Jack le tueur de geants

Jack le tueur de geants
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Banni d’Angleterre, le sorcier Pendragon fait enlever la princesse Elaine par l’une de ses créatures. Jack, un modeste fermier, parvient à tuer le géant, et ainsi sauver la belle captive. Mais Pendragon n’a pas renoncé à ses sombres desseins.

En 1958, Nathan Juran (1907-2002) avait réalisé Le Septième voyage de Sinbad, produit par Charles H. Schneer. Toute la réussite du film revenait aux époustouflantes scènes d’animation image par image conçues par le génial Ray Harryhausen. Celui-ci donnait vie à un cyclope, une femme-serpent, un dragon, et orchestrait une formidable bataille entre le personnage réel de Sinbad (Kerwin Mathews) et un squelette armé d’une épée. La musique très vive et colorée était due à Bernard Hermann, collaborateur habituel d’Hitchcock. En 1962, le producteur Edward Small décide de retrouver le succès de ce film d’aventure en montant un projet similaire, Jack le tueur de géants. Nathan Juran à la réalisation, Kerwin Mathews et Torin Thatcher comme acteurs seront de la partie, mais des animateurs ainsi que des musiciens moins reconnus qu’Harryhausen et Hermann seront préférés.

L’histoire ne brille pas par son originalité: Jack doit partir à la recherche de la princesse qu’il aime, enlevée par l’ignoble sorcier Pendragon. Dans sa quête, il se fera un allié en la personne d’un Leprechaun (ou lutin irlandais) prisonnier d’une bouteille, la magie noire du vil sorcier sera opposée à celle, plus puissante, dévouée au bien. Les scènes d’animation de figurines font souvent écho à celles contenues dans Le Septième voyage de Sinbad, en moins abouties et moins nombreuses, faute de moyens. Gene Warren, Wah Chang et Tim Barr, responsables des effets spéciaux, arrivent pourtant à des résultats fort honorables. Même si les géants souffrent de la comparaison avec ceux créés par Harryhausen, du fait de leurs traits plus grossiers et de leurs mouvements plus saccadés. Jack le tueur de géants contient des séquences assez efficaces, comme l’attaque du bateau par des sorcières. L’image prend alors un ton sépia, hormis les démones, entourées d’un halo bleu fluorescent. Moins heureuse est l’insertion d’éléments en dessin animé, comme une chaîne, un corbeau, des rayons magiques colorés. Le comble du kitsch survient lors de la délivrance du lutin, qui se met alors à sautiller sur un arc-en-ciel, la superposition de l’acteur et du décor étant assez grotesque! Dépouillé de son encombrante comparaison, le film conserve cependant un véritable charme enfantin.

Comme le plus souvent dans ce type de productions, le personnage féminin est stéréotypé au possible, Judi Meredith, (à l’époque petite amie de Frank Sinatra), n’a pas grand chose à défendre dans la peau de la princesse Elaine, sauf peut-être lorsqu’elle se transforme en sorcière aux yeux jaunes, pervertie par l’affreux Pendragon, joué par Thorin Thatcher, abonné aux rôles de sorciers depuis Le Septième voyage de Sinbad. Il est intéressant de noter que Sam Raimi réutilisera cette idée dans Evil Dead III, l’armée des ténèbres (1992), lorsque la pure Sheila (Embeth Davidtz) devient, un temps, une succube hideuse au contact d’Evil Ash (Bruce Campbell). Nathan Juran refera équipe avec Ray Harryhausen, pour Les Premiers hommes dans la Lune (1964). Au détriment du réalisateur, resté dans l’ombre, c’est surtout les scènes de l’animateur qui demeurent fameuses et très attendues quand on visionne les longs-métrages. Quant à Kerwin Mathews, il reste l’acteur de films mêlant images réelles et animées, puisque, outre un peu oriental Sinbad et un intrépide Jack, il incarna aussi Gulliver, dans Les Trois mondes de Gulliver (Jack Sher, 1960), dont les effets spéciaux encore une fois relevaient du talent ahurissant de Harryhausen.

par Yannick Vély

En savoir plus

Interactivité :

- Film présenté en format 1:66, et non en 16:9, afin d’en conserver l’aspect original, sans en altérer l’image.

- La version française d’époque permet d’écouter avec un brin de nostalgie des voix qui deviendront célèbres, au long des diffusions des films en V.F à la télévision. Jacques Thébault (voix de Steve McQueen, Patrick McGoohan) double Kerwin Mathews, Roger Carel (Kermit, dans le Muppet Show) le sbire ricanant et contrefait de Pendragon, tandis que la princesse Elaine a la voix d’Arlette Thomas (voix de Titi, de Lee Remick). Hélas, le viking d’opérette et le lutin en bouteille perdent leur accent si savoureux.

- Version originale avec sous-titres français inamovibles.

- Galerie de neuf photos.

Le dvd contient trois films d’animation sur le thème de Jack et le haricot magique, on remarque que si le film de Nathan Juran contient bien des géants, il n’y a pas de haricot, mais des pièces magiques!

- Film d’animation: Jack and the Beanstalk (1955), de Lotte Reiniger, 11 minutes 23, sous-titres français inamovibles. Une superbe adaptation de l’histoire de Jack et le haricot magique, par Lotte Reiniger (1899-1981), réalisatrice s’étant réfugiée en Angleterre afin de fuir le nazisme. Les personnages sont en ombres chinoises, tandis que les décors sont en couleur. Passage mémorable, Jack se cache sous les jupons de la belle-fille du géant, qui, fait étrange, ne cesse de répéter qu’il déteste les Anglais!

- Dessin animé: Jack and the Beanstalk (1933), de Ub Iwerks, 8 minutes 11, sous-titres français inamovibles. Ub Iwerks (1901-1971), créateur de Flip la grenouille, un personnage qui n’aura jamais la fortune de Mickey Mouse, signe une version chantée de Jack et le haricot magique. Iwerks, qui avait été associé avec Walt Disney, dès 1919, deviendra plus tard l’un de ses employés. Il fera aussi les effets spéciaux des Oiseaux, d’Hitchcock (1963).

- Dessin animé: The Giant Killer (1924), de Walter Lantz, 7 minutes 59. Le dessin animé de Walter Lantz (1899-1994), créateur de Woody Woodpecker, est sans doute le plus daté des trois contenus dans le dvd. Son originalité réside surtout dans son interaction entre des personnages de dessins animés avec un acteur réel.

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