Ciao! Manhattan

Ciao! Manhattan
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Susanne revient chez elle après trois années d’absence, durant lesquelles elle est devenue une star mondiale par le biais de la Factory d’Andy Warhol.

Ciao! Manhattan, c'est tout d'abord la découverte dans une splendide copie DVD de l'icône immortelle de Warhol, de la "beauty number 2", Edie Sedgwick, splendeur visuelle au corps parfait qui n'avait pour seule occupation que celle d'être... une superstar. Un peu de mannequinât, un peu de comédie, mais surtout et avant tout, une personnalité hors du commun qui émerveillait ceux qui l'entouraient, partout où elle mettait les pieds. Fausse biographie tournée en cinq ans, ce film retrace à travers le destin de Susanne celui d'Edie, qui passe du statut de "pantin" de Warhol (qu’elle singeait jusqu’à la couleur de cheveux) à la déchéance la plus totale, déchéance qui durera trois années, faites de tentatives de suicide et d'injections de substances diverses. En fixant ainsi le visage d'Edie sur pellicule, en utilisant et mélangeant les images tournées à celles archivées (les plans du véritable mariage d'Edie quatre mois avant sa mort, notamment), les deux réalisateurs parviennent à faire revivre le mythe sur l'écran, mais aussi dans notre mémoire - y compris pour ceux qui ne la connaissaient pas avant de voir le film. En proposant trois temporalités différentes (passé new-yorkais au milieu de la faune underground - présent hollywoodien au milieu de posters et autres vestiges de son ancienne gloire - délire paranoïaque), le film pénètre plus avant dans la personnalité de son personnage, la transformant, la transcendant, l'icônifiant définitivement, la faisant pénétrer notre propre rétine à la manière des sérigraphies de Warhol. Ciao! Manhattan est cette petite perle qui, le temps de quelques dizaines de minutes, fait revivre un monde et une époque à travers son personnage le plus édifiant.

par Anthony Sitruk

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Interactivité :

Emballé dans un superbe écrin digipack, reprenant des photos de Edie Sedgwick travaillées par Andy Warhol, ce coffret Carlotta Films édité pour la ressortie au cinéma de Ciao! Manhattan est un petit bijou. Outre une version restaurée du master du film et la bande annonce de l'époque, il propose trois types de bonus d'une grande qualité.

Ciao! Manhattan retrouvé

Constitué de rushes écartés au montage, dont les négatifs 35mm ont été retrouvés par David Weisman en 1999, ce petit document inédit de 27 minutes se place à la fois comme un reportage sur la Factory, ses habitués, leurs lieux de prédilections, mais aussi comme un making of de Ciao! Manhattan. Principalement composé d'images en noir et blanc filmées par John Palmer, il est dénué de toute piste sonore mais peut être écouté avec les commentaires audio à la fois pertinents et anecdotiques de David Weisman. Ainsi se succèdent, sans aucune transition, dans une qualité photographique impeccable, des vues de New York depuis l'hélicoptère de liaison entre le Pan Am Building et Kennedy Airport; des images filmées lors du Be In, le fameux rassemblement pacifique tenu le dimanche de Pâques 1967 à Central Park, et d'autres témoignant d'une convention de médiums organisée par le scénariste Chuck Wein dans la propriété de l'artiste Peter Max le week-end du Memorial Day 1967; des séquences plus intimes et dirigées dans l'appartement de David Weisman, une discothèque de Lexington Avenue, la chambre de l'imaginaire du médium Astro, le magasin Paraphernalia de Greenwich Village, l'appartement de réinsertion pour jeunes délinquants de "Auntie Mame" à Chelsea, le restaurant de Andy Warhol Max's Kansas City, le health club de l'Insonia Hotel sur Broadway où avaient lieu des happenings, Kamahachi le premier sushi bar de New York, des scènes de Paul America en ville avant son séjour en prison. Le tout est suivi de quelques séquences en couleur mettant principalement en scène Roger Vadim et quelques tests de colorimétrie dans la piscine de Edie.

Commentaire audio du film Introduit par David Weisman il rassemble les deux co-réalisateurs ainsi que l'acteur Wesley Hayes. Avec une certaine nostalgie, les trois hommes déconstruisent le film, en montrent les rouages, s'attardant sur le côté chaotique et totalement improvisé du tournage, ses rebondissements de dernière minute, l'évolution du personnage d'Edie en fonction de ses différents états de santé. "Le film s'est fait tout seul", déclare David Weisman en début de commentaire, une phrase qui servira de fil rouge à l'intégralité de ce bonus.

Autour de Ciao! Manhattan

Ce supplément est constitué de quatre interviews, entrecoupées d'images d'archives, de personnes ayant contribué au film et/ou côtoyé Eddie. George Plimpton, éditeur de la biographie d'Edie, revient sur la vie du mannequin, sa contribution au sein de la Factory, sa disparition, son impact sur la génération des années 60 mais également sur les jeunes du 21e siècle. Betsey Johnson, costumière du film et vendeuse chez Paraphernalia dans les années 60, explique comment elle est devenue la styliste attitrée des stars de la fin de la décennie, et notamment de Edie, qui fut son mannequin vedette pendant quelques années, quel a été l'impact de cette nouvelle mode au cours des années suivantes et les causes de son revival à l'heure actuelle. David Weisman, co-réalisateur de Ciao! Manhattan, revient sur le but premier de faire un film sur la Factory peu coûteux mais qui puisse être projeté en dehors du cercle Warhol. Il explique comment Edie est devenue le personnage principal du film alors qu'elle ne devait être qu'une figurante parmi les habitués de la Factory, comment le tournage est passé d'un plan de travail de deux semaines à une durée totale de cinq ans, révélant ainsi le côté spontané caractérisant cette décennie. Enfin, Wesley Hayes, interprète de Butch, le rôle masculin principal de Ciao! Manhattan, se rappelle quant à lui comment il a été engagé sur le tournage, sa rencontre avec Edie, et la première du film à Amsterdam.

Julie Anterrieu

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