds de Little Odessa contraste avec la chaleur onirique de la chambre d’Irina. D’une maturité étonnante, le cinéaste alors âgé de vingt-cinq ans se révèle aussi un grand directeur d’acteur. Avec une rare économie d’effets et de mots, Tim Roth, parfois cabotin dans d’autres rôles, compose ici un troublant tueur mutique. Homme-enfant au regard las, Edward Furlong apporte toute sa candeur juvénile au personnage de Reuben. Récompensé par l’Ours d’argent du Festival de Berlin 1994 (prix décerné par David Lynch), Little Odessa semblait marquer l’émergence d’un grand réalisateur, fils spirituel de Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Sept longues années lui seront pourtant nécessaires pour financer et mettre en scène The Yards aux thèmes très similaires.

par Yannick Vély

En savoir plus

Interactivité :

Bénéficiant d'une copie parfaite avec une piste son DTS en prime, le DVD zone 2 ne présente aucun bonus digne d'intérêt. Les classiques filmographies et bande-annonces d'époque complètent une présentation de l'acteur Edward Furlong par le réalisateur Mathias Ledoux.

Commentaires

Partenaires