Dune - Ultimate Edition

Dune - Ultimate Edition
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En l’an 10191, les Atréïdes et les Harkonnen s’affrontent pour la possession de Dune, la planète d’où est extraite l’Epice qui donne pouvoir et longévité. Seuls deux Atréïdes survivent à la bataille: Paul, l’héritier du trône, et sa mère. Réfugié chez les Fremens, mystérieux habitants de Dune, Paul prépare sa revanche.

ET DUNE

Plus de vingt ans après sa réalisation, l’étrange film raté de David Lynch continue de fasciner, au point en France d’être considéré à tort comme le plus grand film culte de la science-fiction. Rappelons au passage que le seul pays au monde à avoir fait de Dune un succès reste le notre, avec plus de deux millions d’entrées, ceci expliquant peut être cela. Un budget démentiel pour l’époque (plus de 45 millions de dollars), et un projet passé notamment entre les mains du mexicain Alejandro Jodorowsky, une arlésienne de plusieurs décennies, pour une déception qui n’a d’égal que l’attente qu’elle a généré. Dune, c’est le Lord of the Ring des années 80 niveau ambition, la montagne accouchant exceptionnellement d’une souris: un film statique, sur-éclairé, à l’interprétation approximative et aux effets spéciaux médiocres. Alors pourquoi cette fascination perdure t-elle? N’est-elle hypocritement attribuable au simple nom de Lynch, qui transforme en objet de culte tout ce qu’il touche? Pas seulement. Dune est un cas unique dans les annales, celui d’un film transformant avec les années ses défauts intrinsèques en qualités discutables. Exemple type: lorsqu’il arrive sur les plateaux géants du tournage, David Lynch constate que les décors ont été construits en béton armé, rendant impossible tout mouvement de caméra, toute utilisation nuancée de la lumière. Ceci étant la raison principale de cette surexposition qui fait aujourd’hui toute l’originalité du film: pas un décor qui ne soit éclairé, pas la moindre petite parcelle d’ombre. Le film est le plus clair de son auteur, le moins torturé, donc, mais peut être aussi le film à grand spectacle le plus statique de toute l’Histoire du cinéma. Une sorte d’ovni imprévu, dans lequel tout parvient miraculeusement à tenir debout malgré les défauts évidents. Dune, de par ses scories, devient ainsi malgré lui le reflet d’une bataille, celle d’un cinéaste encore inexpérimenté (deux films à son actif) dépêché sur le projet du siècle, sur ce film "au delà de votre imagination", et incapable de composer avec les difficultés de production (Dino de Laurentiis n’étant pas le nabab le plus conciliant). Alors, le plus grand film de science-fiction depuis La Guerre des étoiles? Par défaut, oui, sans doute. Mais avouons que l’opus le plus discutable de Lynch possède malgré tout un charme indéniable qui va croissant avec les années.

ET DE DEUX

Proposé en tant que bonus, la version longue de Dune ne doit pas être considérée autrement. Version étirée sur quatre heures pour la télévision, et sur trois heures (188 minutes) une fois les coupures pub retirées, ce nouveau Dune datant de 1988 n’est pas à proprement parler un director’s cut puisque le montage n’a justement jamais été validé par Lynch qui a signé ce film sous le pseudonyme d’Alan Smithee. En tout, ce sont donc 35 minutes qui viennent s’ajouter au métrage tel qu’on le connaît. Bonne nouvelle ? Oui pour l’adjonction de séquences manquantes et tournées par le cinéaste. Et non pour tout le reste : recadrage systématique du film, ajout d’une voix off ringarde, ainsi que d’un prologue constitué de dessins préparatoires (sans doute l’idée de cinéma la plus catastrophique vue sur un DVD ces derniers mois), réutilisation de certains plans à différents moments du film, etc. Les coupures pub subsistent – les réclames étant bien entendu remplacées par un écran noir d’une seconde -, et la vision de cette version donne furieusement envie de revoir l’ancienne tant le tout parait peu cohérent. Et les scènes manquantes ? Anodines, pour la plupart. Incohérentes, pour certaines (les Freemens n’ont pas les yeux bleus dans les scènes additionnelles). Redoutables pour d’autres (refusées par Lynch au montage et récupérées par la production)... Autant dire que cette version a une valeur cinématographique totalement anecdotique. Sa présence dans cette édition reste cependant une idée intéressante à mettre au compte de l’éditeur.

par Anthony Sitruk

En savoir plus

Interactivité :

Première constatation, le digipack édité par Opening est proprement magnifique. Cartonné, noir, avec polices de caractères dorées, rien à dire, c’est un bel ouvrage. Trois DVD différents, le premier pour la version cinéma du film, le second pour la version télé, et le troisième consacrés aux bonus. C’est là que le bas blesse : si ces bonus se révèlent passionnants et bien mis en valeur par des menus splendides, ils ne sont sans doute pas assez nombreux. Malheureusement, rappelons que les producteurs, devant l’échec sans appel du film, ont détruit la plupart des documents filmés sur le tournage. De Dune, il ne reste plus rien, ou presque. Saluons donc le boulot effectué pour tenter de resituer le film à travers différentes interviews.

Premier bonus, et non des moindres, les quelques rares images de plateau restantes, et montées en un documentaire de neuf minutes. Lynch au travail, Frank Herbert (alors plein d’espoir quant au film) interviewé, retour sur les décors, les acteurs, les scènes d’action... Des images presque nostalgiques d’une équipe alors soudée (plus de 1500 personnes quand même).

Le reste, outre de très belles galeries d’images et d’affiches, est principalement constitué d’interviews de journalistes français. La plus passionnante restant bien sur celle retraçant la genèse du projet initial de Dune: l’arlésienne adaptation de Jodorowski, cet incroyable projet réunissant les plus grands artistes de la planète (Dali, Welles, Pink Floyd, et un petit nouveau du nom de Dan O’Bannon – futur scénariste de Alien). La suite, bien qu’intéressante, se révèle légèrement plus anecdotique.

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