Betelnut Beauty

Betelnut Beauty
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Fei-Fei, à peine 18 ans, affiche son indépendance en quittant brutalement la maison familiale. Pour gagner sa vie, elle fréquente la pègre locale et vend des "noix de bétel". Dans ses déambulations nocturnes, elle croise à plusieurs reprises Feng, jeune homme indolent monté à la ville pour nourrir sa famille. Amoureux de la jeune femme, le jeune homme se laissera prendre au glamour de la vie nocturne et à l’argent facile de la pègre.

GLAMOUR? VOUS AVEZ DIT GLAMOUR? COMME C’EST GLAMOUR

Des beaux visages asiatiques, des fonds colorés, une ville où les buildings laissent apparaître leur photogénie et même un semblant de poésie et, enfin, le mal-être de la jeunesse de Taiwan, de Hong-Kong, de Corée… Les films qui rassemblent ces ingrédients sont légions depuis… Chungking Express? Betelnut Beauty est l'un de ces films. Avec par moments un peu plus de bonheur… et d’autres fois beaucoup moins. Les acteurs sont beaux, les images sont belles et plus d’une situation est touchante, mais dès que la tension se relâche, et cela arrive plus d’une fois au cours du film, se glisse l’impression d’avoir déjà vu cela mieux filmé, mieux mis en scène, avec des situations ou des problématiques plus marquantes (au hasard Made in Hong-Kong de Fruit Chan, les Wong Kar-Wai, Memento Mori de Tae-Yong Kim et Kyu-Dong Min, Les Rebelles du Dieu Néon ou The Hole de Tsai Ming-Liang, la liste peut continuer encore longtemps). Le plus gros problème du film reste la contradiction de la démarche du réalisateur: il veut en même temps dénoncer une jeunesse livrée à elle-même et attirée par l’argent facile, mais il veut également donner à aimer ces personnages pour la poésie qui serait supposée naître de leur amour. Au lieu d’aller chercher des caractères forts, des personnages confrontés à leur contradiction, il se contente de reprendre les mêmes "jeunes d’Asie" que l’on a déjà vus dans les films les plus glamours précités. Trop esthétisé, y compris dans ses personnages, pour atteindre une vraie noirceur, trop chargé dans ses thématiques pour s’élever vers une réelle poésie, le résultat est donc mi-figue mi-raisin et manque singulièrement d’une véritable personnalité.

par Yannick Vély

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Interactivité :

- Qu'est-ce-qu'une Betelnut? est un bonus indispensable et vaudrait même la peine d’être vu avant le film pour les spectateurs occidentaux. Le bétel est une plante dont on mâche les feuilles pour en retirer un coup de tonus. Comparables aux feuilles de coca que mâchent les habitants de l’Amérique du Sud, les noix de bétel sont une tradition taiwanaise qui est surtout suivie par les routiers et les chauffeurs de taxi (les mâcher les empêcherait de s’endormir au volant). Pour attirer la clientèle, la pègre (qui ne vend pas là une drogue illégale) a décidé de les faire vendre par de jeunes et jolies jeunes filles, les fameuses betelnut beauties.

- Les filmographies du réalisateur et des deux acteurs principaux sont présentées sous forme de menu déroulant. Allant droit à l’essentiel, on n’y apprend rien de plus que le cinéphile curieux ne pourrait aller glaner sur IMDB.

- Le court métrage de Stefan Sao Nelet, Bang Nhau, a été placé là… on se demande bien pourquoi, parce qu’il n’a rien à voir avec le film, ni avec le réalisateur, ni les acteurs, ni l’équipe technique. Et même visuellement, il n’y a pas de rapport. Autant le film, certes, tourne en rond - mais il le fait avec un esthétisme tout à fait agréable -, autant le court métrage ne présente pas grand chose non plus mais de façon désagréable. L’effet est certes recherché, mais les courts métrages de cinq minutes qui présentent un montage épileptique et des images continuellement en surimpression pour cacher qu’il n’y a aucun scénario, ce n’est pas vraiment neuf. Il sera donc recommandé de s’en épargner la vision.

- Comprendre le film, par Julien Welter, est un montage des trente minutes les plus marquantes du film avec en voix-off le commentaire du journaliste… qui a visiblement aimé le film. Le problème, c’est qu’il ne fait que commenter le film en fonction d’éléments que n’importe quel spectateur est capable de discerner tout seul. Alors vient l’impression que ce texte est dit plus pour convaincre le spectateur qui serait resté sur sa faim plutôt que de sortir une véritable analyse du film. Et trente minutes pour arriver à ce résultat, c’est long.

- Restent trois bandes annonces de la collection ciné talents de One Plus One, dont celle d’Happy Accidents et de La Faute à Voltaire, qui donnent vraiment envie de les voir, surtout que depuis, chacun des deux cinéastes se sont fait remarquer, le premier en signant l'un des meilleurs épisodes de la série The Shield et l’autre avec L’Esquive, sans doute l'un des meilleurs films français de 2004.

- Sur le second DVD de cette édition collector, une seule piste, sans menu ni chapitrage: une interview exclusive de Cheng-Sheng Lin par Frédéric Ambroisine, réalisée pour le DVD à l'occasion de la célébration du 20e anniversaire de la nouvelle vague du cinéma taiwanais. L’interview dure moins d’une demi-heure, pendant laquelle le réalisateur nous raconte son parcours, ses ambitions et sa vision du film. Là encore, rien de bien neuf n’est dit. Le cinéaste a pris des éléments de sa vie pour écrire ce qu’il qualifie comme son film le plus personnel mais malheureusement, ces éléments n’ont pas été employés pour apporter une vision neuve d’un problème maintes fois traité. Reste l’énergie impressionnante de cet homme qui a tourné jusqu’à trois films en un an (1997). Peut-être qu’à ce rythme-là, il réussira enfin à trouver une voix originale et pleine de caractère.

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