Femme de mon pote (La)

Femme de mon pote (La)
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Pascal et Micky, deux potes "cul-et-chemise", habitent à Courchevel, sur les pistes de ski. Pascal est un tombeur, Micky un célibataire endurci. Débarque Viviane, aguicheuse en diable, comme un chien dans un jeu de quilles…

SI T’ES MON POTE…

1983: voici dix ans que la bombe Les Valseuses a explosé à la gueule du cinéma français. Dix ans que Bertrand Blier torpille de l’intérieur les luttes de sexe, les conventions et les mœurs. Dix ans de Valseuses donc, mais aussi de Calmos, de Préparez vos mouchoirs, de Buffet froid et de Beau-père. Dix ans au parfum de scandale, mais surtout dix ans de génie. Cette décennie, Blier l’a passée à se bâtir un dispositif personnel, à base de dialogues subtilement écrits, d’esthétique studio délibérée et de clairvoyance sociale. Le style Blier possède alors ses lettres de noblesse. En cinq comédies mélancoliques, reposant pour une grande part sur une bande d’acteurs d’exception, Blier est devenu un cas à part dans le cinéma national. Tacitement considéré comme l’un des films mineurs du cinéaste, La Femme de mon pote mérite pourtant sa place dans la continuité de cette filmographie, et ce en dépit de ses quelques faiblesses. La patte Blier, reconnaissable entre mille, répond bien présente à l’appel. Gouaille verbale autant que visuelle, conscience minutieuse du décor, intelligence ciselée des dialogues…

Cette fois encore, c’est à la figure classique du triangle amoureux que Blier se frotte. Un Jules et Jim font du ski, en quelque sorte. Sauf que Jules s’appelle Pascal (Thierry Lhermitte) et Jim, Micky (Coluche), et que tous deux tiennent davantage du couple gay inavoué que du viril duo complice. Quant à Catherine, elle s’appelle désormais Viviane (Isabelle Huppert), porte la jupe fendue et le décolleté lâche. On pense à Renaud qui, trois ans plus tard, chantera sur l’album Mistral gagnant: "Bon d'accord elle est bonne mais j’vois pas/C’qu’elle te donne de plus que moi/Des s’maines que tu m’délaisses pour une histoire de fesses/J’le crois pas/Fais gaffe que l'amitié se laisse pas enterrer par cette peste/Qu’est jalouse comme un pou, qui m’connaît pas du tout et qui m’déteste". L’essentiel (l’essence?) est donc bel et bien là. Bien sûr, Dewaere manque cruellement (le rôle de Pascal avait été écrit pour lui), même si Lhermitte en pull chamois fait tout pour que l’on oublie le Popeye des Bronzés. Evidemment, Coluche, affecté par le suicide de son ami, ne fait rien de plus que son Coluche (ce qui n’est déjà pas mal), et est encore à des kilomètres de l’apogée atteinte avec Tchao Pantin. Reste Huppert, jeune et pimpante, surprenante en allumeuse fatale. Cruel, touchant, élégamment factice et boiteux, et sonnant pourtant tellement vrai, La Femme de mon pote mérite, vingt ans après, d’être réhabilité.

par Guillaume Massart

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Interactivité :

Enorme déception puisqu’on ne trouve aucun véritable bonus sur le DVD. Une poignée de bandes-annonces de la collection Coluche, point-barre. Il y avait pourtant de quoi faire… Histoire de dire quelque chose, merci à Pathé de n’avoir pas conservé l’hideux visuel de l’affiche d’origine. Ce n’est pas grand chose, mais c’est mieux que rien.

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