Derniers jours d’Emmanuel Kant (Les)

Derniers jours d’Emmanuel Kant (Les)
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Emmanuel Kant, célèbre philosophe, auteur de La Métaphysique des mœurs, approche de la fin de sa vie. Vieux monsieur, son existence est entièrement rythmée par des habitudes prises depuis tant d’années, et il ne peut se résoudre à échapper aux rites qui régissent ses journées. Pourtant, l’arrivée d’un nouveau majordome dans la maison du philosophe va bouleverser cette vie si bien planifiée.

Comment retranscrire à l’écran la perfection des mots de l’un des plus grands auteurs de l’Histoire de la littérature? Comment retrouver la beauté du texte de Thomas de Quincey, immortel auteur des Confessions d’un mangeur d’opium anglais? Tel était le défi que s’imposait l’ex-critique de cinéma du magazine ELLE (cela ne s’invente pas!), Philippe Colin, en s’attaquant à cette fausse biographie du célèbre philosophe publiée en 1827. La solution trouvée est foudroyante, et montre l’incroyable compréhension qu’a eu le cinéaste de la courte nouvelle de l’écrivain. Pour saisir l’essence de l’œuvre de De Quincey, il suffisait d’en saisir l’évidente modernité, et de la faire fusionner avec un classicisme propre à tout film en costumes.

A première vue, l’adaptation de Philippe Colin donne un film extrêmement austère. Les décors sont souvent dépouillés, l’interprétation est minimale, le lieu est quasi unique. Pourtant, il devient évident au bout de quelques minutes que le film, hommage sincère au cinéma de Robert Bresson, ne se résume pas à son austérité. La première approche pour une œuvre aussi fragile n’est donc pas forcément la meilleure, et en grattant un peu, on peut y trouver une source intense de plaisir, par le biais de dialogues ciselés et apparemment authentiques. Il faudra bien entendu saluer la précision parfaite de ces dialogues, dits avec ce phrasé si doux et particulier, en insistant bien sur celui, malicieux et complice, du personnage principal dont la voix est à elle seule un véritable délice. Récitant ces mots tirés du livre de De Quincey, il attire la sympathie immédiate du spectateur, ému par ce vieil homme à qui il ne reste plus que des habitudes plus ou moins distrayantes (le café, le journal, la promenade, etc.) pour vivre.

Ces habitudes et la façon dont elles sont rendues sont ce qu’il y a de plus réussi dans le film, cela grâce à une multitude de détails magnifiques. Un exemple parmi tant d’autres, peut être la plus belle scène du film qui montre le vieil homme se faire servir son café par son nouvel employé, et remarquer que les chaussures de celui ci ne sont pas dans les traces de pas laissées sur le tapis par l’ancien employé, au bout de 20 ans de services et de rites appris et sacrifiés chaque jour. Rien que pour cette scène, et pour le bonheur que procurent certains dialogues, le film de Philippe Colin mérite la vision, et l’achat (en vidéo, la sortie DVD n’étant pour le moment malheureusement pas annoncée).

par Anthony Sitruk

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