Belle Noiseuse (La)

Belle Noiseuse (La)
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Dans l'atelier du maître Frenhofer, Nicolas et Marianne découvrent plusieurs toiles inachevées, parmi lesquelles La Belle Noiseuse, sa dernière oeuvre abandonnée pour laquelle Liz, sa femme, servit de modèle. Son galeriste suggère à Frenhofer de reprendre le tableau avec Marianne pour modèle

LE CHEF D’ŒUVRE INCONNU

D’une des plus courtes nouvelles de Balzac, à peine une trentaine de pages, il fallait bien que Jacques Rivette – connu pour sa propension à dilater le temps afin d’en extraire un peu mieux la substance des caractères – tire l’un de ses films les plus longs. Pas de surprise, avec un sujet pareil (le combat originel de l’homme et de la femme, ici transformé en celui de l’artiste et de l’actrice), le cinéaste commet ce qui reste sans doute son œuvre maîtresse. L’on sait l’attirance que les réalisateurs de la Nouvelle Vague ont pu avoir pour le cinéma de genre, notamment américain. Au fur et à mesure que les années passent, cette attraction se fait plus prégnante, plus évidente. Etonnement, le film fait peur, jouant avec les codes du vampirisme, du fantastique, exposant les troubles et angoisses de personnages à fleur de peau, prêts à toutes les déviances pour parvenir à leurs fins. Film de peur, film de guerre (« Personne n’a gagné la guerre, nous sommes chacun restés sur nos positions, le traité est signé »), film qui instille surtout un malaise réel et croissant au gré de la projection. Comme si Rivette, par le biais d’acteurs surprenants, parvenait à rendre tangible, palpable, la tension permanente qui les anime, cette bataille qui fait d’eux des êtres décharnés, à fleur de peau, susceptibles d’exploser à tout moment. Deux couples, deux générations, l’une au début du combat, l’autre sur sa fin. Et au milieu le tableau, celui de cette belle chieuse, pour laquelle on vend une femme, ou abandonne une autre. Pacte diabolique, qui conduira à la perte des protagonistes. Pour qui? Pour quoi? Pour l’Art? Rivette – et Balzac, d’ailleurs – se garde bien de répondre.

par Anthony Sitruk

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Interactivité :

Pas de bonus pour ce film scindé en deux DVD, mais une image splendide dont la restauration (ainsi que celle du son) a été supervisée par le directeur de la photographie du film, William Lubtchansky. Après Va savoir et Histoire de Marie et Julien, Arte Vidéo propose à l’unité trois films présents dans le coffret de six films édité en 2002. Sortie donc à la vente, outre La Belle Noiseuse, de Haut bas fragile et du moins bon Secret défense. A noter que La Religieuse, scandale lors de sa sortie dans les années 60, vient également de sortir en DVD il y a quelques mois. On attend de pied ferme deux arlésiennes: la version longue de douze heures de Out One (disponible uniquement en VHS), ainsi que les deux épisodes de Jeanne la Pucelle, sans doute le plus beau film du cinéaste.

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